WE-S architecten

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Créer un contexte dans un lotissement banal

 

Rénover votre maison ou construire une dernière fois ? Voilà une question que de nombreux anciens maîtres d’ouvrage se posent tôt ou tard. L’avantage de la deuxième option est que vous savez maintenant mieux ce que vous voulez ou pas et que vous pouvez éviter les erreurs de la première construction. Et quand on a la chance de pouvoir construire dans son propre « jardin » et d’avoir un fils architecte, on sait que tout se passera bien. Surtout lorsque le cabinet s’appelle Atelier Vens Vanbelle, dont l’ADN se caractérise par la créativité.

 

Le père de Maarten Vanbelle est un entrepreneur en bâtiment à la retraite. Dans les années 1980, il avait construit sa propre maison, une ultrafermette, dans un lotissement banal. Sur le terrain voisin, constructible, et qui faisait en fait partie du jardin, il possédait un hangar pour ses machines. Arrivé en fin de carrière, il avait encore envie de s’offrir un dernier tour de force. Et de dépenser, cette fois, son énergie pour lui-même plutôt que pour ses clients. Maarten Vanbelle : « Le timing était parfait. Ses trois enfants avaient tous quitté le giron familial et outre le fait que la maison était devenue trop grande pour eux, la fermette se heurtait à ses limites. Une bâtisse de 35 ans, sans chauffage central, mal isolée par rapport aux normes actuelles et manquant également de confort. Bien sûr, une rénovation était possible, mais il y avait, dans la conception d’origine, un certain nombre d’aberrations qui n’étaient pas adaptées à la façon dont mes parents vivent au quotidien. J’ai donc essayé de les convaincre de faire construire une dernière fois pour eux-mêmes. Mon père a rapidement adhéré à l’idée de vendre la maison existante et de créer un nouveau projet sur mesure où passer les prochaines décennies en toute tranquillité. Plus attachée à ce qui lui était familier, ma mère a fini par accepter elle aussi. »

 

Quand on conçoit pour ses propres parents, on a l’avantage de mieux connaître les maîtres d’ouvrage que lorsqu’il s’agit de clients ordinaires. Vous savez comment ils vivent au quotidien et ce qui leur tient à cœur à chacun. Vens Vanbelle a donc élaboré lui-même le programme de la nouvelle maison et s’est concentré sur une expérience logique et intéressante, une maison entièrement adaptée à leurs besoins et dotée de tout le confort moderne. Dries Vens : « Ils n’avaient toutefois pas envie de tout bouleverser. Les maîtres d’ouvrage ont un certain goût et cette familiarité devait absolument être conservée. On ne peut pas passer de l’ultra-classique à l’ultramoderne avec un plan très ouvert et une cuisine américaine, par exemple. Cela n’était pas ce qu’ils souhaitaient… Ce qui nous a semblé important, c’est qu’il y ait beaucoup plus de logique dans la conception pour que le couple soit plus heureux, mais de manière imperceptible. Il nous est donc rapidement apparu que la cuisine devait être placée à l’avant, à la place du salon, comme c’était généralement le cas auparavant. Cela permet à Monique de garder le contact avec la rue tout en cuisinant et d’aller cueillir les légumes ou les herbes dans le jardin de devant sans devoir traverser toute la maison. Dans l’ancienne habitation, la cuisine était située sur le côté, sans aucun contact avec la rue. Pour les habitants du village qui connaissent tout le monde, cet agencement est une occasion manquée.

 

Comme la façade arrière et le jardin se trouvent au nord-est, Vens Vanbelle a profité de la bonne orientation de la façade avant, au sud-ouest, pour aménager un espace intérieur et extérieur baigné de soleil. Il est certes situé à côté de la cuisine, mais le patio peut être fermé complètement si nécessaire. En effet, les personnes de cette génération aiment pouvoir passer d’un espace à l’autre. Une autre intervention a consisté à rétablir le contact avec le jardin, ce qui n’était pas du tout le cas auparavant. Avec le salon à l’avant et un garage derrière, ce lien était pratiquement inexistant. « Sur plan, nous avons relié les espaces de vie au patio, qui fait le lien avec la cuisine, séparée. Désormais, la connexion avec l’extérieur existe depuis tous les espaces de vie : soit avec le jardin, soit avec le patio. Même la chambre à coucher, aménagée à l’arrière, est en contact avec le jardin. Restaurer ces liens dans leur ancienne habitation n’était tout simplement pas possible, a fortiori de cette manière. Désormais, à l’instar d’un bungalow, ils disposent de toutes les fonctions au rez-de-chaussée selon un plan logique, ce qui leur permettra de vivre à cet endroit sans souci jusqu’à la fin de leurs jours. Dans leur environnement familier, mais avec beaucoup plus de confort qu’auparavant. Le volume à l’étage, avec deux chambres d’amis et une salle de bains, ne sert que lorsque les (petits-)enfants séjournent. »

