Urban Architectes

Urban Architectes

Si les considérations urbanistiques actuelles ne sont plus très favorables aux constructions à l’arrière des bâtiments à rue, il est encore possible de rénover ou de remplacer d’anciennes dépendances. Surtout s’il s’agit d’en faire des bureaux, qui se vident quand les jardins voisins se remplissent. Cette utilisation diurne du bâtiment a permis à Urban Architectes d’amarrer ce rutilant Yellow Sub-marine dans un jardin namurois.

Une reconstruction qui n’a pas peur de s’afficher et de s’affirmer!
Au départ un vaste bâtiment ancien, comptant des dépendances, à rénover en appartements et, au niveau du rez-de-chaussée, en bureaux dédiés, vu la proximité avec le CHR de Namur, au domaine de la santé. Une fois écartée l’idée de rénover les dépendances vu la vétusté des lieux, celle de concevoir un bâtiment tel un pavillon dans un parc, posé dans un écrin végétal à la façon d’un kiosque, a animé les esprits de l’équipe d’Urban Architectes.  Résultat: le bâtiment affiche fièrement sa singularité par sa couleur, par sa forme et par un léger décollement par rapport sol. Pour autant, ce soulèvement n’a pas qu’une raison d’être purement esthétique! Il s’agissait aussi d’assurer l’accès aux deux bâtiments de plain pied aux personnes à mobilité réduite. Une intention qui rejoignait le parti de ne pas concevoir un bâtiment qui se fonde et se dissolve dans l’environnement. Les courbes ont été choisies pour répondre aux droites environnantes, le matériau brillant assure le contrepied face au mat des matériaux pierreux des bâtiments voisins. Tout cela contribue à obtenir cet effet de « pavillon déposé là », comme venu d’ailleurs, sans essayer, par mimétisme, de copier ce qui l’entoure. À environ vingt-cinq mètres de la rue, il crée un autre monde et propose un univers en totale déconnexion avec l’environnement urbain, comme un ilot de quiétude qui offre un véritable dépaysement. Cet axe de conception par opposition a permis de penser une architecture qui se revendique plutôt que celle, souvent demandée nous confie Pierre-Yves Matagne, d’une architecture qui ne se voit pas. Et l’on ressent tout le plaisir que le choix de se démarquer par rapport au contexte a fourni aux concepteurs du projet. Un plaisir que Pierre-Yves Matagne doit notamment à un maitre d’ouvrage et à une administration communale enthousiastes et rapidement séduits par le projet. Les astres étaient donc parfaitement alignés.

Un bâtiment bien de son temps
Si ce sous-marin jaune correspond à toutes les normes actuelles relatives à l’étanchéité à l’air, à l’isolation et au chauffage par pompe à chaleur, système qui permet aussi une petite climatisation, Pierre-Yves Matagne reconnait qu’il lui a été demandé de ne pas pousser le curseur de la durabilité au-delà de ce qui est prescrit. Néanmoins, le matériau des façades, des panneaux métalliques laqués jaune, participe à la circularité car il est aisément recyclable et ne se dégrade pas. De plus, grâce au passage charretier de trois mètres cinquante préexistant, l’accessibilité au chantier a été relativement aisée et n’a pas demandé un grand déploiement de moyens.

Un projet resté fidèle à son idée originale
Contrairement à de nombreux projets où il faut en cours de route, et face à des contraintes techniques ou de capacité de l’entrepreneur, amender l’idée originale, ce projet-ci n’a dû subir aucun compromis notoire. Certes, certaines finitions ont été concédées pour des raisons budgétaires au niveau de l’aménagement intérieur, mais cela n’entache en rien l’expression du bâtiment. Petite concession toutefois, même s’il s’agit plus d’un report dans le temps pour des raisons budgétaires: la toiture doit encore être végétalisée et tout a été conçu dans ce sens au niveau de la structure. En effet avec un bâtiment plus bas que celui des voisins, et donc avec des vues sur cette toiture, la volonté était clairement de minimiser sa perception.

La réalisation des panneaux laqués courbes et en pose collée ont donné du fil à retordre à l’entrepreneur, mais le défi a été relevé avec brio par l’entreprise CB Energy. Pour les châssis, il s’agit de châssis en aluminium standards recapotés pour permettre une intégration débordante à la façon d’un hublot.Le jardinet arrière, tout en courbe lui aussi, et surélevé par rapport au jardin répond à la casquette de l’avant et offre une vue agréable depuis la salle intérieure. Il n’a d’autre vocation que celle d’offrir une continuité visuelle avec le jardin.

Un intérieur aménagé de manière sobre et ouverte
Sans connaitre au départ les besoins du futur locataire, des cloisons légères dans un espace ouvert ont été prévues. Tout l’aménagement a donc été pensé de manière aussi neutre que possible afin que le futur locataire, quel qu’il soit, puisse s’approprier l’espace et y trouver ce qui correspond à ses besoins. Ce locataire, on le sait aujourd’hui, est une institution d’aide sociale, assez proche donc du secteur médical initialement pressenti. Et il y a fort à parier que les visiteurs de ce Yellow Submarine y vivent un moment de quiétude comme s’ils étaient loin de l’espace urbain dans lequel, pourtant, il est édifié. Une jolie prouesse.

 

Photos: Maxime Vermeulen
Texte: Chantal Ernst

 

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