Abscis Architecten

Abscis Architecten

De la villa individuelle au complexe résidentiel durable dans le cadre d’une ville visionnaire du futur

 

Réfléchir à l’aspect futur de nos villes est toujours un exercice intéressant. Comment utiliser l’espace dont nous disposons de manière optimale et durable, tout en privilégiant une expérience agréable et spatiale, notamment en ville. Dans le projet de la Kongoplein, cette recherche a conduit Abscis Architecten à un volume étagé qui répond au contexte et a abouti à une nouvelle et frappante maison pour la ville de Deinze. Lorsque les habitants de la Villa Neerleie, une villa individuelle sur un terrain clos de murs au centre de Deinze, sont décédés, les proches ont demandé à Abscis Architecten de réaliser une étude de faisabilité pour eux. Arthur Van Cauwenberghe: « Cela allait de la rénovation de la villa jusqu’à faire table rase pour créer un tout nouveau projet. Nous sommes vite arrivés à la conclusion que la typologie d’une telle villa avec jardin n’était pas la bonne pour cet emplacement dans la ville. Après tout, elle se situe à un point charnière entre différentes typologies, toutes beaucoup plus denses et connectées. D’ailleurs – et ce n’est pas sans importance – la maison est située à la porte de Deinze où les gens entrent dans la ville. C’est pourquoi nous pensons qu’un développement beaucoup plus dense et urbain était nécessaire à cet endroit. » Dans l’étude de faisabilité, Abscis Architecten a d’abord envisagé un immeuble d’appartements plus dense qui était aussi considéré comme un tout détaché. Plus tard dans le processus, cela a évolué en un véritable bloc de construction où les bords de la parcelle ont été explorés. Après l’étude de faisabilité, le promoteur désigné a décidé de travailler à nouveau avec Abscis Architecten pour développer le projet en détail. « Un tiers était la ville de Deinze elle-même avec qui nous avons travaillé étroitement et positivement. Ils avaient aussi la vision d’un bâtiment progressif à cet endroit, nous avons donc commencé à développer le projet en tant que bloc de construction urbain. En plus des 28 unités résidentielles, il y existe aussi 2 espaces de bureaux au rez-de-chaussée. L’un d’eux a depuis été repris par l’agence immobilière qui vend les logements. » La conception de ce nouveau bâtiment, et en fait de chaque projet réalisé par Abscis Architecten, est toujours précédée d’une analyse approfondie de l’environnement. L’effet de contexte est le fil conducteur de leur travail. « Nous essayons d’abord de lire au mieux l’environnement pour ressentir ce qui est nécessaire et ce qui s’intègre à l’intérieur.

 

Il s’agit ici d’une véritable fonction charnière, entre les différentes typologies du bâtiment, mais aussi comme une véritable porte d’entrée de la ville avec la place à l’arrière. C’est pourquoi nous avons adapté chaque côté au contexte spécifique. Cela a créé un volume en escalier – comme une sorte de structure en coquille d’escargot – dans lequel nous allons vers le rond-point et la place et où la hauteur se compose de cinq étages. Un autre côté se dirige vers l’eau où nous avons pleinement profité de cette vue grâce aux terrasses. Nous descendons ensuite jusqu’à la façade qui borde un bloc avec des maisons de plain-pied où nous n’avons que trois étages à connecter au reste à l’avant, au Kongo Square, avec un volume transparent et bas que nous avons conçu comme une véritable maison de gardien. L’impact de l’ensemble sur les parcelles adjacentes est réduit au minimum grâce à cette approche ludique des couches de construction. » À la suite de la recherche des limites de la parcelle de chaque côté, un grand jardin intérieur a été créé le long duquel la circulation a été organisée, notamment via trois cages d’ascenseur. Le bâtiment étant peu profond et avec des largeurs de 10 à 12 mètres, on peut créer des appartements très lumineux. On profite donc de typologies complètement différentes avec quelques unités plus grandes. Un projet pour tous, mais dont chaque unité résidentielle a sa propre orientation et son espace extérieur, on y retrouve donc un savant mélange d’appartements de 1, 2 et 3 chambres. Le jardin intérieur forme une oasis de verdure et est situé au-dessus du parking souterrain et du garage à vélos de l’îlot. Le sol a été surélevé d’un mètre, ce qui a permis de planter des arbres et des plantes. Il y a même un petit étang pour le plaisir des résidents et des éléments en béton comme mobilier et une allée de jardin. « Les terrasses jouent un rôle majeur dans l’expérience. Par souci d’intimité, nous avons travaillé avec des terrasses intérieures côté public, comme le rond-point et la place. Nous avons assuré une visibilité maximale avec des fenêtres extérieures donnant sur le canal, mais les grands surplombs assurent une protection d’une part et servent de protection solaire pour les grandes surfaces vitrées d’autre part. Pour donner l’impression d’un volume, nous avons posé sur les terrasses extérieures le même revêtement. La ligne de terrasses se poursuit donc bien et on obtient ainsi une enveloppe de bâtiment efficiente. »

