B2Ai

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Une école qui grandit avec l’enfant

Les écoles sont d’incroyables élévateurs. C’est vrai pour les enfants, mais dans de nombreux cas également pour le quartier qui est ainsi revalorisé. C’est certainement le cas pour le centre scolaire passif pour enfants Hardenvoort, à Anvers. Situé en lisière du Park Spoor Noord et de quelques quartiers sousjacents, le maître d’ouvrage délégué AG VESPA a voulu réaliser pour le compte de son client Stedelijk Onderwijs Antwerpen une école qui puisse offrir une injection positive au quartier. Une école qui rassemblait en son sein trois écoles: une école maternelle, une école primaire, et une école secondaire. Le groupe d’architecture multidisciplinaire B2Ai – qui a travaillé conjointement avec Ingenium (techniques, PEB, phpp), De Fonseca (acoustique) et Thiers-Dujardin (paysagiste) pour ce projet – est sorti lauréat de la course. Ils ont décidé de faire jouer les caractéristiques uniques du site – la vue sur le parc d’un côté et sur la ville de l’autre – dans leur projet. C’est ça qui a déterminé le concept, conjointement avec le programme spécifique. Cela a donc également influencé la forme, le côté donnant sur la ville présentant une architecture plus fermée et rigide, tandis que le côté donnant sur le parc est plus ouvert et chaleureux. Ce carrefour où se rejoignent le parc et la ville se retrouve également dans le concept où une évolution logique a été suivie. Les élèves de l’école maternelle jouent dans un environnement sécurisé, à proximité du parc qui offre de nombreuses activités en été, avec un bar estival, des batailles d’eau, ainsi que ses aires de jeux pour enfants. Plus les enfants vieillissent, plus ils se tournent vers la ville.

Cette vision est reprise dans l’implantation du projet. Les trois écoles ont été empilées, la maternelle se situant du côté du parc, l’école primaire étant juste audessus, et l’école secondaire se trouvant tout en haut de la tour. En grandissant, les enfants passent donc d’une entité fermée où les classes de maternelle communicantes encerclent une cour de maternelle protégée et privée à une vue toujours meilleure et ouverte sur la ville. L’école est également devenue un tremplin entre la rue et l’ancien bâtiment de formation de NMBS qui accueille maintenant entre autres une académie d’art et une garderie extra-scolaire. La cour peut offrir ces deux activités. Elle peut facilement être ouverte ou fermée à l’aide de portillons ludiques.

En plus des trois écoles, le programme pour le centre scolaire compte également un certain nombre de parties collectives, comme deux salles de sport, un grand réfectoire avec cuisines d’apprentissage, ainsi que les cours de récréation. Ce n’est pas forcément évident étant donné la surface limitée de la parcelle, d’où le choix des cours de récréation en cascade, où la plus grande partie des toits ont été utilisés comme cours de récréation. Ainsi, ces cours se développent au même rythme que les enfants, et chaque école dispose de sa propre cour de récréation. Les maternelles voient littéralement les autres écoliers grimper les escaliers vers leur étage, et voient ainsi où ils iront quand ils seront plus grands. À l’inverse, les élèves les plus vieux ont vue sur la cour d’où ils viennent, ainsi que sur la ville accueillante. Les larges marches des escaliers extérieurs font également office de tribunes lorsque des évènements se déroulent dans la cour sportive.

Les fonctions communes se trouvent dans le coin du bâtiment, là où la ville rejoint le site, avec des salles de gymnastique se trouvant à moitié sous le niveau du sol. Cela permet de toujours avoir une interaction avec l’extérieur, même quand les salles de sport sont utilisées par des tiers en dehors des heures de cours. La zone avec les fonctions communes et sanitaires est donc très fonc- tionnelle, et se trouve au niveau de l’entrée principale, du côté de la rue. Il s’agit de l’en- trée pour les visiteurs, habitants du quartier et élèves en retard. Ordinairement, les élèves entrent dans l’école via l’entrée située du côté du parc. En termes de matériaux, nous avons opté pour du béton architectonique qui brille au soleil. Une touche chaleureuse a été ajoutée grâce aux éléments de menuiserie. Du côté parc, nous avons utilisé bien plus de bois méranti, tout comme pour la grande porte d’accès en bois. Il en va de même pour la palissade en bois qui fait office de balustrade pour les cours de récréation haut perchées. Le bois en tant qu’élément chaud se retrouve également dans les fenêtres, les cours de récréation couvertes, jeux d’extérieur et bancs.

