Syntaxe Architectes – Wave Architecture

Syntaxe Architectes – Wave Architecture

La haute couture pour vivre

 

Une parcelle de terrain généreuse mais urbaine et en forte déclivité, un programme hors du commun avec la réalisation de deux appartements de standing, une volonté de sobriété et de design sans concession de la part du maître d’ouvrage. Telles étaient les principales données de départ d’un projet piloté par l’esprit du « less is more ».

 

La sobriété du bâtiment résulte d’un très, très long travail

Ce projet illustre comme aucun autre que la simplicité est un aboutissement. Car il aura fallu des dizaines d’études, de tracés et même d’essais en taille réelle pour donner vie à la vision claire d’un maitre d’ouvrage féru de lignes ultrasimples et ultradesign. Bien documenté sur le travail du bureau d’architectes Syntaxe, il souhaitait aller un cran plus loin dans l’épuré, dans les concepts de porte-à-faux et de vitrage. Et cela sur un terrain exceptionnel mais aux nombreuses contraintes urbanistiques et au dénivelé très marqué. Sans oublier l’ampleur et la particularité du programme! Il s’agissait en effet de construire deux logements de plus de 200 mètres carrés chacun. La première étape, et pas des moindres, fut donc pour le bureau d’architectes, de cerner au mieux les souhaits du maitre d’ouvrage. Souhaits qui servaient de cadre au projet et n’agissaient pas comme un frein à la créativité mais en augmentaient au contraire le niveau d’exigence et la qualité des détails. Une fois ces intentions correctement cernées, il s’agissait de leur donner vie, façon haute couture, avec, à chaque étape, l’input du client. C’est ainsi par exemple que le dessin et l’obtention des plans d’exécution du portail d’entrée auront pris six mois suivis de trois mois pour sa réalisation. De la même manière, chaque détail a été travaillé, discuté pour obtenir la sobriété voulue.

 

Des artisans doués et… patients

Si la gestation du projet et l’obtention des permis ont été longues, la difficulté fut aussi de trouver des personnes capables d’exécuter des choses hors des standards et jamais réalisées auparavant. Certes, les techniques utilisées restent classiques (et toujours très performantes), notamment au niveau du chauffage et de la ventilation. Mais il y a un travail énorme, et totalement inédit, pour parvenir à dissimuler ces systèmes et à atteindre au mieux, et dans le respect des règlementations en vigueur, l’épuration exigée. Chaque artisan sélectionné devait donc non seulement être talentueux, créatif, inventif, mais aussi faire preuve d’une infinie patience pour faire et refaire son travail jusqu’à l’excellence visée, ce qui a obligé l’équipe de Syntaxe Architectes à endosser parfois un rôle de modérateur entre ces corps de métier poussés dans leurs derniers retranchements et le maitre d’ouvrage. La salle de bains offre trois bons exemples de cette recherche et de ce niveau de détail poussés à l’extrême: la prise électrique a été creusée à même la pierre puis dûment validée par l’organisme de contrôle ; le radiateur a été placé derrière la pierre murale de parement, pour rester invisible tout en chauffant la pièce et, enfin, un vitrage très spécifique a dû être trouvé pour atteindre la sécurité requise tout en évitant de briser la douceur de la vue avec une rambarde ou un de garde-corps devant le vitrage. Ce soin du détail esthétique a également poussé Syntaxes Architectes à imaginer le placement d’une rambarde vitrée intérieure dans les chambres d’enfants afin d’en assurer la sécurité tout en préservant la vue sur la nature, même quand le vitrage, exclusivement coulissant, est ouvert.Le hall d’entrée fournit, lui aussi, un bel exemple de ce travail de dissimulation. Le mobilier, comme le vestiaire, y est intégré. Même l’ascenseur passe inaperçu. Chaque appartement dispose en effet d’un ascenseur menant de son sous-sol à son niveau d’habitation. La dissimulation se poursuit au niveau des terrasses couvertes, dotées de caméras aussi discrètes que possible, chauffées par des radiants intégrés et invisibles et agrémentées d’enceintes acoustiques, elles aussi invisibles. Et cela se poursuit jusque sur le toit où les cabanons d’ascenseurs se dérobent au regard grâce à la végétation. Comme sur les terrasses aux étages inférieurs, personne n’imagine que l’ambiance musicale est prévue sur cette toiture en pierre dotée d’un foyer et d’un espace bar puisque les enceintes sont dissimulées dans les bancs de pierre et de bois qui bordent la terrasse.

