Bernard Libert

Bernard Libert

Boomerang cuivré

L’architecture peut être une déclaration. Tant que cela se fait de manière nuancée. Cette maison en cuivre se plie dans un mouvement parabolique vers le paysage verdoyant qui l’entoure et semble d’ailleurs y disparaître partiellement. « Une maison comme celle des méchants des films de James Bond. » Telle était la demandedu propriétaire pour cette maison en bronze à Bernard Libert. « Cela pouvait être un peu plus extravagant que d’habitude », dit l’architecte. « L’homme vivait avec ses trois enfants dans une spacieuse villa de campagne sur un vaste terrain en pente. La grande partie se trouve dans une zone agricole, mais le jardin de devant était constructible. L’intention était de concevoir quelque chose à cet endroit pour sa fille. Une deuxième résidence qui contraste fortement avec le style classique de la maison existante. Ce qui est intéressant, c’est que le terrain est à la jonction de deux rues. D’une part, il y a principalement des maisons modernes, d’autre part principalement des maisons classiques. De cette manière, le nouveau design pourrait former un lien entre ces deux styles. »

Partiellement enterrée

Libert a conçu un volume moderne en forme de boomerang avec des coins arrondis, partiellement enterré dans le site et entièrement recouvert de cuivre oxydé qui offre une apparence supplémentaire grâce aux largeurs de bande variables. « Le cuivre doit acquérir encore plus de patine avec le temps, pour que le bâtiment prenne tout son sens dans le paysage« , explique Libert. « Aussi remarquable que puisse paraître la conception, l’intention a toujours été de créer quelque chose en fonction de l’environnement vert et de la topographie de la parcelle. La maison doit sa forme arrondie en premier lieu à la limite courbée de la parcelle à la hauteur de la rue. En plus, le jardin de devant est envahi par la végétation et est très vallonné. Les dénivelés sur l’ensemble du site vont jusqu’à 7 mètres et plus. Parce qu’un sondage a montré que la pente à l’avant n’était porteuse qu’à des profondeurs plus importantes, l’idée de construire le bâtiment en partie sous terre a donc surgi. Seul un étage dépasse du niveau du sol, de sorte que l’impact du volume sur l’environnement reste relativement modeste. En plus, la maison principale située plus haut conserve sa belle vue panoramique à l’avant. De là, on peut regarder la nouvelle maison qui semble avoir été enfoncée dans le sol comme un disque de cuivre. Soit dit en passant, nous l’avons doté d’un toit vert, de sorte qu’il semble disparaître complètement dans le jardin de devant.« 

Un boomerang vers la piscine

La maison en cuivre est implantée de manière à profiter pleinement du jardin déjà existant avec la piscine. En plus, l’allée existante a également été préservée et intégrée dans le nouveau design. « Le projet a progressivement évolué vers une forme de colocation », explique Bernard Libert. « Le client a finalement décidé de vivre lui-même dans le nouveau bâtiment. Le rez-de-chaussée est donc conçu comme une résidence habitable, tandis que le sous-sol est conçu comme une chambre d’hôtes pour les enfants et petits-enfants. On doit en fait voir cette maison comme une sorte de pavillon dans le jardin de devant qui appartient à la maison principale. Pour cette raison, il semblait aussi étrange et inutile de construire une deuxième allée. En plus, la piscine devait être impliquée autant que possible. Vous n’en avez aucune vue depuis la maison principale. Je voulais vraiment éviter cela ici. En pliant littéralement la maison vers la piscine et le jardin, elle prend la forme d’un boomerang, visant la zone de loisirs communale et la nature derrière elle. »

Pour conserver une vue parfaite sur la piscine, le rez-de-chaussée est divisé sur deux hauteurs avec un dénivelé de 36 cm. Le niveau avec l’entrée, le garage, la cuisine et le coin salon se connecte à celui de l’allée. Le niveau avec la chambre et la salle de bain avec dressing sur celui du jardin. Un plan incliné relie les deux zones et est flanqué d’un patio qui se prolonge dans le sous-sol et se termine même dans une pièce d’eau. « Cela crée une fenêtre de cinq mètres de haut au milieu de la maison », explique Libert. « Le patio anime l’ensemble du projet et apporte un supplément de lumière, d’air et d’expérience. À long terme, l’intention est qu’il y ait aussi une statue en laiton dans le patio, ce qui ajoutera une dimension supplémentaire au concept. On dirait qu’il essaie de s’échapper du patio. C’est dommage qu’elle ne soit pas encore là, car c’est vraiment la dernière pièce de ce projet.« 

L’intérieur et l’extérieur se mélangent

À l’intérieur, la maison a aussi été conçue en détail. Le garage et l’entrée sont par exemple séparés de la cuisine et du séjour par un grand meuble en chêne qui est en partie un vestiaire et une buanderie, et sert en partie de placard à colonnes et de kitchenette pour la cuisine. Un principe similaire a été utilisé pour séparer la chambre et la salle de bain. « J’ai eu beaucoup de liberté en tant que designer », déclare Libert. « J’ai même commencé à choisir des meubles et des rideaux. À propos, ces rideaux jouent un rôle important dans l’architecture: je les vois comme des murs rideaux qui masquent la sensation un peu plus fraîche des autres matériaux et ajoutent une chaleur supplémentaire. Une palette de matériaux limitée a été choisie. Bois, travertin et mosaïque brun noir qui revient ici et là comme motif.

Il y a en effet du travertin sur le sol dans toute la maison, sauf dans le coin salon surélevé sur la terrasse. Un parquet en chêne y a été posé qui s’étend plus loin vers l’extérieur. « L’intérieur et l’extérieur s’entremêlent de manière organique », explique l’architecte. « C’est toute l’idée: il n’y a plus de frontières. Le niveau partiellement enterré, le virage vers la nature, le patio, les fenêtres et portes du sol au plafond, les matériaux continus : la maison est entièrement orientée vers les caprices et la beauté du paysage qui l’entoure.« 

Texte: Sam Paret

Photos: Nick Cannaerts

 

Bernard LIBERT
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