Govaert & Vanhoutte Architects

Govaert & Vanhoutte Architects

Le nouveau siège de BNP Paribas Fortis, à la rue Montagne du Parc à Bruxelles, capte tous les regards. Le bâtiment emblématique conçu par Baumschlager Eberle Architekten et styfhals architecten témoigne non seulement d’une architecture audacieuse, mais constitue également un chef-d’œuvre d’ingénierie. Sa réalisation – menée à bien par Jaspers-Eyers Architects – a donc été un défi à bien des égards. Avec un exosquelette de 1.200 éléments, des formes courbes, un atrium sur quatre étages, un toit à la pente prononcée, jusqu’à 700 ouvriers sur le chantier, le tout au centre de Bruxelles, ce n’était décidément pas un chantier évident. Un travail sur mesure s’est imposé. Jenny Scherrer: « Nous n’aurions pas pu mener ce projet à bien si nous n’avions pas travaillé par équipes de construction. Avec le personnel d’Eiffage Benelux et plusieurs collaborateurs fixes par partie prenante, nous avons organisé des concertations régulières. De cette manière seulement, le calendrier serré a pu être respecté et nous avons pu trouver des solutions aux problèmes rencontrés sur le chantier. L’un des plus grands défis à relever au préalable était sans aucun doute la mise en œuvre de l’exosquelette. »

L’exosquelette constitue l’essentiel de la structure porteuse et donne au bâtiment son identité unique. Cela signifie également que les 1200 éléments préfabriqués en béton architectonique blanc, incorporant des granulats norvégiens spécifiques, ont dû être placés dès le début du chantier. En outre, l’architecture du bâtiment est majoritairement définie par ses nombreuses courbes. Cela rend la standardisation de certains éléments beaucoup plus complexe. « Nous avons dû trouver des solutions de production optimales sur le plan esthétique et fonctionnel, notamment pour les plafonds suspendus. Il fallait trouver un équilibre entre le caractère répétitif des éléments d’une part et leur caractère unique d’autre part. L’atrium – qui se déploie sur pas moins de quatre étages – possède les mêmes lignes organiques. Pour réaliser la structure complète du bâtiment, nous avons utilisé des dalles en béton post-contraintes d’épaisseur minimale. La forte déclivité du toit due au fait que le bâtiment comporte 6 étages d’un côté et 9 de l’autre a également été pour nous une source de préoccupations. Cette configuration s’explique simplement par la pente du terrain et par le fait que la hauteur de l’immeuble est en phase avec les corniches des bâtiments voisins. Pour mener la construction à bien, nous avons commandé des études de stabilité très poussées. »

De nouveaux systèmes de pose ont également été imaginés par l’équipe, par exemple pour certaines colonnes non porteuses. Des ventouses sur mesure ont été fabriquées pour installer les façades-rideaux lourdes et courbées. Les éléments architectoniques horizontaux en béton ont été positionnés au millimètre près. Le projet a donc été une opération complexe à tous égards, mais il a porté ses fruits puisqu’il a été couronné d’un premier prix dans la catégorie « Best Office and Business Development » lors des MIPIM Awards 2022 à Cannes. Pour BNP Paribas Fortis, le nouveau bâtiment – très accessible – représente un grand pas en avant, car la banque ne souhaitait plus de bâtiment fermé comme auparavant. « Des zones sont réellement accessibles au grand public. La création d’espaces semi-publics et l’intégration du bâtiment dans le tissu urbain ont donc été dès le départ des préoccupations essentielles. Les espaces publics et privés se fondent désormais harmonieusement. Les passants peuvent ainsi venir découvrir le bâtiment par eux-mêmes grâce à deux patios intérieurs en liaison avec l’espace public. » Ces patios intérieurs sont conçus de manière horizontale, en contraste avec le bâtiment lui-même. À l’instar de l’extérieur, l’intérieur présente également une finition de haute qualité. Ainsi, 4.000 m2 de terrazzo ont été coulés sur place, dans et autour de l’impressionnant atrium. Les joints de dilatation qui entrecoupent les passages continus présentent des formes organiques rappelant les courbes du bâtiment. Les nombreux placages de bois à l’intérieur apportent chaleur et intimité, tandis que le traitement des murs avec des lattes verticales fait référence aux éléments de l’exosquelette sur la façade extérieure. Pour les façades des patios, les éléments ont été réalisés en composite ciment verre (CCV) à l’aide de cintres. Mais le caractère ouvert du bâtiment et la lumière naturelle généreuse qui y pénètre sont principalement dus aux nombreuses grandes surfaces vitrées qui, une nouvelle fois, combinent des formes droites et courbes.

