Syntaxe Architectes i.s.m. Artau

Syntaxe Architectes i.s.m. Artau

Organiser et mêler une multitude de contraintes dans le respect des normes des hôpitaux a été un défi passionnant pour Joël Meersseman, de Syntaxe Architectes

En 2014, la demande initiale de ce projet était d’apparence simple: construire la clinique vétérinaire pour animaux de compagnie de l’Université de Liège en phase avec les normes actuelles, propres aux hôpitaux, et y coupler une partie adaptée aux étudiants, dont le nombre a décuplé en trente ans. En résumé, concevoir une infrastructure plus grande et plus moderne. Sauf que pour répondre à cet ambitieux programme, il fallait environ 6.000 mètres carrés. Or, la seule place disponible sur le site de la faculté était… un parking en haut du site, près de l’ancienne clinique vétérinaire devenue obsolète.

 

« Nous avons travaillé à quatre mains, avec le bureau Artau Architectes »

Si Syntaxe Architectes a été désigné par le maître d’ouvrage, Joël Meersseman tient à préciser que la candidature et le travail ont été menés en commun avec Artau Architectes en vue de relever le défi technique inhérent à ce projet. Ensemble, à quatre mains, ils ont cherché à ce que toute la partie hospitalière se présente de plain-pied. Objectif: éviter toute complication dans le cheminement du public des vétérinaires, des étudiants et des animaux malades ou opérés. Ce pôle regroupe l’espace dédié aux consultations, à l’imagerie médicale, aux 5 salles d’opération et aux soins intensifs. Ensuite, il fallait encore prévoir trois pôles: un administratif, un autre pour l’internat et un dernier pour la technique et la logistique. Or il fallait aussi savoir, précise Joël Meersseman, que l’université, soucieuse de préserver le beau site paysager qu’elle occupe, ne souhaitait pas un bâtiment plus haut que la cime des arbres.

Un socle et des porte-à-faux pour gagner de l’espace dans un petit gabarit

Face à un terrain très exigu et en forte déclivité, l’idée a donc a été d’enchâsser le bâtiment sur un socle à moitié enterré, étant donné le relief naturel du terrain. De cette façon, le gabarit du bâtiment restait contenu, il se fond dans le paysage, mais déploie tout de même 5.670 mètres carrés. Au cœur de ce bâtiment bas (R +1), on distingue trois niveaux permettant d’organiser les pôles. Au sous-sol, c’est-à-dire dans le socle partiellement enterré, se situent les locaux techniques et la zone logistique. On y trouve aussi les vestiaires, la salle des machines, les chambres dédiées aux internes assurant les gardes, et les urgences 24 h/24. Le rez-de-chaussée, qui, grâce au porte-à-faux, a gagné une surface considérable pour atteindre 2.500 mètres carrés d’un seul tenant, contient toute la partie hospitalière. Une aile entière est d’ailleurs dédiée aux nouveaux animaux de compagnie (reptiles, oiseaux batraciens…). Un parking, d’une trentaine de places, permet d’accéder d’urgence à cette zone hospitalière qui prendra alors très vite en charge l’animal malade ou blessé grâce à la circulation totalement fluide depuis le parking jusqu’à l’ensemble des zones de l’hôpital.Enfin, le pôle administratif, avec les bureaux, se situe au niveau 1 d’une surface d’environ 500 mètres carrés.

 

Un bâtiment fondu dans le paysage et respectueux de l’environnement

Le bâtiment ne contraste pas avec le paysage, il se fond avec lui. C’est pour cela que le cuivre a été choisi pour le recouvrir. Ce cuivre, avec le temps, gagne un ton toujours plus discret que le neuf. Il est important ici de souligner que ce dernier provient à 98 % de la filière du recyclage! En effet le choix de l’ensemble des matériaux a été guidé par leur cycle de vie, leur mode de production et leur recyclabilité. Cet élément était capital pour l’université particulièrement inquiète de l’aspect durable du bâtiment. Une priorité absolue pour elle, devant celle du budget! Elle n’a pas hésité à opter pour des isolants naturels, bien que plus chers et plus volumineux que la mousse polyuréthane, par exemple. C’est ainsi que le bâtiment est enveloppé de laine de verre quasi naturelle. Moins performante qu’un isolant dur, elle exige parfois des épaisseurs jusqu’à 40 centimètres! Le double par rapport à un autre isolant, mais la laine de verre est nettement moins manufacturée qu’une mousse dure et dès lors nettement moins énergivore à la production. De plus, la laine de verre est recyclable, non polluante et sans nocivité au moment du recyclage. C’est pour toutes ces raisons qu’elle a reçu les faveurs du maitre d’ouvrage. Celui-ci tenait énormément à ne pas sacrifier le caractère durable de son bâtiment pour des questions budgétaires. Résultat: au moment où cette façade devra être démantelée, elle sera recyclable à 100 %.

Et l’attention à l’environnement ne s’arrête pas là! La zone administrative est certifiée passive et ne consomme donc quasiment rien. Toutes les zones sont très bien isolées, parfaitement ventilées et protégées des surchauffes.Cela ne concerne pas la partie hospitalière qui est, sur ce plan-là aussi, à part du reste du bâtiment. Elle exige en effet trop de technique et de précision au niveau de l’éclairage, du chauffage et de la ventilation.

Outre les toitures végétalisées, les toits sont couverts de panneaux photovoltaïques qui assurent la majorité des besoins en électricité. Les eaux pluviales sont recyclées et envoyées dans les toilettes du niveau réservé aux étudiants. Une fois encore, cela ne concerne pas la zone hospitalière vu les normes sanitaires à respecter!

 

Un bâtiment dont Joël Meersseman retient surtout la qualité de l’aventure humaine

La plus grande satisfaction que retient Joël Meersseman est celle de la qualité de l’aventure humaine. Le projet était complexe, le timing serré, le budget était court. Mais la conjonction du travail de plusieurs dizaines de personnes, tant à l’université que dans les bureaux d’architecture, d’ingénierie ou auprès de l’entrepreneur, l’entente a toujours été constructive. Face aux difficultés rencontrées, l’ensemble de ces personnes s’es mobilisé et a continué à croire dans l’aventure. Au fond, dit-il, même si tout le monde est satisfait et fier de ce bâtiment livré en 2019, on est surtout heureux d’avoir travaillé ensemble pendant presque quatre ans. C’est une belle fierté pour nous. Pour conclure, Joël Meersseman nous dira encore: « l’architecte est souvent considéré comme le chef d’orchestre et le responsable de tout. Mais quand tous les instruments s’entendent, le chef d’orchestre obtiendra une symphonie bien plus parfaite. »

Texte: Chantal Ernst
Photos: Utku Pekli

 

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