Olivier Dwek Architectures

Olivier Dwek Architectures

Immersion dans un modernisme contemporain

 

L’architecte bruxellois Olivier Dwek relie beauté et fonctionnalité comme nul autre. Cet amoureux de l’art et de l’architecture fait ses débuts en 2000, avec un projet pour LVMH. « Un tremplin fantastique » ajoute-t-il. Il ouvre sa propre agence d’architecture à à peine 28 ans. Aujourd’hui il nous invite à découvrir l’étonnante villa à appartements dans les dunes, au bord de la mer du Nord.

 

Comme une villa

Le projet proposé se lit comme une villa. Un monolithe déconstruit, qui émerge au milieu des dunes, évoquant le modernisme des années 1920. Un édifice qui rappelle l’architecture de Le Corbusier. « Nous avons baptisé le projet en français comme une ‘villa appartement’, parce que finalement l’immeuble ne comprend que 3 appartements, un par niveau. Ce qui est très rare pour une promotion. Au niveau rentabilité c’est évidemment pas très favorable pour les communs, les ascenseurs, les escaliers… mais cela permet à chaque appartement d’avoir quatre façades, et donc quatre orientations, quatre possibilités de vue. Comme une maison finalement, comme une villa. C’est un grand luxe. Dans une promotion les appartements ont, en général deux ou maximum trois vues, trois orientations, mais pratiquement jamais quatre. » raconte Olivier Dwek. En observant l’immeuble de l’extérieur, au premier abord, rien ne laisse supposer qu’il est compartimenté en trois parties individuelles, trois appartements. « Chaque étage est différent. Cela ressemble plus à une grande villa qu’à un immeuble appartement puisque rien n’est répétitif, ce qui donne à chaque appartement une personnalité exclusive. »

 

Une histoire de proportions

« J’ai une formation d’architecte, mais ce qui m’intéresse aussi passionnément c’est l’architecture d’intérieur qui, pour moi, est une continuation naturelle. Finalement l’architecture d’intérieur c’est comme l’architecture, une histoire de proportions, de matériaux, de lumières, etc. La seule différence c’est peut-être une autre échelle. Prenez l’art nouveau par exemple, ou l’art déco, début du 20e siècle. Un des exemples les plus célèbres, Victor Horta. Il faisait de l’architecture, des boiseries, des ferronneries… ce qu’on appelle aujourd’hui l’architecture d’intérieur. En second lieu, il dessinait des poignées de portes, ou des couverts… A l’époque, ça s’appelait un ensemblier. Aujourd’hui ça s’appelle un designer. Cela rejoint le projet de Oostduinkerke. » raconte Olivier Dwek. Pour l’appartement du premier étage, l’architecte a également conçu la cuisine, la salle de bain, toutes les matières intérieures et les détails. Les meubles et les œuvres d’art ont été choisis en accordance aux critères esthétiques.

Les rapports entre l’architecture, l’architecture d’intérieur et l’histoire de l’art sont fondés sur des relations entre 2 modes opératoires à la fois proches et distincts. Olivier Dwek est en constante quête d’inspiration et de perfection. Il met les éléments les uns par rapport aux autres et les combine, créant ainsi un champ de tension particulier. « Je suis presque plus passionné d’histoire de l’art et des arts plastiques que d’architecture et c’est rarissime que je puise mon inspiration auprès d’autres architectures et d’autres architectes. J’ai une attirance particulière vers les artistes post modernisme. Un modernisme qui tend pour une certaine déconstruction, un modernisme qui part d’une base pure. Ce qui m’inspire surtout ce sont des lieux, des couleurs, c’est une certaine lumière. La couleur naturelle prédominante en Belgique, à Oostduinkerke, est un peu grisâtre, opaline. Finalement j’ai choisi une pierre à l’extérieur qui se fond très naturellement avec la couleur dominante de notre pays et du ciel. Cela augmente la pureté et la force de l’image. Puisque finalement c’est un dialogue entre deux éléments, la nature – les dunes – et l’architecture, qui ne fait plus qu’un avec le ciel. » Les éléments naturels ont donc également joué un grand rôle dans la conception de la ‘villa’. « En Grèce, par exemple, il y a beaucoup de vent et il faudra se protéger du soleil. À la mer du Nord, c’est une autre histoire, on va se protéger de la pluie. Sur les terrasses il y donc des grandes boîtes en verre, à la fois très ouvertes, mais aussi très protégées par l’architecture. Ces grandes terrasses ouvertes permettent donc de profiter au maximum de notre climat, assez doux mais humide et parfois désagréable. Les terrasses avec chaufferettes intégrées, invisibles, permettent d’amener un peu de chaleur quand cela est nécessaire. Ce qui permet de profiter au maximum de l’extérieur. »

