META architectuurbureau – Eduardo Souto de Moura

META architectuurbureau – Eduardo Souto de Moura

Le centre-ville de Bruges dispose désormais d’un nouveau pôle d’attraction. Et la Beursplein fait honneur à son nom. En effet, le bâtiment d’exposition délabré et le parking sans âme qui défiguraient jadis le paysage urbain ont cédé la place, depuis le printemps, au tout nouveau Beurs-, Meeting- en Congrescentrum (BMCC). Ce joyau conçu par Eduardo Souto de Moura et le cabinet d’architecture META établit à tous égards des liens avec le quartier et attire de nombreux visiteurs dans la ville figurant au patrimoine mondial.

Depuis longtemps, cet ancien hall d’exposition offrait une vision insupportable. Le bâtiment ne répondait par ailleurs plus aux exigences actuelles sur le plan physique et programmatique. La ville de Bruges a dès lors décidé de lancer un projet de rénovation urbaine afin de donner à Bruges-Ouest un regain de dynamisme et d’offrir, un pôle d’attraction au public local, national et international. Pour satisfaire cette ambition, la multifonctionnalité – le nouveau bâtiment a pour vocation d’accueillir des salons, des événements et des congrès – et l’ancrage dans l’environnement étaient importants. Par conséquent, tous les abords du nouveau projet de construction ont également été réaménagés. L’espace public environnant s’est mué en place où l’usager faible prime. Les hêtres caractéristiques de la Beursplein ont pu être conservés. Ils ont été dotés d’énormes tours d’arbre et complétés d’un sous-étage de plantes à feuilles persistantes.

La réalisation de ce bâtiment flambant neuf a été confiée au tandem Eduardo Souto de Moura et au cabinet d’architecture META. Le projet de rénovation urbaine emblématique livré par les partenaires a surpassé les exigences de la ville. Eric Soors, du cabinet d’architecture META: « La conception de type « boîte fermée » fréquente pour les espaces d’exposition constitue selon nous une occasion manquée. En effet, le bâtiment est situé dans le centre historique de Bruges et aucun salon n’a lieu la moitié de l’année. La possibilité d’une utilisation plus diversifiée de l’espace d’exposition permet une meilleure exploitation du projet. C’est pourquoi, au rez-de-chaussée, le bâtiment a été pourvu de parois extérieures vitrées pouvant être ouvertes de sorte à créer une place publique sous abris pour le quartier. Cette volonté était un aspect important du concept pour l’équipe d’architectes. Le défi consistait essentiellement à intégrer le programme chargé du centre de congrès sur une surface relativement restreinte. Nous y sommes parvenus en construisant la partie dédiée aux congrès verticalement. »

Avec un hall d’exposition multifonctionnel de 4480 m² au rez-de-chaussée et un espace de congrès pouvant accueillir plus de 500 participants aux étages supérieurs, le BMCC peut gérer sans effort tout type d’événement. Le centre de congrès a été conçu selon le principe des trois chaises: chaque visiteur dispose d’une place dans la grande salle plénière, dans les petites salles de réunion et dans l’espace restauration. Grâce à plusieurs interventions techniques et à des doubles parois, il est même possible d’y organiser des concerts sans déranger le voisinage. « Nous avons ajouté des parois intérieures acoustiques en deuxième couche – une sorte de mur creux supplémentaire – au bâtiment, ce qui permet de fermer parfaitement le socle de verre pendant les concerts. Le test poussé réalisé par Daidalos-Peutz, la société d’ingénierie responsable de l’acoustique, s’est révélé extrêmement concluant. Des concerts – de Clouseau notamment – ont entre-temps déjà eu lieu. L’utilisation multifonctionnelle par excellence mise en pratique… »

