Bold Architecten – POLO Architects – Van Belle & Medina
Eksterlaer: un quartier vert pour tous
En 2016, le signal de départ officiel a été donné pour la construction du projet Eksterlaer. Un nouveau quartier à Deurne-Sud qui correspond parfaitement à la vision de la ville d’Anvers pour stimuler la qualité de vie dans la périphérie. Cinq cents unités résidentielles diverses, dont 380 logements et 120 appartements, seront disposées le long d’un parc qui traverse le projet comme une artère verte. Le grand objectif: attirer une mixité de résidents, stimuler l’intégration sociale, culturelle et sociétale. « La population a augmenté rapidement au cours des vingt dernières années. Les quartiers autour d’Anvers ont un énorme potentiel de zones d’expansion résidentielle. L’intention était de créer une nouvelle partie verte et sans voiture à Deurne-Sud, où il y a de la place pour divers résidents », expliquent Mauro Poponcini de POLO Architects et Hans Janssen de Bold Architecten, les deux bureaux d’architectes qui ont conçu le plan directeur et, avec le troisième acteur, Van Belle & Medina qui a développé l’interprétation architecturale.
Le plan directeur date d’il y a vingt ans. À l’époque, le site était une zone verte. Une zone quelque peu sous-exploitée de 13 hectares au milieu de la ville qui est restée presque totalement à l’abri de l’urbanisation. On y trouvait de l’agriculture à petite échelle, une usine de feux d’artifice et un terrain de football. Le reste était un espace résiduel vert. « C’était un peu un no man’s land », dit Mauro Poponcini. « Mais l’emplacement est fantastique. Deurne-Sud est un endroit intéressant à vivre. Vous trouverez divers parcs comme le parc Boekenberg, le parc Groot Schijn et le Rivierenhof. Ce contexte a été pris en compte dans ce projet. L’épine dorsale du nouveau quartier est formée par une longue bande de parcs avec jeux d’eau, divers espaces verts et des espaces publics. Toutes les entités résidentielles sont disposées le long de celui-ci et se grefferont également sur le tissu urbain existant. Le site est situé, pour ainsi dire, à l’arrière de nombreux blocs de construction inachevés: un bord quelque peu effiloché qui n’a jamais été bien fini, mais est maintenant fermé de manière organique. »
« Dans vingt ans, on ne verra sûrement plus qu’il s’agit d’un nouveau projet », ajoute Hans Janssen. « L’ancien et le nouveau s’entremêlent très naturellement. Les nouvelles rues, les pistes cyclables et les sentiers pédestres sont par exemple le prolongement des itinéraires existants. Les axes continus rendent le site facile à traverser. En tant que piéton, vous pouvez vous promener dans le parc, passer devant différents types de maisons qui font référence aux environs immédiats. Au nord et au sud, par exemple, les maisons mitoyennes classiques avec jardins privatifs s’inscrivent dans la typologie de l’Unitaslaan et de la Herentalsebaan. Quatre tours résidentielles isolées font encore un clin d’œil au mur fermé de l’appartement sur le Dascottelei. Différentes typologies de bâtiments ont été choisies qui suivent la logique du contexte urbain, de sorte qu’une imbrication maximale est créée. »
Le projet se compose de maisons mitoyennes classiques avec des jardins privés, des maisons avec patio regroupées dans diverses configurations, des maisons adaptatives avec une interprétation plus flexible, quatre immeubles d’appartements et un centre de soins résidentiels avec appartements de vie assistée. Ensemble, ils forment un ensemble harmonieux avec des accents différents dans le domaine de l’architecture et de la typologie. « En fait, différents quartiers sont créés au sein du site et attirent chaque fois des utilisateurs différents », explique Mauro Poponcini. « Le projet a un caractère très inclusif. Il y a des logements sociaux, des maisons de repos, des maisons avec jardin privatif, tout ce que vous voulez… » Hans Janssen: « Le projet est aussi en con-stante évolution. Au cours d’un tel processus, certains besoins deviennent visibles. De cette façon, avec le client, nous répondons constamment à ce qui se passe. De plus, le site est traversable et cet aspect contribue également à son caractère inclusif. En prolongeant les rues, l’ensemble du quartier sera facilement accessible à tous, aux riverains, mais aussi aux habitants des quartiers proches. »
Les différents blocs au sein du quartier forment un ensemble harmonieux. Ce sont tous des bâtiments contemporains en briques dont la couleur varie du rouge au gris. Pourtant, des nuances encore plus frappantes sont perceptibles entre chaque bloc individuel, ce qui lui donne sa propre identité et ajoute plus de rythme et de variation au paysage de la rue. Une rangée de maisons mitoyennes se caractérise par exemple par un rythme de toits en pente. Un autre bloc se distingue par une niche avec une entrée escamotée qui sépare les maisons les unes des autres. Dans le parc il y a aussi des maisons avec une baie vitrée qui offre un beau panorama à 180° sur la verdure. Hans Janssen: « Chaque bloc de construction a des qualités spécifiques en fonction de son emplacement sur le site, du type d’utilisateurs et du rapport au contexte. Il est important que tous les bâtiments soient architecturalement compatibles, mais il ne devrait pas non plus y avoir d’image monotone. On peut un peu comparer ceci avec une collection de mode: il y a une différence entre toutes les pièces, mais on a l’impression qu’elles viennent toutes de la même collection. Chaque bloc de construction et même chaque maison séparée a reçu un certain grain, afin que les gens reconnaissent leur propre maison. Une brique de parement différente, une certaine texture, des hauteurs différentes, des fenêtres qui varient, des incisions et des toits spécifiques: en plaçant des accents différents, vous créez un certain relief, vous réduisez l’échelle et l’architecture devient plus humaine et plus personnelle. » « La qualité de l’image fait le lien entre l’architecture et le plan urbain. L’intention était de réaliser des bâtiments doux et reconnaissables qui donnent au site une certaine identité, sans être trop voyants. Ce sont toutes des maisons neutres, mais de caractère. Dans une ville, les bâtiments résidentiels ne devraient pas attirer l’attention. Nous n’avons jamais recherché l’architecture iconique. Mais bien une certaine subtilité. Comment pouvons-nous réaliser un projet inclusif d’une manière architecturale intéressante, c’était la grande question », conclut Mauro Poponcini.
Texte: Bart De Maesschalck
Photos: Evenbeeld, Matthias Vanhoutteghem