CAS architecten

CAS architecten

Nous passons plus de temps au travail qu’à la maison. Un bon donneur d’ordre comprendra vite l’allusion. Plus besoin de se rendre dans un grand complexe de bureaux situé en périphérie de la ville, le nouveau bureau – tel que celui de CAS architecten – est à taille humaine et situé au centre-ville. L’ambiance y est intime, et les collègues sont la famille. Un garage avec abri à vélos et vestiaire, un espace de vie avec cuisine et salle à manger communes, ainsi qu’une jungle urbaine en guise d’espace extérieur agréable. Cela ne ressemble pas à une maison, c’est une maison !Établi dans une maison de maître de caractère à proximité de la gare de Gand-Saint-Pierre, le nouveau bureau de CAS architecten est joue résolument la carte de la situation stratégique et de l’atmosphère conviviale et intime. C’est pourquoi nous avons en grande partie conservé la disposition de la maison existante. Au rez-de-chaussée, peu de choses laissent penser qu’il s’agit vraiment d’un bureau. Pieter-Jan Leenknecht, directeur du cabinet, explique: « Après 12 ans, il était temps pour nous de nous ressourcer un peu. Travailler est important, mais la façon de le faire l’est tout autant. Pour donner un nouvel élan à notre cabinet, nous sentions qu’un nouveau bureau était nécessaire. Un lieu qui refléterait la version 2.0 de CAS. Nous avons essayé de rendre notre lieu de travail aussi agréable que possible et d’exploiter au maximum les atouts du bâtiment. Les pièces dotées de hauts plafonds et de murs joliment décorés ont été magnifiquement mises en valeur. Certes, tous les ornements et les portes existantes n’étaient pas impeccables, mais cela fait partie du caractère d’une telle demeure. Lors des ajouts, nous avons délibérément évité de toucher à ces éléments. Préserver l’atmosphère familiale était notre priorité absolue. L’emplacement était aussi stratégique. En effet, neuf de nos treize collaborateurs peuvent désormais venir travailler à vélo. Désireux d’encourager ce mode de déplacement, nous y avons prêté l’attention nécessaire en aménageant l’ensemble du garage pour les cyclistes. »

Lors de la rénovation, l’approche de CAS a été d’exploiter le potentiel du bâtiment existant tout en ajoutant avec subtilité des techniques actuelles comme le chauffage par le sol et la domotique. La majestueuse maison de maître n’est pas classée, mais c’est par contre le cas de quelques bâtiments voisins. Cela en dit long sur l’esprit de cette rue, un esprit qui a été au cœur de la rénovation entreprise chez CAS. « On peut en ce sens véritablement parler d’une rénovation de l’habitation existante. Nous n’avons en effet pas réalisé de grandes interventions structurelles, et avons plutôt réparé les décisions malheureuses prises dans le passé. Nous avons notamment rendu des techniques invisibles en faisant bien entendu usage des possibilités existantes aujourd’hui. Et surtout, nous avons remis à l’honneur les moulures et les ornements qui caractérisent le bâtiment. Autant de détails qui ont contribué à son raffinement et à sa grandeur. » On n’a qu’une seule chance de faire bonne impression, CAS l’a bien compris. Car quoi qu’on en pense, un bureau d’architectes reste en quelque sorte une carte de visite. L’impression produite par la façade de cette maison de maître se retrouve sans peine une fois la porte d’entrée refermée derrière soi. Le sol du hall est revêtu d’un marbre magnifique, sublimé par une pose à double livre ouvert. Une véritable ode à l’artisanat !Il en va de même pour l’escalier authentique en bois sablé au bout du hall d’entrée, qui permet d’embrasser le premier étage grâce à l’espace en double hauteur. « Chaque choix devait représenter une véritable valeur ajoutée. Nous avons essayé de réhabiliter les éléments authentiques. Pour le reste, les décisions ont été vite prises. Le hall présentait des petits carreaux rouges sans charme… Aujourd’hui, le superbe sol en marbre, et ses finitions impeccables expriment tout le savoir-faire du carreleur. Bien qu’il ne soit pas authentique, ce sol aurait parfaitement pu l’être. Le motif a été assorti à la cheminée existante du séjour. Une œuvre de l’artiste Paul Gees dont j’ai encore suivi les cours orne la pièce. Puissante dans sa simplicité, elle se compose de sculptures en bois entre lesquelles se trouve une pierre en équilibre. J’aime la force de cet équilibre et la tension ainsi créée. Cela m’inspire également dans mon travail. À l’avenir, j’aimerais encore intégrer davantage la stratification de l’art dans les projets de CAS. »