Avec ses 100.000 m2 répartis sur 5 sous-sols, un rez-de-chaussée et 6 à 9 étages, le nouveau siège compte 4.100 postes de travail. Étant donné le système de postes de travail flexibles et de travail hybride avec le télétravail à mi-temps introduit après la Covid, ces postes suffisent pour les 8.200 employés de la banque. Cet immeuble est toutefois loin de se résumer à un simple bâtiment de bureaux. Outre l’usage interne, le bâtiment flexible est en effet également disponible pour un usage externe. Il est possible d’y organiser des séminaires jusqu’à 250 personnes et des spectacles dans l’auditorium et le foyer pour 290 personnes. De nombreux événements peuvent également être accueillis dans et autour de l’atrium multi-fonctionnel, qui se déploie sur quatre étages via un escalier monumental et où plusieurs coins repas peuvent être desservis depuis la cuisine industrielle en sous-sol. Outre le hall d’entrée, le rez-de-chaussée compte plusieurs surfaces commerciales ainsi qu’une brasserie. Pour une circulation optimale, 29 ascenseurs internes et un ascenseur public, un local à vélos de 330 places, 268 places de stationnement pour voitures et 40 places pour motos, ainsi que des plateformes de chargement pour plusieurs camions et camionnettes ont été prévus.  Le projet est également exceptionnel en matière de durabilité, grâce à diverses techniques innovantes. « Un certificat BREEAM Excellent est venu couronner le projet. Ce bâtiment passif ne consomme aucun combustible fossile, ce qui est exceptionnel pour un immeuble de bureaux de cette envergure. D’autant plus que la géothermie n’était pas une option ici, en raison de la présence du métro souterrain. Outre les panneaux photo-voltaïques sur le toit, on a placé un gigantesque bassin de 13.000 mètres cubes d’eau en cave. Quatre pompes à chaleur en extraient l’eau chaude en hiver et l’eau froide au printemps et en été pour chauffer et refroidir le bâtiment via des plafonds climatiques. Ce système innovant de stockage de la chaleur, plus connu sous le nom de « STES », est utilisé ici pour la première fois dans un immeuble de bureaux. Encore une primeur. »

Il ne fait aucun doute que ce projet était résolument ambitieux. Mais maintenant qu’il est finalement terminé, après cinq ans d’efforts sans relâche, on sait pourquoi le maître d’œuvre bruxellois était lui aussi un inconditionnel du concept. En effet, l’identité forte du bâtiment présente un caractère principalement ouvert et cherche à se rapprocher des bâtiments environnants, contrairement aux tours fermées érigées sur un socle massif qui s’y trouvaient auparavant. « L’amélioration de la relation entre le siège et son environnement – principal mérite de la conception – est assurément réussie. Pour nous en tant qu’architecte en charge de l’exécution, le plus grand défi a été de dénouer ce dossier complexe et de le livrer dans les délais. Une mission réussie grâce à l’équipe de construction qui s’est renforcée mutuellement et a toujours mis les intérêts du projet au premier plan. La volonté de réussite était particulièrement forte chez toutes les parties concernées – architectes, client et entrepreneurs. Un contexte qui permet de concrétiser beaucoup de choses, quelle que soit la complexité de la mission. »

Foto’s: Philippe Van Gelooven,
Jonas Vandecasteele, Jean-Michel Byl, Georges De Kinder

Jaspers-Eyers Architects
www.jaspers-eyers.be