XDGA

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Les villes sont aux prises avec un manque cruel d’espace. Et il y a différentes manières de pallier ce manque. Un regroupement des fonctions et une utilisation partagée de l’espace peuvent constituer une option. C’est cette solution qui a été déployée à Gand, pour la nouvelle école communale, Melopee, dans le quartier Oude Dokken. Le bâtiment abrite en effet également une crèche, une salle de sport et une garderie. De plus, grâce à la récupération de la chaleur des déchets et d’une entreprise voisine, il est également très respectueux du climat. Le tout s’inscrit dans l’ambition de la ville de devenir neutre sur le plan climatique d’ici 2050.

Lorsque vous vous approchez du quartier  du vieux port en empruntant le périphérique intérieur de Gand, vous ne pouvez pas manquer ce bâtiment différent, à côté de nombreuses nouvelles tours résidentielles. À première vue, on ne pense pas à une école. Cette construction ultra-transparente, une vraie bouffée d’air frais par rapport aux bâtiments scolaires fermés classiques – fait montre de beaucoup d’activité, de jour comme de nuit. Bien sûr, le regroupement de fonctions sur le site n’y est pas étranger. Willem Van Besien: « Pour le développement du quartier Oude Dokken, un plan directeur avait à l’époque été élaboré par O.M.A., le cabinet de Rem Koolhaas. Il est courant, dans de nombreuses villes, que les anciens ports soient démantelés en raison de l’expansion industrielle. Il s’agit généralement de quartiers intéressants étant donné leur situation à proximité de la ville et en bord de canal. D’autre part, souvent contaminés, comme ici à Gand, ces sites doivent d’abord être assainis. Pour le réaménagement, les projets ont été divisés et des concours organisés. Outre les aménagements privés et les bureaux, il y avait également un bâtiment public: l’école. Ce bâtiment était destiné à une école de Sint-Amandsberg et aux enfants du quartier. De même, la salle de sport gérée par Farys n’était pas réservée aux seuls enfants de l’école, mais devait aussi être accessible aux organisations extérieures. Précision importante pour la conception: outre l’école primaire, une crèche et un accueil extrascolaire devaient également être intégrés dans le projet. »

Melopee est un bâtiment qui frappe l’imagination. La construction spéciale de l’école résulte de la mission et de l’ambition de sogent, le maître d’ouvrage et du plan directeur d’O.M.A. Avec 40 mètres sur 60, le site attribué était relativement petit, même si XDGA a eu l’autorisation de construire sur 20 mètres de haut. Surtout lorsqu’on sait que chacune des fonctions à regrouper dans le bâtiment nécessitait un espace extérieur adéquat et partiellement couvert. Un bâtiment scolaire classique avec une cour intérieure n’était pas envisageable. Il a donc fallu chercher un moyen d’exploiter les toits. En outre, le plan directeur d’O.M.A. envisageait des développements perpendiculaires au canal selon un modèle en brochette, avec une alternance de zones bâties et de zones vertes de part et d’autre de l’eau. XDGA a donc presque été contraint de construire jusqu’au bord du site. Leur développement s’est fait juste à la limite d’une zone bâtie et d’une ceinture verte. Enfin, les plans de mobilité ont également eu un impact important. Avec notamment un quai le long du canal pour les cyclistes et les piétons, une route  parallèle pour les véhicules et un réseau de chemins de traverse entre les deux, qui courent le long de tous les projets, dernier point qui a joué un rôle majeur pour Melopee. Étant donné qu’ils avaient besoin de toute la surface, dans ce cas précis, cette exigence a été remplie le long du côté ouest du bâtiment, puis par l’entremise d’un pont de verre sous la cour de récréation.

« En raison de la surface limitée et du besoin de beaucoup d’espace extérieur, nous avons rapidement pris conscience qu’il faudrait en quelque sorte superposer les volumes. Nous avons brièvement envisagé un modèle par gradations, mais nous avons finalement opté pour une approche très rationnelle afin de pouvoir conserver un programme intérieur aussi compact que possible dans un volume rectangulaire qui exploite à la fois la hauteur, la longueur et la largeur de manière optimale. En limitant cependant la profondeur, l’espace extérieur libre a été optimisé. Comme cela n’était pas encore suffisant, nous avons également implanté plusieurs aires de jeu superposées dans une grande structure en acier. Chaque étage dispose ainsi d’un accès direct à un espace extérieur de qualité. Nous avons aménagé l’entrée du bâtiment sur la petite place urbaine entre le côté nord et une nouvelle tour résidentielle conçue par BEEL Architecten. »

L’approche rationnelle du bâtiment se reflète également dans la structure rigide, qui répond à une conception en grille. Sur les façades du bâtiment, les espaces ont été comblés par des fenêtres ou par des revêtements en polycarbonate. Des plaques simples lorsqu’elles sont positionnées derrière un mur et doubles si ce n’est pas le cas. Cela donne un aspect uniforme à la façade et laisse entrer une lumière diffuse là où il n’y a pas de murs. Dans ce projet dont la conception a en permanence été réalisée à l’échelle de l’enfant, des aspects stricts sont combinés à des conceptions ludiques, tout en veillant à l’équilibre entre sécurité et aventure. Les aires de jeux comportent donc des toboggans, un bac à sable, des ressorts, un parcours d’escalade et même un potager en hauteur. Des plantes grimpantes ont également été intégrées au bâtiment, en réponse urbaine à la demande de verdure et d’aventure.

