FORMa*

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Dans un projet, voir au-delà des demandes du maître d’ouvrage est un art. Une caractéristique que possèdent heureusement de nombreux architectes. Et le résultat livré par GAFPA pour ce projet le confirme. Cette extension avec garage d’une ferme livre une habitation totalement neuve en termes d’expérience, simplement en ajoutant, en diagonale, deux nouveaux volumes qui s’ouvrent sur les champs environnants.

Le maître d’ouvrage souhaitait agrandir sa maison en y ajoutant un logement destiné à accueillir ses enfants lorsqu’ils reviennent de l’étranger, ainsi qu’un garage. L’extension était possible, à condition de rester dans la limite des 1 000 mètres cubes. « Nous avons pu convaincre le client de ne pas se limiter aux spécificités du programme, mais de créer de l’espace supplémentaire dans un nouvel ensemble plus vaste. Un espace qui prolongerait le logement existant et offrirait un degré élevé de flexibilité. »

GAFPA a mis en œuvre cette proposition en concevant deux espaces identiques de part et d’autre de l’arbre existant, et dont les fonctions restent ouvertes. Des espaces où passer la nuit, mais aussi garer sa voiture. Mais c’est aussi le lieu idéal pour organiser un événement. « Dédier un lieu à une certaine fonction, en l’occurrence, le stationnement de sa voiture, nous semblait restrictif. Comme une opportunité manquée… Pour nous, il est important de rendre les nouveaux espaces aussi multifonctionnels que possible. Dans le cadre de ce projet, nous avons poussé la multifonctionnalité à l’extrême. Ainsi, la construction bien pensée est dépourvue de murs intérieurs porteurs. C’est en effet l’enveloppe extérieure uniquement qui est porteuse. Vous pourriez comparer ce type de construction à un château de cartes. »

L’idée de base pour la conception de l’extension est donc assez simple. « Nous avons adopté le profil de l’habitation (typologie de grange), mais l’avons développé dans un nouveau matériau, le CLT. L’ensemble de la construction a été réalisé avec des surfaces autoportantes en CLT. Nous avons placé les deux volumes l’un contre l’autre afin qu’ils se renforcent mutuellement. À l’angle où ils se rejoignent, les versants de toit s’emboîtent, rendant superflu le point d’appui que l’on attendrait normalement. On obtient ainsi un coin complètement ouvert, et grâce aux fenêtres coulissantes, le nouvel espace peut également se transformer en une grande terrasse couverte. »

Un nouvel accès a aussi été créé dans ce coin ouvert. Le déplacement de l’entrée présente l’avantage qu’il n’est pas toujours nécessaire de passer par la ferme existante pour accéder au jardin. L’accès est désormais très rapide, par exemple lorsque vous invitez des amis à une fête. Les nouveaux espaces, partiellement cavés, sont dotés chacun de deux portes identiques, un peu comme des images miroirs. Elles permettent un cloisonnement, si c’est souhaité. La petite différence de niveau du terrain est compensée par une marche qui se trouve juste à l’intersection des deux espaces.

Le positionnement en diagonale des nouveaux volumes n’a pas seulement pour but de faire écran à ce qui est situé derrière, il est également une référence à la disposition classique des granges, qui commence souvent par une forme en L, puis passe à une forme en U jusqu’à ce que la typologie de la ferme carrée émerge finalement. Les aisselles qui en résultent se chevauchent en outre pour permettre de passer d’une grange à l’autre. « Cela crée de petits espaces extérieurs et nous avons trouvé intéressant d’en faire ici les points d’accès. Nous avons également fait la jonction avec le bâtiment existant par le biais d’un chevauchement minimal, ce qui permet d’atteindre le cœur de la maison par un couloir et de se relier à la circulation existante. Il nous a en effet paru important de conserver autant que possible l’organisation actuelle du corps de logis existant. » Les architectes sont malgré tout intervenus et ont procédé à une légère rénovation dans le bâtiment existant avec une nouvelle kitchenette, une mezzanine avec chambre et une salle de bain. Une fonction qui peut être utilisée depuis le nouvel espace et qui a permis de garder la nouvelle annexe très pure.

Par ailleurs, GAFPA tient à ne mettre en œuvre
qu’une palette limitée de matériaux. L’ensemble de la construction a été réalisé, comme une armoire sur mesure, en CLT. Visibles à l’intérieur, les panneaux ont seulement été poncés. Comme les versants de toit en bois s’étendent d’un pignon à l’autre, les espaces restent aussi libres que possible. La référence à la typologie de grange classique ne se retrouve pas uniquement dans la forme, mais aussi dans la matérialisation. Une enveloppe légère en tôles d’aluminium ondulé pare le volume en donnant de la profondeur aux vues et rendant la forme abstraite. « La tôle ondulée évoque la grange. Mais nous avons tellement poussé le détail qu’elle donne un effet contemporain. Les gouttières sur mesure, qui sont en fait des L pliés, en sont la preuve. Nous jouons ainsi avec la typologie et créons notre propre version. La façade est une sorte d’imperméable mackintosh en tôles ondulées sur laquelle la pluie ruisselle proprement. Ce matériau n’est donc pas seulement intéressant pour l’image qu’il dégage, il offre également une enveloppe légère et facile à démonter par la suite. Et ce n’est pas négligeable du point de vue de la circularité. »

La différence entre l’extérieur et l’intérieur pourrait difficilement être plus marquée. GAFPA aime ce contraste, alors que la chaleur est clairement présente. Après tout, c’est un lieu de vie. À l’extérieur, la construction paraît très modeste, mais elle interpelle par sa forme. Le même sol a été utilisé dans les deux espaces pour créer l’effet d’un tout. Un sol en béton poli dans lequel les granulats s’expriment: simple et robuste à la fois.

La force de ce projet réside clairement dans le concept, qui crée la valeur ajoutée et dont découle essentiellement le reste. « Vous pouvez en faire ce que vous voulez. Vous pourriez facilement compartimenter l’espace à l’avenir et lui attribuer de nouvelles fonctions. Avec une nouvelle extension, la question est toujours de savoir si l’on va radicalement à l’encontre ce qui existe ou clairement dans le même sens. Nous avons opté pour la deuxième solution, en reprenant le gabarit de l’habitation existante, mais en optant pour une construction et une matérialisation contemporaines. En utilisant la même typologie, nous restons en phase avec l’habitation existante, mais aussi avec celles du voisinage. On obtient ainsi le sentiment qu’elle est parfaitement à sa place. »

Texte: Sam Paret
Photos: GAFPA

 

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