ESIA ingenieurs & architecten – Team van Meer!

ESIA ingenieurs & architecten – Team van Meer!

La Maison de Lille, au rythme du citoyen

 

Suite à la mise au point d’un concept ingénieux, ESIA ingenieurs en architecten, en collaboration avec Team van Meer!, sont allés déposer leur candidature à Lille, dans la province d’Anvers, dans le cadre du dossier de l’extension de la maison communale. La proposition et l’ébauche se sont avérées être un succès. Bert Schellekens, de chez ESIA, nous explique la philosophie sous-jacente du projet, et tandis que nous visitons la nouvelle « Maison de Lille », nous comprenons aisément ce qu’il veut dire.Le Collège des bourgmestre et échevins de Lille souhaitait agrandir la maison communale pour en faire un centre administratif et une maison sociale. Mais comment est-il possible de réunir un monument, un bureau du vingtième siècle et un immeuble de bureaux dynamique, contemporain et polyvalent au sein d’un nouveau concept en lui apportant une vraie valeur ajoutée? Un de ces projets qui marient rénovation et nouvelle construction? ESIA – des experts en matière de constructions durables – et Team van Meer! – actifs depuis des dizaines d’années dans la protection du patrimoine – ont décidé de collaborer la main dans la main pour relever ce défi.

 

Le présent et le passé sentremêlent dans le parc paysager campinois

Bert Schellekens, de chez ESIA, déclare: « Ce que nous avions en tête, c’était une maison communale constituant le véritable cœur battant de sa commune, agissant comme un aimant sur l’homme et fonctionnant au rythme de l’inertie ambiante. Une enquête s’est avérée nécessaire pour comprendre le contexte, les utilisateurs et la fonction de la maison communale. Cette étude a révélé des pistes pour développer un projet à taille humaine, dans lequel nous nous sommes efforcés d’atteindre une certaine harmonie entre la technique (de construction) et l’esthétique, dans le respect de l’environnement. »

Le site se situe sur une chaussée très fréquentée qui coupe Lille en deux. La maison communale d’origine donnait une impression d’étouffement. Dès lors, les espaces publics et les services sociaux n’étaient guère attirants. L’équipe d’ingénieurs et d’architectes a traduit les défis qui se présentaient à elle en réponses concrètes, aussi bien pour la forme que pour l’architecture d’intérieur, les techniques à utiliser ou l’implantation dans le milieu existant. « Aujourd’hui, sur le site, vous pouvez distinguer trois éléments que nous avons reliés entre eux », poursuit Bert. « D’un côté, nous avons le monument, la maison du docteur Goetschalckx à valeur patrimoniale, datant du début du vingtième siècle. Nous avons dû la rénover un peu en tenant compte de sa nouvelle affectation en tant que commissariat de police. D’un autre côté, la maison communale existante, qui subit aujourd’hui des transformations en profondeur et acquiert un caractère résolument contemporain. Pour finir, il y a le trait d’union entre ces deux anciens bâtiments: un nouveau volume implanté en travers du terrain. Il ne s’agit pas d’un grand bloc massif, mais plutôt d’une implantation naturelle en éléments séparés, destinés à se connecter harmonieusement à l’étroitesse des bâtiments avoisinants. »

À l’avant-plan, vous pouvez voir une courbe qui vous mène d’un bâtiment à l’autre. Un espace supplémentaire a été créé, avec un jardin avant, de même qu’un jardin arrière qui vous invite à la flânerie. Sur le site, un nouveau parc paysager a notamment été aménagé, dans lequel les bâtiments et le parking trouvent leur emplacement logique. La végétation et la légère formation de dunes (typiquement campinoises) dans le jardin servent de rappel discret du caractère naturel de la commune. Le site, moderne et fonctionnel, a été entièrement adapté à taille humaine et peut être parcouru à pied. Seule une petite bande garnie de graviers, d’un entretien facile, fait le tour du nouveau bâtiment et sépare les promeneurs du jardin.

 

Une architecture à base de briques et de béton apparent sobre

En termes d’aspect, le projet de rénovation et de nouvelle construction interagit avec les diverses typologies du milieu environnant. La succession d’habitations en briques et de bâtiments aux toits en pente orientés dans diverses directions est frappante. L’équipe en charge des travaux a opté pour des surfaces de toits également inclinées sur la maison communale, pour mieux intégrer celle-ci dans le paysage environnant existant. Le choix des matériaux opère un raccord immédiat. La brique est un matériau caractéristique de la région. « Nous ne pouvions pas passer à côté de cette donnée essentielle », raconte Bert. « Nous nous sommes demandé comment, en partant de l’argile comme matière première, il était encore possible d’être innovant, comment nous allions faire pour que les matériaux de la nouvelle construction soient bien assortis aux différentes teintes de briques de la maison Goetschalckx. Nous avons dès lors développé des éléments de céramique que nous avons disposés à la verticale, ce qui induit un effet de décalage par rapport aux lignes horizontales des maisons en briques et au remue-ménage de la rue. »

