Stein Van Rossem architectenbureau

Il arrive un temps où l’on préfère laisser derrière soi l’agitation de notre capitale. Ce moment, qui va souvent de pair avec l’arrivée des enfants, a aussi touché l’architecte Stein Van Rossem et son épouse. Ils ont alors cherché un terrain dans les environs de Gand où ils pourraient combiner vie et travail. Cela s’est traduit par un bâtiment qui se présente comme une villa contemporaine et combine sans effort les deux fonctions.

La recherche d’un terrain approprié les a finalement conduits à Laethem-Saint-Martin, où ils ont trouvé le parfait équilibre entre accessibilité et tranquillité. Dans une rue latérale de la Kortrijksesteenweg, l’avant du bâtiment bénéficie d’une visibilité optimale pour les bureaux, tandis qu’à l’arrière se présente un paysage vert et ouvert. Le défi était de mouler le tout en un ensemble harmonieux et de tirer parti de la largeur étonnante du terrain. La largeur de la parcelle n’est pas inférieure à 45 mètres, ce qui permet la construction d’un nouveau bâtiment parallèle à la rue.

Stein Van Rossem: « Lorsque, en tant qu’architecte, on construit sa propre maison et/ou bureau, on sait que les gens le verront comme une sorte de carte de visite. Le souhait dans ce cas est de construire quelque chose avec de l’allure et la largeur remarquable de cette parcelle le permet. L’avant du bâtiment a été conçu comme une sorte d’écran qui sert l’intimité, tandis que l’arrière a été complètement ouvert sur le paysage vert environnant. Le défi était d’éviter de concevoir une grande boîte et d’utiliser la largeur de manière optimale. On a opté pour une fragmentation en trois volumes dans lesquels les fonctions connexes externalisent le programme de construction. »

Le volume de gauche, qui compte deux étages, est principalement consacré au bureau avec (outre l’espace de détente) une salle de réunion au rez-de-chaussée et le bureau d’architecte au premier étage. Le volume central est le plus haut et comporte trois étages, le maximum autorisé. Il contient la salle à manger au rez-de-chaussée et les chambres des parents et des enfants au premier et deuxième étage respectivement. Enfin, le volume de droite se limite au rez-de-chaussée et abrite, outre la cuisine, des fonctions secondaires comme le rangement et le garage.

Le jeu de ces volumes donne au projet une échelle humaine. Ceci est renforcé par l’échelonnement des volumes latéraux. À l’arrière, cela crée un bâtiment en forme de U avec une terrasse encapsulée et partiellement couverte qui apporte de l’intimité. En intégrant la cuisine et le salon dans les volumes latéraux, on obtient un « axe de vie » sur toute la longueur avec tous les espaces de vie orientés vers le jardin et le paysage. Cette disposition en quinconce a également été adoptée à l’avant, créant ainsi une sorte de podium. Avec le banc distinctement placé, le visiteur est guidé vers la zone d’entrée, située à l’intersection entre l’habitat et le travail.

Le bâtiment se présente comme un tout homogène, dépourvu de tout élément perturbateur, ce qui lui confère une apparence très calme. Pour y parvenir, l’architecte est allé assez loin. Non seulement par des interventions importantes, mais aussi d’un point de vue constructif. « Nous avons modélisé les volumes à l’extérieur comme des monolithes. Nous y avons placé des ouvertures de manière très précise. Les fenêtres ont été encastrées sans profilé et les détails de construction comme l’appui de fenêtre et le bord du toit ont été épurés en détail et résolus de manière ingénieuse sur le plan de la technique de construction. Avec Bekaert, nous avons cherché une solution pour qu’il n’y ait pas de joints de dilatation nécessaires. Avec environ 11 km de renforcement, il est devenu un puzzle bien pensé. Une autre intervention est l’organisation des activités d’entrée et de garage par l’arrière de la maison, de sorte que l’on ne voit pas de portes de garage disgracieuses. Toutes ces interventions aboutissent à un bâtiment très pur. »

C’est aussi le résultat d’un choix de matériaux très réfléchi, dans lequel une unité reposante est créée avec une gamme limitée de couleurs et de matériaux. La caractéristique principale est l’austère pierre de béton avec laquelle le bâtiment est construit, qui présente néanmoins une nuance grâce à la coloration personnalisée. La couleur pâle est très chaleureuse, surtout à la lumière du soleil. Seule la zone d’entrée, située dans le coin entre le volume gauche et le volume central, reçoit un accent en bardage de bois noir. Trois couleurs ont été utilisées pour la partie principale: la façade en briques gris clair avec un carrelage céramique similaire qui se poursuit à l’intérieur et à l’extérieur, combinée au noir et au vert. À l’extérieur, cela s’exprime dans le revêtement en bois noir de l’entrée et dans les tons verts utilisés pour le banc en imitation pierre naturelle.

La même palette limitée de matériaux et de couleurs a été aisément prolongée dans l’intérieur, avec un haut degré de détail. Tous les meubles fixes et mobiles sont conçus sur mesure et réduits à leur essence. Les meubles comme les armoires et l’îlot de la cuisine sont fabriqués dans le même matériau céramique que le sol et placés dans la pièce (généralement autoportants) de manière à souligner son caractère rare. Grâce à l’utilisation analogique des matériaux, des couleurs et des détails, ils renforcent l’uniformité de l’ensemble. « Les détails et les lignes sont très importants pour nous. La plupart ne le remarqueront pas, mais pour nous, c’est indispensable et rend paisible. Les meubles, par exemple, sont placés partout de manière à être alignés avec les murs, les armoires ou avec les profils élancés des fenêtres ou des portes (coulissantes) et, bien sûr, à affleurer les joints des carreaux. Les joints, d’ailleurs, se poursuivent magnifiquement à l’intérieur et à l’extérieur. Les portes qui s’ouvrent, une fois complètement étirées, s’assemblent aussi parfaitement sur un joint. Et tout est réglé sur un multiple de 60. Nous accordons à l’avance beaucoup d’attention à ces questions. Il faut que ce soit parfait, la perfection est dans les détails. Nous aimons travailler là-dessus et pensons que l’intérieur dégage de la tranquillité et du raffinement sans tomber dans une image stérile. »

L’idée qu’un volume aussi important ne peut être une maison Q-ZEN sans construire de manière compacte ou sans restreindre les grandes sections de fenêtres est ici rendue obsolète. Grâce à l’utilisation de panneaux solaires, d’une pompe à chaleur reliée à la géothermie, d’une bonne isolation et d’une orientation réfléchie, ce bâtiment a un niveau E de seulement E17. Le fait que, même avec les normes plus strictes, il est toujours possible de réaliser une architecture belle et étendue, était pour Stein Van Rossem une des ambitions avec ce projet.

« En outre, l’intention était de trouver une forme hybride de vie et de travail, et nous y sommes parvenus. La maison mêle la vie et le travail. Grâce aux nombreuses portes pivotantes, il est possible de les séparer ou de les associer de manière très fluide. Ça aussi, ça nous donne de la paix. Et dans l’ensemble, c’est un bâtiment sobre, sans beaucoup d’ajouts farfelus. C’est principalement grâce à la justesse des détails et des proportions. C’est une architecture sincère où l’on ne peut rien cacher. Cela demande beaucoup de réflexion et de minutie, car nous savons que ce qui semble simple ne l’est pas. Certainement pas en architecture. »

Texte: Sam Paret
Photos: Tim Van de Velde

Stein Van Rossem architectenbureau
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