Melopee est par ailleurs tout sauf un bâtiment scolaire fermé. Il s’ouvre entièrement sur le quartier, et en tant que seul bâtiment public, il se distingue également des autres développements. « Nous avons délibérément voulu le concevoir comme une sorte de phare. D’où le choix de placer la grande salle de sport tout en haut. En effet, c’est un espace qui est souvent utilisé le soir et le week-end. Et nous voulions montrer cette activité. D’autre part, nous l’avons rendu transparent du point de vue des enfants, car cela leur permet, selon nous, d’être vraiment plongés dans la ville. Depuis les aires de jeux, il n’y a pratiquement aucune barrière vers l’environnement. Enfin, cette transparence est également une valeur ajoutée à l’égard des vues ainsi offertes depuis le bâtiment. »

Pour obtenir cette transparence, la structure extérieure a été recouverte de filets. Ceux-ci servent à la sécurité et des plantes y grimperont bientôt. Ici et là, des ouvertures ludiques ont été délibérément ménagées pour profiter du panorama sur le canal et la ligne d’horizon de la ville historique de Gand depuis l’intérieur du bâtiment, à travers les aires de jeux. Le bâtiment est essentiellement une structure en béton, seul le toit de la salle de sport est en acier en raison de sa grande portée. Il en va de même pour la structure extérieure galvanisée permettant de superposer les aires de jeux au moyen de dalles de béton coulées sur place. À cette fin, XDGA a travaillé avec Ney & Partners (stabilité) et le bureau d’études Boydens (techniques). Pour rendre la structure aussi légère que possible et avoir moins de colonnes visibles, des câbles de tension suspendus au toit de la structure extérieure ont été utilisés. Le choix du béton découle également des ambitions énergétiques de ce projet. En effet, il s’agit d’un bâtiment passif pour lequel le concept énergétique du plan directeur est en relation directe avec son environnement. Grâce à une petite centrale énergétique située sous la place, les eaux usées collectées peuvent fermenter et la chaleur dégagée par le processus est utilisée pour chauffer les bâtiments. Pour éviter la surchauffe en été et assurer un chauffage adéquat en hiver, un bâtiment présentant une masse importante s’imposait. Le refroidissement actif n’est pas non plus nécessaire; la climatisation est assurée par un système d’évaporation d’eau pluviale.

L’acoustique a également été une considération importante. À cet égard, XDGA a travaillé avec Daidalos Peutz. Les matériaux d’isolation acoustique ont donc eu une incidence sur l’intérieur. Des briques émaillées posées sur chant, dont les ouvertures laissent apparaître le matériau insonorisant derrière, déterminent l’aspect du réfectoire (rose clair) et de la salle de sport (bleu). Les plafonds ont été finis avec des panneaux de laine de roche recouverte de plâtre poreux laissant passer le son. Enfin, les rideaux jouent également un rôle dans l’acoustique. Simultanément, ils jouent aussi un rôle occultant.

Melopee est un exemple typique d’école polyvalente qui mise sur une utilisation multi-fonctionnelle. « Ainsi, la salle de sport dotée de son propre bar est facilement accessible aux utilisateurs externes en dehors des heures d’école, mais aussi la grande salle de réunion pour les enseignants et le réfectoire à double hauteur autour duquel les salles de classe sont disposées en U. » En effet, l’accès peut se faire via les aires de jeux afin que personne n’ait à circuler dans l’ensemble du bâtiment. La transparence et l’interconnexion des espaces dans le bâtiment permettent également de fermer facilement certaines zones. Grâce à un système EFC invisible, nous avons obtenu une dérogation en matière de sécurité incendie pour relier trois étages ouverts. C’était crucial pour nous dans le concept. De plus, l’escalier monumental qui les relie est un excellent exemple d’utilisation multiple, puisqu’il peut aussi être utilisé comme tribune. Et le piano dans le hall d’entrée n’est pas là par hasard puisque des concerts et spectacles peuvent s’y tenir. Lorsque nous avons su qu’une école axée sur la musique allait prendre ses quartiers dans le bâtiment, nous avons par ailleurs transformé une salle de classe en studio de musique. Avec Melopee, nous avons essayé de créer un environnement d’apprentissage et d’aventures agréable pour les enfants et une école très orientée vers le quartier et tournée vers la ville. »

Photos: Maxime Delvaux

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