Syntaxe Architectes (in samenwerking met Artau)

Syntaxe Architectes (in samenwerking met Artau)

La résidence Ange-Raymond Gilles

 

C’est en 2015 que démarre ce projet de maison de repos sur un terrain entre le bord de la Meuse et la ville de Jemeppe. Un magnifique emplacement, qui imposait néanmoins quelques défis aux architectes. Coup d’œil sur la résidence Ange-Raymond Gilles avec Joël Meersseman (Architecte Associé chez Syntaxe).

 

Le projet

Le projet du maître d’ouvrage Interseniors, spécialisé dans ce type de résidences, a été attribué à la Société Momentanée Syntaxe Architectes – Artau. Cette nouvelle maison de repos et de soins, qui complète le cheptel d’Interseniors, était très précisément décrite dans un cahier des charges complet, comme nous l’explique Joël Meersseman: “Le programme comprenait la conception et la construction d’une résidence (d’une capacité de 150 places), tournée vers le développement durable et l’accessibilité pour tout type de handicap. Un concept qui a été poussé très loin”. La parcelle à bâtir se trouvait le long de la Meuse, côté soleil. Un emplacement magnifique, mais qui posait un problème: il se trouvait également le long d’une véritable autoroute urbaine: “il y avait juste un talus, ce qui fait que malgré la belle vue et le soleil, il y a beaucoup de bruit, tout le temps. Vu ce bruit et la taille de la parcelle, prévoir un jardin n’était pas possible. »

 

Terrasses

Le terrain à bâtir se présentait comme une parcelle longue et étroite, calée entre le bord de l’eau et le centre-ville de Jemeppe. Presque toutes les chambres offrent donc une vue sur la Meuse. Côté ville, on a installé un jardin en toiture au-dessus du troisième étage, un lieu de détente d’un calme surprenant eu égards à la route toute proche. « L’idée était de développer une grande terrasse en toiture avec des jardins potagers pour les utilisateurs ainsi qu’une partie dédiée au repos et aux activités extérieures. Il s’agit d’une zone naturellement très protégée, car elle est abritée par un mur et tourne le dos à la source de bruit. Il n’y a pas la vue sur l’eau, mais on l’a depuis les chambres. Ce jardin est résolument tourné vers la ville, dont les séniors adorent contempler la vie quotidienne. De là-haut ainsi que depuis les séjours communs, on a une belle vue sur la « place du village »… Nous avons ainsi créé un ensemble architectural très participatif. » « La maison de repos accueille beaucoup de personnes désorientées, qui ne peuvent pas courir le risque de sortir seules. Grâce à des espaces extérieurs bien pensés, on a réussi à protéger les résidents sans qu’ils n’aient pour autant l’impression d’être enfermés. Ils peuvent faire une promenade en toiture sans risque de s’égarer. »

 

Patio

La résidence se développe autour d’un patio central situé au rez-de-chaussée. Un élément frappant pour un projet bâti sur une parcelle tellement étroite que chaque centimètre carré comptait. « Ce patio est vraiment un plus, car la plupart des projets purement promotionnels nous auraient demandé de bâtir l’ensemble de la parcelle, surtout si celle-ci est déjà petite. Mais Interseniors nous a écouté! » Ce patio suffisamment dimensionné pour avoir de l’air et se sentir à l’aise, est à l’abri du vent et offre un calme et une belle vue vers le ciel. Le restaurant s’ouvre sur cette placette protégée qui se transforme en terrasse en été. Via les grandes fenêtres du restaurant, les résidents ont un lien visuel avec l’espace public tout en étant à l’abri. Les grandes terrasses des espaces communs aux étages supérieurs donnent toutes sur le patio et contribuent à l’ambiance intime de l’endroit.