 

Alors qu’ils jouissaient auparavant d’une vue sur les champs, un ensemble de logements sociaux avec des maisons à la limite de la parcelle est venu obstruer la vue. Ces maisons comportent deux étages avec un toit à deux versants, avec l’impact sur l’intimité qui en découle… Comme Paul aime toujours faire des petits boulots, il voulait aussi un atelier. Vens Vanbelle a donc conçu cet atelier en même temps que la maison et l’a placé à l’arrière sur toute la largeur, en guise d’écran. Rien de spécial, pourrait-on penser, mais c’est surtout la démarche consistant à doter l’ensemble du projet de son propre contexte qui est géniale. « Pour que la maison à l’avant et l’atelier à l’arrière ne fassent qu’un tout, nous avons créé une colonnade en béton. Cette intervention fait écran visuellement et en termes de ressenti au voisinage, bien que l’on puisse voir à travers. L’impact de cette intervention se traduit par la création de trois jardins. Le jardin principal se situe entre la maison et l’atelier et est laissé à l’état pur. Une sorte de sentiment zen s’en dégage. Puis deux bandes plus petites à gauche et à droite de la colonnade, utilisées de manière fonctionnelle comme potager ou espace pour les ruches. Ou encore la serre, que nous avons prolongée en guise de carport, ce qui permet de bénéficier d’une entrée couverte. Cette colonnade structure le tout et nous l’avons délibérément prolongée sur tout le pourtour, pour constituer un écran virtuel avec le voisinage. »

 

Ce projet étant destiné au maître d’ouvrage, mais aussi réalisé par lui, la matérialisation a également pris en compte ses atouts et sa passion en tant qu’entrepreneur de gros œuvre. Il a commencé à travailler sur la colonnade un jour après son départ à la retraite. Coffrage colonne par colonne, décoffrage et réutilisation. Il a maçonné la maison et l’atelier lui-même avec une brique brute combinée à une menuiserie familière en bois. On contribue ainsi à créer l’illusion de pièces séparées, comme entre la cuisine et le patio où un socle en bois a été délibérément utilisé.

 

Vous ne verrez nulle part ce genre de puzzle de dalles dans un intérieur. L’avantage est que vous pouvez l’étendre à l’intérieur et à l’extérieur, comme vous pouvez le voir ici dans le patio. L’on crée ainsi une véritable pièce extérieure. Avec des plafonds en chêne et en bois adaptés aux besoins du maître d’ouvrage, les matériaux ont été choisis selon les souhaits du maître d’ouvrage. Pas trop extrême et avec un bon équilibre entre le contemporain et ce qui est familier aux clients.

 

La conception environnementale organique et écologique de Roosen Landscape – en contraste avec la structure austère de la colonnade – contribue par ailleurs à l’intégration du projet dans son environnement. La végétation amenée à couvrir la colonnade, entre autres, aidera la maison à se nicher davantage encore. Maarten : « Lorsque le contexte est absent, comme ici sur un terrain de lotissement banal, nous essayons toujours de le créer nous-mêmes, dans le cadre de notre conception. En l’occurrence, la colonnade autour de la maison est un peu comme une seconde peau qui structure très clairement la parcelle. À l’intérieur, on vit et expérimente, tout ce qui se trouve à l’extérieur est fonctionnel. Vu la situation, l’idée est judicieuse et il est agréable de voir que notre concept fonctionne comme nous l’avions imaginé. Dans ce genre de contexte, nous aimons également jouer avec des typologies qui n’ont en fait rien à voir avec les habitations. Ici, la maison a quelque chose d’agro-industriel, tout en s’intégrant. C’est un endroit où l’on peut se poser et s’éloigner un peu du monde. Ma mère est très heureuse et son ancienne maison ne lui manque plus du tout. Au contraire, au bout de deux semaines, elle l’avait déjà oubliée. Mon père a quant à lui tiré une grande satisfaction de sa dernière œuvre. Il ne pouvait rêver plus belle fin de carrière. »

 

Atelier Vens Vanbelle

Fonteinestraat 32

9000 Gand

t. +32 (0)486 90 86 47 (Dries)

t. +32 (0)486 65 76 02 (Maarten)

info@vensvanbelle.be

www.vensvanbelle.be