La structure de la nouvelle Maison de Lille pourrait être qualifiée de « sobre », ses matériaux sont francs et purs, aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur. Seuls les détails font transparaître quelques éléments de divergence: à l’extérieur, il y a une bordure noire de séparation entre deux étages. Ces bordures rassemblent plusieurs éléments constitutifs, comme les éléments de façade, les profilés de fenêtres, les rebords de fenêtres et les sorties d’air de la ventilation. À l’intérieur, le béton apparent est partout présent, la construction reste donc clairement bien visible. Le béton apparent est idéal pour contrebalancer les exigences structurelles et esthétiques, mais c’est sa qualité qui, au final, donne à l’ensemble le résultat souhaité. Et ce fut un sacré défi de trouver la bonne composition. Nous avons multiplié les tests avec divers fournisseurs de béton. Le béton, au sol et dans les murs, a un aspect dur et très froid. La difficulté consiste à créer un contrepoids agréable pour équilibrer le tout. Ici, nous y sommes principalement parvenus en utilisant du bois de sapin aux tons chauds, un clin d’œil au passage aux forêts de conifères de la région. En rentrant à l’étage du bas, vous verrez qu’il est présent partout, qu’il est intégré aux portes, aux meubles et au bureau d’accueil. La paroi boisée au niveau des guichets peut se fermer entièrement. Chaque guichet dispose de ses propres parois antibruit, avec auvent acoustique. C’est là le résultat d’études acoustiques ciblées: où se situent les sources de bruit, où faut-il amplifier le son et où faut-il l’atténuer?

 

Spatialité, luminosité et transparence

Que vous soyez au rez-de-chaussée ou à l’un des deux étages, grâce à la forme du bâtiment et à la disposition des espaces, il vous est toujours possible de vous concentrer sur un point focal quelconque (et variable) quand vous regardez de l’intérieur vers l’extérieur; où que vous vous trouviez, vous êtes constamment en contact avec le parc et l’environnement. Chaque membre du personnel et chaque visiteur qui entre dans les locaux reste toujours en contact avec le monde extérieur. Nous avons affaire à une interaction naturelle. La spatialité, la luminosité et la transparence sont des piliers capitaux du projet. Quand vous êtes derrière et que vous regardez vers l’avant, vous pouvez visualiser les axes qui scindent le bâtiment au niveau de chaque étage. Les portiques accentuent le volume architectural. Last but not least, la transparence à l’intérieur de l’édifice symbolise le caractère ouvert des services communaux. Certaines portes disposent d’une lumière sur le côté qui vous invite à entrer. Les espaces sont nombreux: petites pièces de discussion, bureaux, réfectoire, blocs sanitaires, salles de réunion et salle du Collège… et, cerise sur le gâteau, la salle du Conseil, à l’allure théâtrale, qui accentue l’importance du Collège. C’est surtout le soir que l’atmosphère particulière qui règne ici est le mieux palpable, notamment grâce à l’éclairage qui donne une impression de ciel étoilé. L’éclairage des divers espaces est entièrement commandé par un système moderne de domotique, et la maison communale est en pleine conformité avec les réglementations de sécurité et de lutte contre l’incendie.

 

Un avenir durable

La nouvelle Maison de Lille sera aussi, et surtout, un bâtiment à basse consommation d’énergie. L’indice d’isolation et les techniques utilisées rendent le bâtiment durable et économe en énergie, et un soin tout particulier a été apporté à l’équilibre optimal entre l’efficacité énergétique et le coût d’investissement. Prenez par exemple la masse de béton de l’édifice. Celle-ci absorbe une grande partie de la chaleur, et durant la nuit, cette chaleur est transférée vers le système de climatisation libre, de manière à pouvoir maintenir une température ambiante constante à l’intérieur. La ventilation, le chauffage et la climatisation sont interconnectés au sein d’un système hybride. Les convecteurs sont connectés à une pompe à chaleur, et peuvent être allumés au besoin, pour rafraîchir les pièces en dirigeant la chaleur excédentaire vers le sol de manière passive. C’est en principe un système simple, bien adapté au bâtiment qui l’accueille. Il est évident que les concepteurs ont mis en place ici une vision architecturale souple et durable.

Dès la première ébauche du projet, le processus de construction a été mené d’une manière extrêmement minutieuse, créant une symbiose éclatante entre les architectes, les techniciens chargés des études et les architectes d’intérieur. Le résultat, c’est un beau centre administratif qui induit, dans le chef des citoyens de la commune, un vrai sentiment de reconnaissance, tout en renforçant la dynamique de la gestion de la commune.

Texte: Katrien De Vocht
Photos: Nick Cannaerts

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