Cubyc Architects

Cubyc Architects

Pavillon des docteurs

 

Plus une chose semble simple, plus elle difficile à réaliser. Cette sagesse ancestrale vaut pour de nombreux créatifs, et certainement en architecture. Tant de détails se glissent dans les bâtiments minimalistes qu’on ne remarque souvent plus à quel point ils sont complexes. C’est tout l’art, bien sûr. La résidence VBV de Cubyc Architects en est un bon exemple. Le bureau de Bruges a conçu une maison de médecin cubiste, pensée comme une sorte de pavillon au milieu d’une réserve naturelle et des forêts. Le rez-de-chaussée prend la forme d’un L et est surmonté d’une poutre rectangulaire. Béton, bois et verre alternent systématiquement dans les façades, créant une division en surfaces qui assure une visualisation incroyablement sobre. « En fait, le client avait en tête une maison en béton très brutale », déclarent les architectes et chefs d’entreprise Stephan Vanderheyde et Peter Ysenbrandt. « À l’intérieur, les murs pouvaient être inachevés, comme on le voit souvent au Mexique. Cependant, c’est moins facile à réaliser en Belgique. Nous n’avons tout simplement pas le savoir-faire technique pour cela. Nous avons abordé l’intérieur et l’extérieur de manière un peu plus polie, en partie grâce à la combinaison de panneaux de béton architecturaux et de bois. Mais la nuance rugueuse demeure. »

 

Au rez-de-chaussée, la façade avant est finie avec des lattes de bois verticales qui cachent à la fois la porte de garage et deux portes d’entrée. Une fine bande de béton accentue la volumétrie et crée un auvent avec une retombée qui se poursuit autour de toute la maison. A l’arrière il aboutit sur une terrasse couverte bordée d’un côté par un mur en béton. « Ce mur bloque la vue sur la maison des voisins à l’arrière et assure que l’un et l’autre bénéficient de suffisamment d’intimité », explique Peter Ysenbrandt. « En matière d’implantation, ce n’était pas une tâche facile. Le site est situé le long d’une belle avenue avec des arbres presque centenaires. À l’avant on jouit d’une vue sur une réserve naturelle avec un étang, sur le côté et à l’arrière sur les arbres. Les environs sont fantastiques, mais le site est en fait une parcelle résiduelle qui a longtemps servi de verger et de route d’accès à la maison du propriétaire du terrain à l’arrière. La position et la composition du design contribuent à bloquer la vue des voisins tout en créant des perspectives différentes sur l’environnement. » « La question principale était de concevoir un volume très épuré », ajoute Stephan Vanderheyde. « Les lignes devaient être aussi fines et élégantes que possible. C’est ce qui rend ce projet si difficile d’un point de vue technique. Il faut beaucoup de temps et d’efforts pour obtenir des lignes correctes. Le retrait du plafond suspendu permet de jouer avec la lumière et l’ombre. En même temps, il offre la possibilité d’installer des projecteurs, des éléments chauffants et d’autres éléments techniques, à l’intérieur comme à l’extérieur. »

 

Les lamelles en bois couvrent également l’etage. Côté jardin cette habillage bois est utilisé pour incorporer des volets qui peuvent être ouverts ou fermés à la guise des utilisateurs. « Ils offrent une solution pour éviter la surchauffe dans les chambres et s’assurer qu’il n’y a pas de soleil direct. Les lattes verticales permettent à la lumière filtrée d’entrer dans les chambres, de sorte qu’elles ne soient pas sombres en permanence », expliquent les architectes. « En plus, une telle solution a évidemment une influence sur la consommation d’énergie. Une grande attention a été accordée à l’efficacité énergétique. C’est une maison à faible consommation d’énergie qui utilise l’énergie géothermique, le refroidissement passif et une isolation étendue. En plus, de grands auvents qui offrent une ombre optimale. »

 

À l’intérieur, la maison est baignée de lumière et d’espace. Toutes les fonctions sont organisées de telle manière que l’on obtient une relation différente avec l’environnement où que l’on se trouve. De grandes baies vitrées ancrent le bâtiment dans le paysage, des lucarnes offrent des perspectives supplémentaires. En plus, nous avons travaillé avec le moins de murs possible. Des armoires sur mesure divisent les espaces et définissent différentes fonctions qui évoluent de manière organique au cours de la journée. La cuisine est orientée à l’est. Là, on peut prendre son petit déjeuner quand le soleil se lève et regarder les bois. Le séjour et le salon sont orientés au sud-ouest. On peut y profiter pleinement du soleil du soir avec la vue sur le jardin. Partout surgissent des ambiances différentes selon l’heure de la journée. « Il faut pouvoir se promener dans la maison et avoir une sensation différente partout où l’on va », explique Stephan Vanderheyde.

 

L’entrée, le garage, les toilettes et un débarras sont situés au niveau de la limite gauche de la parcelle, des endroits où le soleil et la lumière du jour sont moins importants. Pourtant, même là, ils jouent avec les influences extérieures de manière inventive. Depuis la porte d’entrée, on a une vue sur l’escalier qui est flanqué d’un grand vide et offre une explosion de lumière et d’espace. Sur le mur derrière les escaliers, la lumière éclatante surgit d’un puits de lumière au premier étage. « Ce couloir apporte immédiatement de la profondeur à la maison et une connexion entre les différentes fonctions. Dès que vous y entrez, on remarque que quelque chose se passe, mais on ne sait pas trop quoi… Il y a un certain élément de surprise derrière chaque coin », explique Peter Ysenbrandt.

 

« Il s’agit de trouver une certaine logique spatiale en fonction de l’expérience optimale de la maison et de l’environnement », explique Stephan Vanderhyde. « Personnellement, je pense que l’espace de bureau à l’avant au premier étage est un endroit formidable. Par la grande fenêtre, on profite d’une vue sur la cime des arbres et la réserve naturelle. Si on déplace son regard de l’autre côté, le regard traverse complètement la maison via le vide et les escaliers. On profite de la même sensation sous la douche qui possède une lucarne. On se tient là, sous le soleil ou sous la pluie. L’atmosphère change en fonction de l’heure de la journée et de la météo. On peut voir les saisons évoluer et changer.”

 

Texte: Bart De Maesschalck
Photos: Nick Cannaerts

 

Cubyc Architects
Ter Straten 34
8200 Brugge
t. 050 39 51 22
www.cubyc.be