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Une magistrale réinterprétation de la cabane dans les bois

S’il présente ici et là une forte déclivité, le terrain pour lequel le projet doit être conçu est exceptionnel. Mieux encore: la demande des propriétaires est simple et sans contrainte. Il y a pourtant un défi réel à relever: trouver comment donner un caractère exceptionnel à une maison d’environ 450 mètres carré, qui s’érigera, précisément, sur un lieu hors du commun. Voyons comment le Bureau d’Architectes Emmanuel Bouffioux a réussi à redonner du panache à une cabane au fond des bois pour qu’elle s’harmonise parfaitement au terrain qui l’accueille.

Un terrain d’exception appelle un projet d’exception

L’histoire commence donc avec un terrain comme il y en a très peu: un parc boisé, véritable forêt indigène, où poussent des essences locales c’est-à-dire des hêtres, des chênes et aucun résineux. Certes, la parcelle n’a que rarement été entretenue, mais, à cinq minutes à peine du centre, elle surplombe la ville de Namur et la vue est tout simplement à couper le souffle. Le plan des géomètres indique même quelques arbres remarquables et majestueux. Les propriétaires, férus d’art, de culture et de lieux exceptionnels rêvent d’y ériger une demeure de plain-pied comptant trois chambres et où ils auront l’opportunité d’accueillir leur famille, leurs amis et d’y profiter de la nature environnante. L’accès est par ailleurs facile puisque la rue arrive au-dessus du terrain. Tout se présente donc pour le mieux. Après un petit nettoyage de la forêt, la maison pourra se positionner entre les arbres de manière à conserver le caractère unique du lieu. Un lieu dont les trois parcelles appartiennent aux propriétaires depuis les années cinquante.

Une maison qui n’aurait sa place nulle part ailleurs

Dans cette nature magnifique, il convient de créer une maison adaptée uniquement à ce terrain-là. Une maison qui n’aurait sa place nulle part ailleurs. C’est en tout cas dans l’idée d’offrir à ce lieu un bâtiment à sa hauteur qu’Emmanuel Bouffioux a abordé ce projet avec son équipe. Il est ainsi parti sur notre mémoire collective en laissant venir à lui les termes que convoquait une telle nature. Les mots principaux ont, sans surprise, été: cabane dans les bois, protection, abri. C’est donc au départ de cette notion d’abri et de cabane que les premiers tracés ont été dessinés. Un volume simple et rectangulaire dans lequel toutes les pièces étaient orientées de manière à profiter de la vue. Ensuite, sur la base de ce schéma simple et d’une disposition des pièces qui l’est tout autant, il s’est attelé à déformer et à manipuler les volumes grâce à un programme 3D pour créer l’identité propre recherchée pour la villa. Les façades se sont tendues jusqu’à devenir courbes; la toiture, élément principal de la notion de protection initiale, s’est soulevée pour créer de belles ouvertures sur le panorama du côté de l’entrée et du séjour. À l’inverse, elle est descendue du côté des chambres pour accentuer son rôle protecteur. C’est de cette manière, par tatonnements et à travers une vingtaine de manipulations volumétriques différentes, que le plan de base est devenu un objet contemporain parfaitement adapté au terrain. La scénographie des espaces, par ces mêmes manipulations de plan, crée également une atmosphère intérieure unique avec des espaces de qualités différentes selon les besoins des pièces, de vie ou de nuit. Il en résulte une vision résolument contemporaine de la cabane dans les bois… Avec une attention à la vue, au beau côté et à l’entrée.

Un système constructif ultrasimple avec structure en bois

Pour construire cette cabane contemporaine, et surtout donner forme à la toiture gauche, tout repose principalement sur les montants porteurs en bois dont la hauteur varie de l’un à l’autre. Mais, pour rester fidèle à son identité de cabane dans les bois, la maison ne pourra pas se contenter d’une structure en bois. Elle sera aussi constituée d’ardoises naturelles belges typiques de la région, de verre, et d’une structure en béton. Le choix de l’ardoise s’impose par sa provenance locale, mais aussi parce qu’elle est plus apte que tout autre matériau à donner cette forme particulière au toit. La structure bois, apparente également à l’intérieur, s’impose par cette volonté de recréer l’atmosphère d’un cabane en pleine forêt. Elle sera réalisée en bois belge puisque Emmanuel Bouffioux privilégie toujours le circuit court et la durabilité des matériaux. Quant au béton il viendra donner la stabilité, la protection et la rigidité nécessaire sans oublier qu’il pourra venir fermer la maison côté rue. L’impression de protection sera également induite par les zones basses de la toiture, notamment au niveau des chambres. Mais il convient ici de parvenir à une hauteur qui génère un sentiment d’intimité sans évoquer l’enfermement. La toiture, élément principal de protection, laisse ainsi toujours place à la vue même au niveau des chambres dans lesquelles elle crée pourtant un indéniable effet d’intimité.

La technique mise en place vient servir les espaces intérieurs créés

Si la maison répondra sans doute aux critères passifs, Emmanuel Bouffioux rappelle que la technique ne doit jamais primer sur les espaces créés. En d’autres termes, c’est d’abord aux espaces qu’il pense avant d’y injecter les techniques permettant d’atteindre, par exemple, les critères du niveau passif. Pour illustrer son propos, il évoque la présence d’un feu ouvert. Vouloir s’inspirer de la cabane dans les bois et renoncer au feu ouvert ne serait pas cohérent, explique-t-il. D’où la présence d’un âtre qui contiendra peut-être une cassette fermée pour répondre aux critères passifs. Mais le feu sera bien là! Bien sûr les fenêtres seront sans doute réalisées en triple vitrage. Car cette technique permettra d’atteindre les meilleures performances thermiques au vu de l’importance de la surface vitrée du projet, sans rien changer à l’atmosphère du lieu. Avec sa forme particulière, la toiture protègera aussi des effets du soleil: jouant à certains endroits le rôle de pare-soleil, elle évitera la surchauffe en été. Dans le même esprit, elle recouvre également une partie de la terrasse. Et, bien sûr, elle sera dûment isolée en laine de verre. À l’heure de rédiger ces lignes, ces choix ne sont pas encore définitifs puisque le permis doit encore être entré.

Un endroit et une confiance exceptionnels!

Avec ce projet, Emmanuel Bouffioux mesure amplement son bonheur. Il sait que ce terrain est aussi exceptionnel que le niveau de confiance accordé par les clients. Il a en effet bénéficié d’une réelle carte blanche de leur part. Une liberté de création qu’il salue et lui a permis de créer cette bâtisse ultracontemporaine sur le thème, joliment revisité, de la cabane au fond des bois.

Texte: Chantal Ernst
Visualisation: BAEB

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