Dbv architecten

Dbv architecten

Concevoir une extension pour une école que vous aviez déjà rénovée auparavant n’arrive pas souvent dans la vie d’un architecte! C’est pour une architecture en contraste avec le  bâtiment existant, mais offrant de la qualité, de la transparence et une infrastructure adaptée aux enfants et aux éventuels utilisateurs externes qu’a opté le cabinet dbv architecten. La déclivité naturelle du terrain a également été mise à profit pour une intégration optimale dans l’environnement. À Zelem, commune rurale de Halen, l’école primaire est située sur la place du village, à proximité de l’église. L’école avait déjà été  rénovée, il y a vingt ans. Elle figurait parmi les tout premiers projets de l’architecte Bertie de Gauquier. « À l’époque, je venais de débuter en tant que stagiaire. Implantée dans l’ancienne maison communale, l’école avait un cadre  assez classique. Nous avons rénové le bâtiment et conçu un volume supplémentaire à l’arrière. Une bonne vingtaine d’années plus tard, un nouveau concours a été lancé concernant, cette fois, une extension avec une nouvelle section maternelle et des infrastructures sportives. Comme c’est notre projet qui a été retenu, la boucle était en quelque sorte bouclée. »

L’école communale est située dans le cœur historique du village, en face de l’église. Et bien qu’aucun des bâtiments n’ait de réelle valeur patrimoniale, ils font partie d’une perspective villageoise protégée, qui tient beaucoup à cœur au cercle d’histoire locale. Pour respecter cette perspective, dbv architecten a décidé de jouer la carte du contraste plutôt que de la copie conforme avec l’extension de l’école. « Nous avions également pris ce parti il y a 20 ans avec le volume (non visible) qui se situe derrière la maison communale. Pour la nouvelle extension, qui elle, sera bien visible, nous voulions d’une part travailler en contraste avec l’ancienne maison communale, mais il nous semblait d’autre part important de nous ouvrir et d’établir un lien avec la place et l’église, mais aussi avec le bois situé derrière. Le choix de matériaux naturels est le meilleur moyen d’établir ce lien, d’où la rythmique affirmée des façades en bois. » En tant qu’élément important du nouveau programme, la grande salle de sport polyvalente devait également pouvoir être utilisée par des personnes extérieures. Alors qu’à cet égard, l’on obtient généralement un caractère introverti et un volume fermé et frappant,  dbv architecten a voulu ici tout le contraire. La salle de sport, qui se situe un étage plus haut que l’école, est reliée à la maison communale, dont elle épouse le faîte. Ce volume ouvert et plutôt discret est paré d’une finition en bois. Pour des raisons de multifonctionnalité, la salle de sport a été dotée de deux espaces supplémentaires. Ceux-ci peuvent être utilisés comme débarras et cuisine ou comme deux vestiaires pour les utilisateurs externes de la salle.

La déclivité du terrain a été un autre paramètre important lors de la conception. Ainsi, la rue se situe à trois mètres en contrebas au niveau le plus bas par rapport au rez de l’école. « L’une des exigences de la direction était que l’extension soit rattachée au niveau de la section maternelle. Il y a vingt ans, nous n’avions besoin de couvrir que deux mètres de dénivelé et nous l’avions fait au moyen d’une longue rampe en deux parties. L’une menait au niveau 0, et via l’autre, vous pouviez descendre dans le garage à vélos, au sous-sol. Une structure qui frappe beaucoup l’imaginationdes enfants. Aujourd’hui, pour parcourir les trois mètres de différence de niveau, il est soit possible d’entrer dans l’école par l’accès existant, soit de gravir l’escalier ludique. Étant donné la différence de niveau supplémentaire, nous avons par ailleurs décidé de construire l’extension sur des pilotis. Cette solution présente l’avantage de créer un espace couvert supplémentaire qui peut être largement utilisé comme cour de récréation ou parvis semi-public pour les personnes extérieures qui utiliseraient le gymnase pour des événements, par exemple. Grâce à ces interventions et au jeu des volumes, le programme côté rue est allégé et s’implante plus harmonieusement sur la place du village. »

