Stefano Boeri Architetti – OM/AR

Stefano Boeri Architetti – OM/AR

L’ambitieux plan directeur « Nieuw Zuid » témoigne du rôle précurseur qu’Anvers souhaite jouer dans la construction de quartiers urbains durables. Le Blok 20 de ce plan directeur a reçu une interprétation atypique. Grâce à un volume en L en gradins autour d’un jardin intérieur central, des jardins de toit et des balcons ont pu être créés, pour une parfaite intégration de ce bâtiment urbain dans son environnement. La conception, réalisée par le cabinet italien Stefano Boeri Architetti, a été soutenue par OM/AR en tant qu’architecte local et coordinateur de l’exécution.

La collaboration entre OM/AR et Stefano Boeri Architetti résulte d’un concours créatif organisé en 2016 pour une tour résidentielle à Anvers. À l’époque, ils avaient déjà conclu une collaboration sur un projet du promoteur immobilier Triple Living, qui partage les ambitions des associés temporaires en matière d’urbanisme et d’architecture. C’est ainsi que la demande relative au Blok 20 dans le plan directeur leur a été adressée. Le projet B20/Palazzo Verde (« Palais vert ») était né.

Le nom Palazzo Verde répond à l’ambition du plan directeur de conserver 60% (environ 12 ha) de la surface totale du projet situé entre un parc public et l’Escaut, comme espace vert. Ce plan directeur élaboré par Studio Associato Bernardo Secchi Paola Viganò vise également à mettre en avant une zone sous-développée de la ville et à y créer de la valeur ajoutée. C’est pourquoi Stefano Boeri Architetti a voulu faire du Blok 20 un nouveau point de repère vert pour cette zone stratégique dans le développement de la ville. Hana Narvaez: « Nous voulions concevoir un bâtiment résidentiel qui puisse offrir à ses occupants un regard différent sur leur relation avec la nature vivante et constituer un maillon du plan plus vaste de boisement urbain. En introduisant des plantes et des arbres non seulement sur les façades, mais aussi sur les toits, le projet renforce d’une part le dialogue entre l’architecture et la nature, et maximise d’autre part les avantages environnementaux associés à la présence et à la proximité de systèmes naturels et à la connexion avec ceux-ci. Simultanément, le Palazzo Verde devient également un nouveau biotope pour la biodiversité. »

Le bâtiment se caractérise par une construction en L qui ferme la face de l’immeuble tournée vers l’Escaut, mais s’ouvre sur la ville par une cour semi-publique conçue par l’architecte paysagiste belge Bas Smets. De plus, l’architecture en gradins commence en sous-sol, ce qui apporte des aspects ludiques malgré la structure rigide. Un autre atout de cette architecture est la création de trois grandes terrasses de toit avec jardins. Celles-ci font le lien entre l’espace public et l’espace privé tout en renforçant l’intégration du bâtiment dans son environnement. Hana Narvaez: « Avec Palazzo Verde, nous avons voulu réinterpréter le prototype de notre Bosco Verticale à Milan, en démontrant que l’intégration de la végétation et de la nature dans l’architecture n’est pas l’apanage des seuls gratte-ciel ou bâtiments de luxe, mais plutôt une modalité extrêmement flexible et adaptable qui peut encore créer des configurations architecturales originales, en tenant compte du contexte, des fonctions et des coûts. Ce projet ne se contente pas d’intégrer des arbres et plantes, il en fait un élément central du projet, créant ainsi un bâtiment accueillant, tant pour la nature que pour la communauté. Notre but était de créer un écosystème capable de s’autoréguler, de se développer et de s’épanouir au fil du temps. »

Le bâtiment dessert plusieurs fonctions, telles que l’habitation et le travail. Au rez-de-chaussée, un socle commercial a été créé côté rue. Il est combiné à un Circularity Center, avec des ateliers dans la cour intérieure. Ce socle se poursuit jusqu’au sous-sol où un patio a été aménagé. Ce patio, également accessible depuis l’espace public par un escalier extérieur qui fait aussi office d’élément d’assise, apporte de la lumière et de l’air dans les ateliers. Les locaux techniques et les abris à vélos sont également situés au sous-sol. Cette intervention a permis d’optimaliser l’empreinte.

