BASIL architecture

BASIL architecture

Malgré toutes les difficultés engendrées par la pandémie du COVID19, l’essentiel de l’art est de connecter les gens. La connexion est également au cœur de ce nouveau centre artistique ArtA’A d’Aalter. Avec un espace casco acheté par la commune comme point de départ, cela n’a jamais été un projet évident pour BASIL architecture. La situation dans laquelle se trouvaient la bibliothèque et l’académie existantes qui étaient auparavant séparées était une véritable épine dans le pied de la commune d’Aalter depuis un certain temps. En guise de solution, ils ont vu des possibilités dans le cadre d’un développement plus large de maisons et d’appartements avec assistance autour de la gare. Transformer un volume casco de quatre étages, d’une superficie de 4000 m2, en un centre des arts dans lequel sont réunis bibliothèque, académie et point d’information culturelle ainsi que trois étages avec des appartements de service au-dessus était un énorme défi qui attendait le bureau d’architecture gagnant.

L’approche honnête de BASIL dans laquelle tous les points faibles ont été énumérés (avec les solutions possibles éventuelles) a convaincu le conseil communal. Robin Van Beveren: « C’était une très bonne nouvelle pour nous, car au moment de l’annonce, nous n’étions basés à Aalter que depuis six mois. Il est vrai que nous avons été directs en introduisant des points douloureux que nous avons vus dans l’aspect d’un bâtiment casco qui n’est pas conçu pour cette fonction. Mais contrairement à d’autres, nous avons jugé cela faisable et nous avons accepté le défi avec plaisir. Nous avons très rapidement réagi, ce qui nous a permis d’ajuster encore quelques éléments dans la phase de construction casco. Des actions qui nous ont convenu, mais aussi au client. De cette manière nous avons pu créer plus d’espace et pour eux c’était une une opération blanche: nous nous sommes assurés que toute intervention plus coûteuse pouvait être compensée par d’autres optimisations. »

L’espace disponible dans le bâtiment se composait du rez-de-chaussée et du +1 avec en plus deux sous-sols. En tenant compte du fait que les salles de classe doivent profiter de la lumière du jour, une partie du puzzle était déjà résolue. Les plus petites salles de l’académie et celles des arts plastiques sont donc prévues au +1. Mais BASIL ne voulait évidemment pas travailler avec un bâtiment dont la moitié était sombre et souterraine. Lorenzo Deceuninck: « D’où notre choix de faire creuser des puits de lumière à des endroits stratégiques. L’auditorium, qui occupe deux étages (-1 et -2), est une dalle pleine. Un autre défi posé par la construction casco était qu’il se compose en fait d’un tas de colonnes. Nous avons laissé ces structures en béton dans leur brutalité et les avons laissées se fondre autant que possible à l’intérieur en coordonnant le reste. Une technique de peinture anti-rayures dans la même couleura été appliquée sur les murs intermédiaires, les sols sont en béton poli et les plafonds sont également équipés d’une isolation acoustique. »

L’acoustique est un point d’attention important, en particulier dans un bâtiment avec d’autres fonctions telles que les unités résidentielles. L’académie de musique est ouverte jusqu’à 21 heures et tout l’orchestre doit pouvoir jouer sans déranger le reste du bâtiment. Par conséquent, les salles de musique les plus bruyantes sont disposées au -1. Une contrainte de plus, mais cela n’a fait que motiver BASIL à aller encore plus loin. « En plus de tous ces facteurs contraignants, nous avons pensé qu’il était important de créer un bâtiment où tout le monde était le bienvenu et pouvait être stimulé. Nous avons fait beaucoup d’efforts dans ce domaine et c’est une raison supplémentaire pour laquelle nous avons gagné le match. Classiquement, on trouve souvent des académies à huis clos et les bibliothèques sont des espaces plutôt ennuyeux, calmes et fermés. Nous voulions éviter cela à tout prix. Nous avons immédiatement décidé que toutes les salles de classe devaient être visuellement impliquées dans le couloir pour créer une interaction. Après tout, tous ceux qui traversent le bâtiment doivent pouvoir voir, ressentir et entendre ce qui se passe pour être incité à participer eux-mêmes à l’ensemble de l’expérience.

