FORMa*

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Au départ d’une parcelle de terrain cumulant les difficultés – en trapèze, au dénivelé important, voisine d’un espace vert protégé et accolé à un ancien mur d’enceinte classé – l’architecte Benoit Nis et son atelier d’architecture FORMa* ont réussi à ériger une maison familiale et un atelier somptueusement ouverts sur la nature environnante. On s’y croirait en basse montagne alors que l’on se trouve dans la commune d’Uccle, en périphérie de Bruxelles. Magique!

De la difficulté initiale du terrain est née l’idée d’un jardin à plusieurs niveaux
Le terrain de neuf cents mètres carrés sur lequel doit être érigée une maison abritant une famille et un atelier d’architecture semble, au départ, n’avoir d’autres atouts que son orientation et son environnement exceptionnels. Car, dessinée en trapèze avec un dénivelé très, très important, la parcelle est aussi reprise dans un plan particulier d’aménagement des sols et jouxte un espace vert protégé, le plateau Avijl, avec son ancien mur d’enceinte classé. C’est pourtant ce terrain particulier, offrant par ailleurs très peu d’accès direct, qui va stimuler la créativité de Benoit Nis et de son épouse. Leur idée? Utiliser ce relief pour donner accès de plain-pied au jardin à trois niveaux! Et, bien sûr, maintenir la perception du profil du talus et son caractère arboré, notamment en minimisant l’emprise des accès qui se cantonnent dans la partie basse. Pour ce faire, le talus a été légèrement remodelé en jardin en terrasse.

Le terrain en pente a imposé le C.L.T. pour le gros-œuvre
Le dénivelé du terrain et son accessibilité réduite ont encore influencé les techniques du gros-œuvre. Car si les travaux de terrassement et de soutènement, le radier et les parois contre terre ont été réalisés classiquement en béton armé, le choix s’est porté sur le C.L.T. (cross laminated timber) pour la structure hors sol. Résultat? Son montage s’est effectué en une semaine à peine! De quoi réduire le temps des travaux lourds et les moyens de levage qui n’auront duré ici qu’une semaine également. Autres avantages de ce matériau utilisé pour la toute première fois par Benoit Nis? Ses atouts structurels. Certaines parois de séparation servent en effet de support pour le plancher. De plus, cette technique légère n’impose pas au voisinage des charrois lourds pendant une longue période puisqu’après la pose des châssis qui a eu lieu le semaine suivante, quelques camionnettes suffisaient une fois le gros œuvre fermé. Aucun besoin non plus de mettre en œuvre des étançons ou des coffrages au niveau de débordements de toiture et des planchers en porte-à-faux puisque les planchers et éléments de structure ont été posés directement à mesure. Un béton aurait pour sa part imposé un étançonnage des planchers, un placement d’armature ce qui est très difficile sur un terrain aussi accidenté. Le C.L.T. a donc simplifié ces phases. Mais ne nous y trompons pas: si ce gros œuvre en C.L.T. est rapidement monté sur chantier, il demande un gros travail préparatoire, au millimètre près, avec le fabricant et le monteur. Autre impératif: prévoir l’arrivée très rapide des châssis une fois le C.L.T. en place afin d’assurer l’étanchéité du bâtiment.

Le parti pris de créer des ouvertures sur le jardin et les vues extérieures
S’il s’agit bien d’une construction à trois façades, la maison jouit des quatre orientations grâce à une avancée oblique d’une façade côté rue qui va chercher l’ouest. Côté jardin, c’est une ouverture côté ouest sur une façade latérale en retrait qui offre une vue sur le paysage au loin et évite la vue vers les voisins. Le résultat est impressionnant car tout laisse croire, depuis l’intérieur, que l’on évolue dans une maison à quatre façades!

Le jeu des volumes est quant à lui à la fois issu des prescriptions urbanistiques (dernière parcelle d’une zone soumise à un plan particulier d’aménagement qui définit un volume capable, certaines dérogations ont été obtenues vu la configuration du terrain) et de la recherche d’une jouissance des vues très variées et de l’ensoleillement qu’offre le lieu.
Le plus remarquable est sans doute l’accès au jardin de plain-pied par trois niveaux différents de la maison: le rez-de-chaussée, le premier et le second étage. Cela n’aura demandé qu’une légère adaptation du relief pour créer ce jardin en terrasse. Toujours selon cette logique cherchant à jouir au maximum des qualités du lieu, la circulation verticale a été disposée côté maison voisine. À chaque fois les volées d’escalier sont ponctuées d’une vue vers le jardin.

Des matériaux et des techniques en accord avec leur contexte
L’envie de mettre en œuvre des matériaux qui répondent au caractère arboré de la parcelle et de travailler des couleurs capables de s’y glisser naturellement avec un impact visuel minimum de la construction sur son environnement, peut s’illustrer par le choix de la couleur vert bouteille des châssis, et aussi, bien sûr, par la place prépondérante du bois. Mais si Benoit Nis a cherché à travailler des matériaux durables, c’est d’abord et avant tout la logique du lieu qui a imposé ses choix. Y compris dans la mise en œuvre des techniques puisque toutes sont comme dictées par le contexte et le projet lui-même. Ainsi, le bardage en bois huilé noir en façade est un choix à la fois esthétique et technique. En effet, le bardage est léger et s’accroche simplement à la structure sans mise en œuvre de moyens de suspension tels qu’on les connait pour les parements de briques ou de pierres. De plus, sa pose verticale, dans le sens du ruissèlement de l’eau, et ajourée, lui permet de sécher plus rapidement après la pluie. Par ailleurs le choix du bois permettait de rester dans la logique « naturelle ». Voilà pourquoi, côté isolation, le choix s’est porté sur des matériaux tels que les panneaux rigides de mousse résolique et la laine de roche. Dans la prolongation de ces choix très orientés vers la nature, la volonté était de minimiser les interventions de finition de surface et d’éviter des couches de plafonnage. C’est donc majoritairement l’esthétique du bois, celle du gros œuvre, qui a été mise en valeur. Afin de conserver son aspect clair de bois fraichement usiné, un primer de protection contre les UV a été appliqué suivi d’une couche d’huile contenant des pigments blancs. Le chauffage se fait par le sol: sur le panneau de bois, une isolation thermique et acoustique est placée puis vient le réseau de chauffage au sol et enfin une chape sur laquelle seront posées soit des tapis en dalles, soit du parquet soit encore du carrelage selon l’attribution des pièces.

Un petit air de vacances dans une maison qui abrite lieu de travail et foyer familial
Si la maison dégage au final ce petit air de vacances, de maison de campagne, grâce à ces vues impressionnantes sur un relief verdoyant c’est aussi grâce à la belle collaboration avec chacun des corps de métier. Car ici, Benoit Nis n’est pas passé par une entreprise générale. Il a coordonné lui-même tous les corps de métier. Un échange direct qui a été constructif, créatif et même souvent joyeux et dans lequel chacun s’est particulièrement investi. Une belle émulation qui ne peut être étrangère à la joie que transmet cette maison autant dans sa partie familiale que professionnelle.

 

Texte: Chantal Ernst
Photos: Laurent Brandajs

 

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