En lien avec la nature

Ce souci du contexte géographique et climatique, fait de l’édifice architectural l’enjeu d’un dispositif morphologique et topologique, porteur d’un message pris en charge par l’architecte en position d’archi-énonciateur, comme orchestrateur de sensations et d’atmosphère. « Concevoir un projet à Oostduinkerke n’est pas la même chose qu’en Grèce, ou à New York, ou en Inde. Ce qui m’a amené vers ce genre de réflexion c’est le fait que j’ai commencé ma carrière avec beaucoup de projets dans des climats méditerranéens ou des climats tropicaux. Dans ces pays on vit surtout à l’extérieur. En Grèce, on vit d’abord et avant tout à l’extérieur. C’est une autre manière de penser l’architecture. Une manière où on tend à effacer la frontière entre l’intérieur et l’extérieur. On tend à transformer les espaces intérieurs en terrasses couvertes et des volumes avec des grandes baies, s’ouvrant sur le monde extérieur. Ces réflexions sur l’architecture méditerranéenne m’ont inspiré pour travailler en Belgique et amener notre architecture vers d’autres territoires. » explique Olivier Dwek.

Cette philosophie rejoint l’architecture du projet à Oostduinkerke. « Nous avons travaillé avec des châssis extra-fins. Des grandes baies vitrées qui s’ouvrent sur les dunes et l’architecture très forte vient cadrer le tout. Cela donne un sentiment de faire rentrer les dunes dans le salon. L’intérieur devient extérieur et vice versa. Le salon surplomb les dunes et il y a un lien, un dialogue qui s’établit. » Cela se ressent aussi dans la salle de bain de la master bedroom. « Vous y découvrez le mélèze, brossé et sablé, qui est le même que le volume dans le salon. Ainsi que la pierre des vasques, semblable au mélèze. Nous jouons donc avec des matières, nous brouillons les pistes. »

 

Jamais au premier degré

Finalement, les éléments, l’orientation, la lumière, les couleurs, le lieu, l’histoire du lieu, tout comme l’histoire de l’art, inspirent, mais jamais au premier degré. Olivier Dwek: « Je n’ai jamais fait à ce jour ce que Rietveld a fait en architecture sur la base du travail de Mondrian par exemple. L’architecture, c’est créer une histoire, mais jamais au premier degré. Tout comme dans la décoration. C’est une sélection de meubles qui vont entrer en dialogue avec des œuvres d’art avec des matières. Prenez par exemple la table basse, en bronze, ‘Goute d’eau’ d’Ado Chale dans le salon. Le bronze n’a rien à voir avec une goutte d’eau mais a quand même un lien avec la nature. Ou encore le Günther Förg, qui devient tout à fait 2e ou 3e degré sur la thématique du lieu de Oostduinkerke. L’horizontalité de l’œuvre laisse supposer un coucher de soleil, l’eau à la limite du ciel, la plage et la mer… on amène donc tout ce thème, toutes ces idées baignées d’abstraction. »

 

« Une dune, ça bouge »

Oostduinkerke est le dernier endroit on l’on peut construire dans les dunes, sur le sable. Olivier Dwek: « C’est un fait fantastique, mais construire sur le sable est naturellement un peu plus compliqué. Une dune, ça bouge! Le sable bouge selon le vent et le bâtiment est donc exposé aux éléments. Puisqu’on a un sol meuble, il faut descendre assez profondément pour avoir une bonne qualité de sol. Il faut bien réfléchir aux détails d’exécution. » Pour Olivier Dwek l’architecture est non seulement construire, c’est construire pour finalement habiter un chef d’œuvre.

 

Texte: Stéphanie Poppe
Photos: Jean-Francois Jaussaud

 

Olivier Dwek Architectures
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