BASIL a réalisé cela avec de grandes surfaces vitrées et une cour anglaise qui projette une lumière du jour supplémentaire au sous-sol. L’escalier monumental, sans points d’appui, vous emmène directement de la rue aux salles de musique du -1 et sert d’une part de voie d’évacuation, mais en même temps peut servir de stand lors de petites performances en plein air de ce patio. Pour ceux qui attendent à l’intérieur que leur classe commence, des sièges sont présents dans les grandes ouvertures des fenêtres. Ils transforment le couloir en une oasis de lumière faisant partie de l’espace extérieur. La bibliothèque a aussi été adaptée aux besoins d’aujourd’hui et n’est certainement pas une bibliothèque silencieuse. « Il y a des coins calmes, mais nous avons délibérément mis la bibliothèque jeunesse séparément au -1 et en dehors des escaliers, on peut également y accéder via un toboggan. Cette approche ludique amène des visiteurs supplémentaires qui autrement ne seraient jamais venus à la bibliothèque. La palette de couleurs (trois salles complètement jaunes) et l’ajout d’un coin de jeu ont aussi permis d’atteindre notre objectif déclaré. Nous avons donc utilisé le fait que la bibliothèque et l’académie ont été fusionnées pour mélanger consciemment les gens à travers la conception.

Les puits de lumière existants dans le bâtiment renforcent encore l’expérience. De chaque étage, on profite d’une vue sur l’étage supérieur ou inférieur, ce qui éveille la curiosité. Il en va de même pour les classes face à l’auditorium. Il y a aussi une grande fenêtre dans l’auditorium qui peut être assombrie si on le souhaite. Cet espace complètement noir est encore plus accrocheur grâce aux canapés colorés. Pas de sièges de théâtre séparés pour le public, mais de longs bancs où la séparation des fauteuils est suggérée par une couture de couleur ou de tissu inspirée de l’art textile de l’Allemande Anni Albers. Lorsque l’on recherche la transparence d’une part et que l’on sait d’autre part qu’en raison des fonctions du bâtiment on doit encore plus se concentrer sur les mesures acoustiques. Toutes les salles de musique sont donc conçues comme une boîte dans une boîte. En conséquence, il n’y a aucun obstacle acoustique en dessous, au-dessus et sur le côté, seulement à l’avant où elles donnent dans le couloir où il y a une transmission sonore délibérée (mais elle est minimale).

En matière de matérialisation, la façade extérieure a bien sûr été déterminée à l’avance. BASIL a pu ajouter un accent en laiton, ce qui la distingue des bâtiments voisins. La même chose se retrouve dans la finition de la façade du patio. La présence du laiton se retrouve aussi à l’intérieur grâce à certains accents comme les portes, les tabourets, les rampes et la signalisation. « Pour ajouter de la couleur (c’est une référence aux cuivres), mais le laiton est aussi un alliage qui a un effet bactéricide. Et c’est important à l’époque actuelle. En matière de couleurs, nous avons choisi d’utiliser une couleur grise monotone dans tout le bâtiment, car elle correspond à la structure en béton. D’un autre côté, nous avons constamment travaillé avec des touches de couleurs pour créer de la clarté. Les zones sanitaires ont par exemple été peintes complètement en bleu. Tout ce qui est en rapport avec le feu a été peint en rouge. Et toutes les portes des zones d’information et accessibles au public sont de couleur verte. Tous les meubles, tels que les étagères en acier de la bibliothèque des jeunes, les étagères en forme de L de la bibliothèque pour adultes ont été délibérément maintenus bas pour que l’on puisse regarder par-dessus et la signalisation du centre des arts jouit d’une typographie qui a été conçue par nous en collaboration avec le producteur. C’est évidemment un accroche-regard dans le hall d’entrée: le mur en pierre naturelle avec une porte et une fenêtre en laiton remplit cette tâche avec brio. On nous a permis d’aller loin dans ce dossier et cela a conduit à un concept qui peut même être ressenti à l’extérieur dans la conception environnementale, y compris l’auvent – en forme d’un avion en papier – sous lequel ils peuvent se cacher ou lire un livre. »

Mais la pièce maîtresse absolue du centre des arts est invisible et c’est le système de communication technologique intelligent de pointe qui est contrôlé de manière totalement autonome. En tant que l’une des deux smart cities de Flandre, Aalter voulait clairement prouver son progressisme dans ce domaine. Un réglage de base permet même à un profane d’utiliser l’auditorium intelligent (mais aussi toutes les salles de musique) avec écran tactile sans la présence d’un technicien, et ce dans l’agencement souhaité. Un système intelligent global mesure aussi en continu tous les paramètres de chaque pièce et les ajuste si nécessaire. Avec une norme BEN, en partie grâce à la géothermie et aux panneaux photovoltaïques, ce centre artistique est prêt pour un avenir durable. Il est clair qu’après des années de recherche infructueuse de solutions pour la bibliothèque et l’académie, Aalter a tout mis en œuvre et, grâce à BASIL, a enfin mis les points sur les i.

Texte: Sam Paret
Photos: Giulia Frigerio

 

BASIL architecture
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