 

Un bâtiment pragmatique, fonctionnel et efficace

Pas de chambres au rez-de-chaussée: à cet étage, on trouve le restaurant pour 80 à 100 couverts, la cuisine, une zone d’ergothérapie avec atelier de cuisine, un salon de coiffure, un salon isoloir réservé aux familles et des bureaux administratifs. Côté talus, on trouve les locaux techniques. Chaque étage a ses spécificités et ses petits coins mais surtout, sa propre couleur. On pourrait croire qu’il s’agit d’un accent dans des tons autrement plutôt neutres, mais il s’agit là d’un concept bien réfléchi, en collaboration avec un coloriste. « Les couleurs de l’intérieurs servent au repérage des résidents. Chaque étage a un code couleur qui sert de repère à des personnes potentiellement désorientées: les portes de chambres sont toutes dans la couleur de l’étage, alors que la signalétique s’adapte selonles fonctionnalités. Ainsi, toutes les portes techniques (sorties de secours, armoires incendies,) adoptent la couleur rouge à tous les étages.

Le concept du repérage facile a été mené très loin par les architectes. Ainsi, le poste de garde infirmier se trouve au point d’angle de la parcelle, ce qui est parfait pour « casser » en 2 parties le long couloir tout en permettant aux infirmiers d’avoir un œil sur l’ensemble du couloir, les ascenseurs et le séjour commun. Le poste de garde se conforme également au code couleur et est donc facile à resituer pour les résidents. Autre détail bien réfléchi: la circulation du bâtiment est en boucle. Il n’y a presque pas de cul-de sac et s’il y’en a, ils donnent sur un salon ou une terrasse. Les points de fuite sont ouverts, et les résidents ne peuvent donc pas se perdre et attendre dans un coin où personne ne passe. Chaque étage dispose d’une salle de bain médicalisée, équipée d’une baignoire massante à moteur. De véritables zones de thérapie pour les résidents.

 

Chambres et séjours

Côté chambres, les architectes devaient bien évidemment se tenir aux exigences que pose une maison de repos. Toutefois, on retrouve ici aussi des éléments bien particuliers au projet. Ainsi, les chambres ne sont pas exactement superposées et, élément rare, il y a six chambres doubles pour des couples équipées d’une paroi modulaire et d’un petit salon.Dans les salles de bain, on retrouve à nouveau le code couleur de l’étage. Ceci donne non seulement un effet esthétique réussi, mais va à nouveau rassurer une personne désorientée: elle retrouve facilement sa douche et est assurée de bien être dans sa chambre. Deux tiers des chambres offrent une vue sur la Meuse et même à l’étage supérieur, on peut voir la rivière grâce aux encadrements de fenêtre bleus – rappelant l’eau – et biseautés à 45°. L’accent bleu sur la façade blanche de ce long bâtiment renforce par ailleurs l’impression d’une véritable péniche amarrée au quai. Un effet accentué le soir, quand la façade se reflète dans l’eau. Dans les séjours également, on retrouve le code couleur jusque dans le mobilier. Tout a été prévu pour un confort maximal et des performances énergétiques excellentes. Les séjours sont baignés de soleil et modulables, équipés de double vitrage avec protections solaires intégrées dans le vitrage. L’immeuble pourra accueillir des panneaux solaires photovoltaïques, un système de recyclage d’eau de pluie et des châssis d’excellente qualité. Une enveloppe performante, mais pas avant-gardiste. La raison est simple: « on ne fait pas de prototypage avec des personnes à la santé fragile, c’est un risque que l’on ne prend pas. Le bâtiment est durable, mais surtout pragmatique, efficace et confortable pour ses habitants. »

 

Réception

En bref, la résidence Ange-Raymond Gilles aura été un projet au briefing contraignant, où il fallait penser à intégrer beaucoup de choses sur une petite parcelle entourée de rue, mais qui est tout le contraire de l’image classique d’une maison de repos. Une réussite pour les architectes. « Je pense que nous avons réussi à faire naître un projet assez complexe sur base de contraintes techniques nombreuses et présentes auquel nous avons, à mon avis, pu insuffler pas mal d’originalité au niveau de la qualité de vie des résidents, de la diversité de ce que le lieu offre et de la qualité de la construction », conclut un Joël Meersseman satisfait.

Texte: Kim Schoukens
Photos: Geraldine Dardenne, Utku Pekli

 

 

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