Le Palazzo Verde représente 6000 m2 de surface habitable. Les unités résidentielles sont toutes situées aux étages supérieurs et reliées aux terrasses et aux jardins de toit. Les 67 appartements sont conçus selon une grille de 5 x 5 mètres, qui détermine à la fois le développement volumétrique et la conception des façades, avec une alternance de balcons et de loggias, avec une loggia fermée et une loggia ouverte pour chaque appartement. L’on obtient ainsi un total de 20 à 25 m2 d’espace ouvert pour chaque unité résidentielle. La taille des appartements varie de 50 à 90 m2, voire 120 m2, pour deux d’entre eux. Tous présentent un degré élevé de flexibilité fonctionnelle, ce qui leur permet d’être facilement combinés ou de recevoir une nouvelle affectation à l’avenir. Le volume du Palazzo Verde se caractérise également par des hauteurs variables en raison de l’intégration des jardins de toit aux quatrième, sixième et septième étages. Grâce à ces interventions, il bénéficie d’un design dynamique qui le distingue des autres bâtiments en tant qu’écrin de verdure, tout en s’intégrant dans le contexte du quartier.

Une attention particulière a été accordée au choix des matériaux et aux méthodes de préfabrication utilisées pour les éléments structurels, pour lesquels un béton de haute qualité et un système d’assemblage sur site ont été utilisés, à l’instar des loggias. Un porte-à-faux élevé de 2,5 m tout en restant relativement peu épais (15 cm) a ainsi été possible et une façade dynamique mais organisée a été créée. Les loggias ont été entièrement revêtues de bois, ce qui permet leur intégration visuelle dans les habitations afin d’agrandir optiquement l’espace de vie. Pour la même raison, les balcons ont été dotés d’un enduit blanc sur les murs et d’un plancher en bois afin d’estomper les limites entre l’intérieur et l’extérieur.
La texture brute et non polie du fibrociment a été choisie pour la finition des panneaux, tandis que – pour des raisons à la fois esthétiques et de performance – l’aluminium s’est imposé comme matériau pour la menuiserie et les châssis.

D’un point de vue énergétique, le Palazzo Verde est un bâtiment sophistiqué. D’une part, la présence de végétation sur les toits et les façades permet d’absorber le CO2. Avec 86 arbres, 1000 arbustes et 1200 plantes – couvrant 780 m2 – nous parlons d’un véritable massif boisé principalement composé d’espèces indigènes qui se développent volontiers dans cet environnement. Ce massif permet également de produire de l’oxygène, de réguler l’humidité, d’abaisser la température intérieure des appartements en été et de lutter contre l’effet d’îlot de chaleur. Bref, on a ainsi créé un microclimat qui rend le lieu plus confortable pour les résidents et pour toute la ville. Avec le réseau de chaleur qui a été installé dans le quartier, la végétation permet d’atteindre la norme passive pour les unités résidentielles, malgré la présence de nombreuses et grandes surfaces vitrées. Il existe également un système d’irrigation circulaire avec récupération partielle des eaux de pluie, qui fournit une réserve de 90 000 litres pouvant être utilisée pour arroser les jardins de toit.

Le Palazzo Verde est un projet durable non seulement en raison de ses caractéristiques techniques ou énergétiques, mais surtout en raison de la cohésion sociale tissée entre les résidents par l’architecture. Marc Van Hove, OM/AR: « Avec la pandémie, nous avons réalisé que les gens ont besoin d’espaces communs de qualité où ils peuvent se rencontrer, et d’espaces ouverts reliés directement à leur domicile. Avec le Palazzo Verde, nous avons voulu offrir aux résidents ces expériences et ce mode d’habitat, mais aussi, améliorer la relation directe avec la nature. Dans nos villes, à l’origine de 75 % des émissions de CO2 et sujettes à une augmentation de la température chaque année, contribuer à relever les défis de la crise climatique est essentiel. Nous y sommes certainement parvenus ici, et c’est précisément le plus grand atout de ce projet. Ce « palais vert » montre comment les stratégies de boisement urbain peuvent être appliquées à des immeubles résidentiels de faible hauteur, et offrir aux habitants et au quartier des espaces ouverts – privés comme partagés – de qualité inégalée.

 

Texte: Sam Paret
Photos: Paolo Rosselli – courtesy: Stefano Boeri Architetti
& Nick Cannaerts

 

 

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