Avec un programme étoffé et un bâtiment de quatre étages, la conception et la matérialisation ont été cruciales pour parvenir à intégrer modestement le projet dans son environnement. D’autre part, il était également important de traduire de manière appropriée les deux fonctions du bâtiment dans l’architecture. Alors que l’espace d’exposition transparent, au rez-de-chaussée, est orienté horizontalement et s’ouvre pleinement sur le quartier, le centre de congrès suit un schéma vertical, avec une architecture en briques. À la limite entre l’espace d’exposition et l’espace de conférence, un énorme porte-à-faux crée une entrée couverte et donne l’illusion que le bâtiment monumental repose sur un socle en verre. Ce volume flottant forme un lieu de rencontre abrité, été comme hiver, et organise également une transition progressive entre le parvis et l’entrée du bâtiment, qui est ainsi encore accentuée. L’entrée est par ailleurs sublimée par l’œuvre d’art de Philip Aguirre y Otegui. La sculpture en bronze « De Bron » (la source) fait référence à l’eau, source de toute vie et lieu de rencontre par excellence. Cet empilement de formes ludiques et organiques contraste avec la structure géométrique de la façade du bâtiment.

Les colonnes de briques, qui semblent flotter, sont un élément frappant de la façade. Elles apportent de la structure et un rythme élégant tout en faisant office de protection solaire. Elles résultent d’un choix déterminé de l’équipe de conception. « Ce choix s’inscrit dans un contexte plus large. En effet, le bâtiment a une fonction de hall d’exposition et de centre de congrès. En conciliant deux fonctions en fin de compte antagonistes, puisqu’il s’agit d’un bâtiment à la fois pour la ville (salons) et pour le monde (congrès). Pour la seconde fonction, il est important de laisser une impression durable.

La brique de parement choisie est en harmonie avec la palette de briques utilisées dans le quartier. Nous avons distillé la bonne nuance de couleur au départ de cette palette. C’est la brique rouge-brun de Vande Moortel qui a finalement été retenue. Étant donné sa couleur, ses nuances et sa texture, la référence « Veldbrand » s’intègre parfaitement à l’environnement et les mouchetures de chaux blanche que la brique comporte évoquent l’apparence historique que nous recherchions. » Un traitement spécial établit le lien avec ce récit. Les briques ont été posées sur lit de mortier et n’ont pas été jointoyées, mais simplement grattées à la truelle. Une référence à la Bruges historique. Grâce à son architecture de qualité et à sa palette de couleurs appropriée, le BMCC s’intègre merveilleusement à son environnement et contribue ainsi à l’image de Bruges en tant que ville du patrimoine mondial d’une part, et celle de la ville contemporaine d’autre part, images qui se renforcent mutuellement. Le meilleur exemple est celui des étages, où des briques maçonnées en ailerons orientent la vue de l’intérieur vers l’extérieur et invitent les visiteurs à admirer la ligne d’horizon de Bruges. Depuis sa terrasse de toit, le BMCC entre en dialogue avec les trois tours du Beffroi, la cathédrale Saint-Sauveur et l’église Notre-Dame, permettant au passé et au présent de converger en beauté.

Avec un niveau E allant jusqu’à E58, le BMCC est également un bâtiment BEN à faible consommation d’énergie. Intégralement durable, le bâtiment se caractérise par une attention particulière à l’accessibilité intégrale, au con-fort acoustique, à la collecte et au stockage des eaux et à la gestion rationnelle des déchets. En tant que tel, il répond à toutes les exigences contemporaines. « La construction est en outre, également durable sur le plan culturel. La fonction du bâtiment a été déterminée pour un usage à long terme et la construction a été réalisée avec un certain naturel pour durer. Le bâtiment est authentique, franc, pur et, en ce sens, intemporel. Il s’inscrit avec modestie dans son environnement et mise sur les atouts de la ville. Comme le disait l’architecte et ancien « Vlaams Bouwemeester », bOb van Reeth: « l’architecture doit chuchoter et non hurler ».

 

Développeur: CFE
Contracteur: MBG

Photos: Filip Dujardin

 

META architectuurbureau
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