La couleur des carreaux amortissants de ces aires de jeu concorde avec celles des briques du bâtiment de formation. La circulation à l’intérieur est indiquée par l’utilisation de couleurs: le vert est utilisé pour les parties communes, comme les vestiaires et le sol de la salle de sport. Le bleu est utilisé pour les maternelles, le jaune pour l’école primaire, et orange-rouge pour l’école secondaire. Beaucoup d’attention a été portée à l’utilisation des couleurs. Comme point de repère, mais également pour créer un élément chaud et ludique, comme les bandes qui traversent les couloirs à hauteur des fenêtres, et qui permettent aux murs des classes d’être uti- lisés comme tableaux d’affichage. Les murs opposés ont été peints de la même couleur, créant un effet « baquet » très chaleureux. Toutes les classes sont liées entre-elles deux par deux, séparées par un mur coulissant en verre. L’école opte pour une autre manière de donner des cours, avec beaucoup d’ate- liers et de travaux en commun. C’est pour cela que nous retrouvons des couloirs surdimensionnés, de façon à pouvoir abriter des espaces de travail. La flexibilité et la vision de l’école s’illustre également par l’absence de réelle salle des professeurs. Les espaces de circulation tout aussi surdimensionnés utilisés en tant que locaux informatiques et espaces de travail peuvent être transformés en salle des professeurs lors de la pause, grâce aux kitchenettes et armoires intégrées. Ainsi, l’interaction avec les élèves ne cesse jamais. Malgré l’aspect relativement sobre du bâti- ment du à la combinaison du béton archi- tectonique blanc et du bois, B2Ai a ajouté un élément ludique, qui a bien sa place dans une école. Les couleurs des différentes sections se retrouvent notamment sur les pare-soleils. En fonction de si ces derniers sont ouverts, à moitié ouverts ou restent fermés, vous obtenez une façade vivante. Le fait que le bâtiment est élongé est dû à son orientation. Toutes les classes sont situées du côté nord, mis à part les classes de maternelles. Du fait que ces parties ne reçoivent jamais le rayonnement direct du soleil, des pare-soleils n’étaient pas nécessaires, et de grandes fenêtres ont pu être intégrées. Cela apporte une jolie vue et beaucoup de lumière naturelle sans que les classes ne chauffent trop.

Le complexe scolaire Hardenvoort est la première école passive de Belgique de cette envergure. Comme elle devait être construite rapidement, nous avons choisi de faire pré- fabriquer les façades avec d’épais isolants et la structure portante en béton à l’aide d’éléments « en sandwich. » De cette manière, les valeurs isolantes de la couche extérieure du bâtiment ont pu être suivies avec précision, et ainsi obtenir un plus haut niveau de performance. Un des avantages du béton architectonique est que vous pouvez jouer avec le positionnement des fenêtres, ce qui donne des impressions de changements même dans la façade rigide. Les techniques ont été laissées visibles à travers tout le bâ- timent. Le fait que les plafonds du bâtiment soient en béton visible n’est pas uniquement dû au budget, mais est également important dans l’histoire passive. Nous avons notam- ment opté pour la ventilation de nuit plutôt que le refroidissement actif. Cela signifie que les fenêtres sont ouvertes la nuit, de façon à ce que l’air frais puisse aérer l’école. Le froid est absorbé par la structure portante en béton du bâtiment, et est restitué au cours de la journée de façon à garantir un climat agréable dans l’école. Pour garantir l’acoustique, des plafonds acoustiques ont été in- stallés dans chaque classe, de manière à ce que l’air puisse continuer à circuler. Les architectes B2Ai se sont investis pour le projet dans son ensemble, et sont heureux que le maître d’ouvrage ait voulu les suivre. De cette manière, ils ont réussi à offrir une solution intégrée à tous les éléments qui se présentaient. Il apparaît évident qu’Anvers se voit dotée d’une école durable qui s’accorde parfaitement à ses environs, et aide à revaloriser le quartier.

 

Texte: Sam Paret
Photos: Bart Heijnens, Danica O. Kus, Klaas Verdru

 

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