L’équilibre entre les matériaux nobles a aussi été respecté dans le bureau. Le bois et la pierre naturelle sont en parfaite harmonie. L’îlot de trois en dessous est comme filtré par une surface en pierre naturelle. Cela ressemble dès lors davantage à un objet dans l’espace. Il en va de même pour les meubles sur lesquels des matériaux de construction sont présentés en toute subtilité. Une réinterprétation de la commode. Tout comme l’ensemble de l’intérieur qui a également été conçu par Pieter-Jan et Jovanca. Inspiré par le Musée Soulages de Rodez, CAS a opté à l’étage pour des menuiseries métalliques. Ce qui ajoute une couche supplémentaire pour les lamelles et le toit vert qui ressemblent un peu à des voies ferrées. L’absence de traitement crée une patine qui donne un cachet supplémentaire à cet espace. La technique de stucage appliquée aux murs, sur les portes et dans la douche à l’italienne, la présence d’une cuisine supplémentaire et d’un bureau séparé dédié aux conférences téléphoniques, ainsi que le parquet à chevrons existant, similaire à celui du rez-de-chaussée sont autant d’interventions qui renforcent l’atmosphère familiale. La majorité des collaborateurs travaillent ici sur trois îlots en L. « C’est à l’étage que nous avons effectué la plus grosse intervention structurelle, à savoir la suppression d’un mur pour inclure la cage d’escalier. La valeur ajoutée au niveau de la perception est à l’avenant. Il est intéressant de se demander si cette décision et/ou tous nos autres choix auraient été autorisés par les services du patrimoine au cas où le bien aurait été protégé. En l’occurrence, nous étions les seuls, en tant qu’architectes, à veiller déontologiquement au maintien de cet équilibre. C’est pour cette raison que nous avons conservé la répartition originelle des pièces, mais aussi pour la sérénité apportée. »

C’est dans l’extension que les mesures les plus drastiques ont été prises. Le bâtiment était à l’origine une habitation privée. Par la suite, il a abrité un cabinet de dentistes, puis a également été lié un moment à l’université. C’est lors de cette dernière phase qu’une annexe a été construite pour agrandir la maison de maître existante. Pour cette extension, CAS a décidé d’adopter une approche complètement différente. Seule la structure a été conservée. Une décision sur laquelle les architectes ont hésité un moment, étant donné l’effort financier supplémentaire requis. Ils ont toutefois estimé que c’était nécessaire pour refléter la philosophie CAS 2.0. « Nous n’étions pas fans des carreaux en céramique existants ni de la cuisine aux appareils électroménagers apparents. Ce n’était pas l’ambiance que nous envisagions et réaliser des projets à moitié ne fait pas partie de notre vision. L’extension présente un contraste clair entre la façade arrière en verre et les éléments caractéristiques d’une maison de maître. Une différence que nous avons exploitée pour créer deux ambiances différentes. Le caractère familial règne des deux côtés, mais dans l’annexe, nous avons délibérément opté pour une approche contemporaine, à savoir une combinaison de bois, de stuc et de béton, ce dernier jouant un rôle de premier plan en version sablée au sol et version lisse pour la banquette ainsi que pour le plan de travail. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre d’une matière brute, le béton permet tout de même de créer un cadre intime et agréable. »

Pour les collaborateurs, le séjour avec cuisine est le lieu de rencontre par excellence. On y mange ensemble, on y regarde la course ou on y prend un verre ensemble le vendredi. Les deux ambiances s’entremêlent de manière subtile dans cet espace. Cela fonctionne très bien. Ce bureau, à la fois lieu de vie et de travail, montre que CAS ne se laisse pas enfermer dans un style bien précis. « Nous voyons nos nouveaux bureaux comme l’accélérateur idéal. D’une part, pour promouvoir une autre façon de travailler et d’autre part, pour nourrir une saine ambition de diversifier encore plus notre travail. Nous souhaitons avant tout créer un environnement agréable pour nous-mêmes et pour nos collaborateurs afin de travailler et de recevoir les clients dans une ambiance détendue. Investir dans la qualité et non dans la quantité. Si tout le monde se sent bien ici, nous aurons atteint notre objectif. »

Photos: Tim Van de Velde

 

CAS architecten
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