Alors que le gymnase (au niveau +1) se rattache à la maison communale grâce à une prolongation du couloir existant et à une adaptation des anciens sanitaires, les 5 nouvelles classes de maternelle et le réfectoire sont reliés au niveau 0 existant. Les classes de l’école maternelle ont été construites en duo avec des installations sanitaires entre les deux classes. Le réfectoire n’est pas un réfectoire traditionnel, mais plutôt une salle polyvalente qui  peut potentiellement changer de fonction. Dbv architecten est très actif dans la construction d’écoles et a conscience que la demande d’espaces polyvalents est accrue, a fortiori depuis la crise du coronavirus. Le cabinet mise aussi sur une circulation aussi réduite que possible, et tend donc à éviter les longs couloirs traditionnels. « La zone de circulation – limitée – est également très ouverte sur les environs. Vous avez une vue continue sur le nouveau parvis, sur la place du village et sur l’église. La section maternelle est ainsi transparente, avec beaucoup de lumière et de visibilité, surtout au niveau 0. On pourrait presque parler d’école traversante. La lumière du jour est essentielle, et dans le cadre de ce projet, nous avons cherché à la faire entrer par l’est ou l’ouest en particulier. D’autre part, nous sommes toujours très attentifs à l’acoustique. Les critères sont complètement différents pour une section maternelle que pour une école secondaire ou un établissement d’enseignement supérieur. Un sol en lino souple combiné à un chauffage au sol est très agréable pour les petits et profite à l’insonorisation. Les plafonds acoustiques parlent d’eux-mêmes, mais nous essayons toujours d’intervenir sur un ou deux murs également. En utilisant du liège, par exemple, également pratique pour afficher les travaux des jeunes élèves, ou en revêtant les armoires avec un  matériau offrant une isolation sonore. Bref, nous intervenons à différents niveaux. Et si les utilisateurs vous remercient ensuite pour les propriétés acoustiques des classes, c’est que vous avez bien fait votre travail. »

La salle polyvalente est le cœur de la nouvelle école. Toutes les nouvelles classes de maternelle y sont reliées et cet espace fait également le lien avec la structure existante. La salle est dotée d’un podium, et tous les appuis de fenêtre placés à la même hauteur (réduite) peuvent faire office de long banc continu. Enfin, côté jardin, vers le bois,  dbv architecten a également aménagé une nouvelle cour de récréation. Grâce aux matériaux naturels, la nouvelle école revêt une apparence douce, en con-traste avec l’architecture en briques de l’ancienne maison communale. Les matériaux ont également été choisis en fonction de la facilité d’entretien et de leurs propriétés écologiques. Le nouveau volume a été construit en béton apparent et la façade a été dotée d’un revêtement aspect béton et de thermowood. Pour évoquer la fonction du bâtiment, un écran en aluminium perforé doté d’une subtile illustration d’enfants qui jouent a été utilisé. Ces écrans se retrouvent également à d’autres endroits dans les espaces extérieurs. Étant donné que seulement trois matériaux sont combinés, l’ensemble dégage une certaine quiétude. À l’intérieur, le béton est visible. Les colonnes ont astucieusement été exploitées en se parant d’une tablette sur leur pourtour. Des couleurs ludiques égayent le tout.

« Pour les écoles (maternelles), nous essayons, autant que possible, de concevoir du point de vue de l’enfant. Si comme moi, vous avez trois enfants, c’est plus facile. Forts de 20 années d’expérience, nous avons par ailleurs développé une vision. Pendant la conception, nous plions littéralement les genoux pour nous glisser dans la peau des enfants. Les espaces multifonctionnels revêtent également un rôle essentiel pour nous. La conception doit d’autre part être intelligente et adaptée aux besoins de notre époque. La structure de classes en duo permet d’une part d’économiser sur les sanitaires (coûteux), mais aussi d’ouvrir les classes. Les enseignants peuvent ainsi travailler ensemble ou superviser les enfants lorsqu’un collègue est absent. Quant aux armoires sur roulettes, elles répondent au besoin de beaucoup d’espace de rangement tout en donnant aux enseignants la liberté d’aménager leur classe comme ils le souhaitent. Enfin, un espace extérieur individuel, aussi modeste soit-il, présente toujours une valeur ajoutée. Comme ici, par exemple, avec une terrasse sur pilotis pour les deux classes côté rue. »

 

Photo’s: dbv architecten

 

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