 

La question du vis-à-vis savamment étudiée

Outre la sécurité et l’esthétique minimaliste, il y avait aussi la question des vis-à-vis à régler. Celle-ci concerne toute l’orientation du bâtiment. Ce dernier se trouve en effet sur une parcelle urbaine c’est-à-dire avec une rue en façade avant et des maisons voisines le long des façades latérales. Pour éviter de ressentir la rue et les voisins, le bâtiment a été placé de manière perpendiculaire à la rue, les vues sont dégagées là où c’était utile pour ne pas avoir de vue sur les voisins, les vitres sont également proportionnées par rapport à la rue afin de passer inaperçues. Mais ce n’est pas tout. Entre les deux appartements, l’orientation est pensée de manière à éviter au maximum tout contact visuel d’un étage à l’autre. On notera d’ailleurs que les deux appartements ont chacun leur propre orientation et leur propre disposition. L’un n’est pas la réplique de l’autre! Car, on l’aura compris, la standardisation n’a aucune place dans ce projet. L’appartement du dessus tourne le dos à la rue, à l’inverse de l’autre qui pourtant, de la rue, reste insoupçonnable.

 

Un travail paysager mené de front avec la construction: coup de génie et nouvelles contraintes

Afin de concevoir des espaces de plain-pied, des mouvements de terre ont été faits mais en conservant un maximum les terres sur la parcelle même. Le maitre d’ouvrage a d’ailleurs fort judicieusement commencé les travaux des abords avant la fin de la construction. Un coup de génie car lorsqu’il a investi les lieux fin 2019, les abords étaient depuis plus d’un an en place et avaient déjà vécu une saison entière, créant ainsi une réelle symbiose entre l’intérieur et l’extérieur. Inutile d’attendre que la végétation, les massifs fleuris et arborés poussent pour profiter de la vue, superbe, qu’offre le terrain. Mais cet important travail paysager, mené de front avec la construction par l’Architecte paysagiste Carine Depage, a bien sûr aussi amené des contraintes supplémentaires. Il fallait en effet préserver ces plantations jeunes, ces haies, ces massifs. Résultat: le transport des pierres ou des vitrages est devenu un réel travail d’orfèvrerie puisqu’il s’agissait de ne rien abîmer du jardin! Un bâtiment basse énergie à haute valeur technologique Malgré son impressionnante surface vitrée, source de déperdition d’énergie, le bâtiment atteint le niveau basse énergie grâce à une isolation performante en laine de verre et polyuréthane. Les porte-à-faux permettent d’éviter naturellement la surchauffe au niveau des vastes vitrages. Ceux-ci peuvent être occultés avec des stores enrouleurs intégrés dans des gorges imperceptibles au niveau des plafonds. Ces stores, au même titre que les ouvertures-fermetures, les éclairages, le chauffage, les ambiances musicales ou la surveillance sont commandés par une installation domotique (pilotée à distance par des tablettes murales et des smartphones) poussée, elle aussi, au maximum de ses possibilités.

 

La satisfaction d’avoir créé un objet unique

Après avoir présenté des dizaines de propositions, orchestré une coordination difficile, maintenu le dialogue entre le maitre d’ouvrage et les corps de métier, Syntaxe Architectes peut être fier du résultat! Car l’équipe a réussi à matérialiser la vision de son client, relevant ainsi pour la toute première fois de nombreux défis techniques. Un des plus impressionnants reste la création de volumes en porte-à-faux sans colonnes visibles. En cherchant bien on ne dénombrera que de rares colonnes structurelles ultrafines. La sobriété poussée à son paroxysme.

Texte: Chantal Ernst
Photos: Utku Pekli

 

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t. 02 390 96 26
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