 

L’aspect naturel du bâtiment est largement déterminé par le revêtement de la façade en pierre naturelle. Cette pierre naturelle beige résiste bien à l’épreuve du temps et s’intègre parfaitement à l’emplacement. Elle a été associée à un enduit lisse, comme dans tout le jardin intérieur, où seul le socle est constitué de pierre naturelle, et de menuiseries en aluminium de couleur bronze foncé. Des armatures en béton ou en acier n’ont été utilisées que lorsque cela était nécessaire en raison des exigences de stabilité de la construction. « Nous n’utilisons le béton que là où c’est vraiment nécessaire, en raison de la méthode de production moins durable. Mais ici, avec cinq étages et un parking souterrain, on ne peut pas l’éviter. Avec les dalles de sol en béton, on obtient une construction massive, qui à son tour a l’avantage de l’inertie pour un climat intérieur sain et stable. Le bâtiment obtient aussi de bons résultats acoustiques, ce qui est nécessaire vu la forte circulation de camions devant la porte. Nous avons combiné ça avec de la brique silicocalcaire qui est un produit très durable. » Ce dernier point coule de source pour Abscis Architects. Le projet a en effet été conçu de manière très durable. Et nous ne parlons pas seulement des unités résidentielles qui ont toutes un niveau E entre 8 et 20, ce qui a placé la barre énergétique très haut dès le départ. Le bâtiment n’utilise pas non plus d’énergie fossile et chaque unité dispose d’une pompe à chaleur individuelle. En plus de rechercher des produits de construction le plus localement possible, une attention a aussi été portée à l’aspect écologique. Comme pour l’isolation, où la laine minérale a été placée derrière la façade en pierre naturelle.

 

L’enduit a été appliqué directement sur le système d’isolation EPS et les chapes sont également collées grâce à cette technique. Par ailleurs, une attention particulière a été portée sur l’infiltration des eaux pluviales via des toitures végétalisées intensives et des systèmes tampons comme une citerne d’eau de pluie sous le jardin intérieur. Ce qui peut être réutilisé est utilisé, entre autres, pour la chasse d’eau des toilettes, et le reste est stocké sous le jardin intérieur pour pouvoir être utilisé ultérieurement. De cette façon, le complexe ne contribue pas un pavage supplémentaire. « Le succès de ce projet réside d’une part dans la bonne coopération avec la ville de Deinze, mais aussi avec les clients. En raison du lien fort avec le lieu, ils voulaient un projet dont ils pourraient être fiers, plutôt que de maximiser la rentabilité, avec une valeur ajoutée pour les résidents et la ville. Nous l’avons ressenti tout au long du processus et c’était gratifiant pour nous. En plus, nous avons aussi réussi à créer une petite empreinte, à proximité de toutes les fonctions urbaines, grâce à l’architecture et à beaucoup de lumière et de visibilité. Et cela de manière très durable et presque autonome au niveau énergétique. Faire le choix explicite de raccorder de nombreux appartements au réseau d’eau de pluie, ce n’est certes pas évident. Ce projet s’inscrit donc tout à fait dans notre vision de la ville du futur et nous espérons qu’il en convaincra d’autres de venir habiter en ville au lieu de sacrifier un énième bout de terrain en périphérie. »

 

Texte: Sam Paret
Photos: © Arean Visualisations: Gabari

 

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