Bakermat
Une typologie de ferme transposée dans un lotissement classique
Traduire adéquatement les souhaits du client dans le contexte est à chaque fois un réel défi. Ces souhaits peuvent s’avérer irréalistes ou, dans certains cas, les architectes doivent lire entre les lignes pour en percevoir l’essence. C’est ce qu’a fait Bakermat pour ce projet avec une transposition contemporaine de la typologie de ferme dans une maison très typée construite dans un lotissement classique.
Les maîtres d’ouvrage avaient été impressionnés par une ferme rénovée dans le cadre d’un projet de logement collectif de l’architecte. Cependant, ils n’avaient pas acheté une ferme, mais bien un terrain à bâtir dans un lotissement classique… Bakermat s’est donc mis en quête d’une conception plaisant au client et qui puisse s’intégrer dans le contexte. Matthias Hemelsoet : « En fait, les maîtres d’ouvrage appréciaient l’aspect caractéristique de la ferme, tant du point de vue de la forme que de la palette de matériaux. Ils voulaient quelque chose de personnalisé et ne voulaient absolument pas d’un bien que l’on retrouve sur le marché par treize à la douzaine. Dans un premier temps, nous avions envisagé de doter l’extension d’un toit plat, mais lorsque les clients ont exprimé leur souhait d’une conception avec plus de punch, nous avons décidé de partir de la structure du toit en pente du bâtiment principal pour les annexes. C’est ainsi qu’est née la forme particulière qui a les immédiatement convaincus. »
Outre son aspect, la maison se distingue aussi par son implantation. En effet, Bakermat n’a pas opté pour un bloc au centre de la parcelle, mais pour une construction en L longeant le bord d’un de ses côtés. « Nous avions constaté que les habitations avoisinantes ne disposaient plus de beaucoup d’espace pour l’aménagement d’un jardin. Nous voulions éviter cet inconvénient. Nous avons demandé et obtenu une dérogation au règlement du lotissement afin de pouvoir construire à trois mètres et demi de la limite du terrain au lieu de cinq, et avons opté pour une construction étroite, toute en profondeur. Grâce à cette implantation et à cette conception, nous avons pu créer un grand jardin latéral clos sur deux côtés par l’habitation. L’aménagement paysager peut par ailleurs permettre de créer un tampon visuel sur les deux autres côtés, donnant ainsi l’impression d’une cour fermée. Le contact ainsi accru avec le jardin depuis l’intérieur de la maison invite également les habitants à vivre davantage à l’extérieur, même si ce n’est pas forcément évident dans un lotissement où l’intimité n’est pas toujours préservée. »
La construction en L comporte, à gauche de la parcelle, le bâtiment principal tandis que les annexes avec terrasse couverte et abri à vélos définissent la vue de face. Les toits en dents de scie sont rythmés de manière asymétrique au départ du toit du bâtiment principal, plus haut, vers les annexes. Cela donne un joli jeu de lignes dans le paysage urbain. Alors que le bâtiment principal se présente de manière plutôt fermée sur le côté par rapport à l’habitation voisine, il s’ouvre pleinement vers le jardin intérieur et les annexes avec la terrasse couverte comme élément de jonction de la forme en L. Les espaces de vie sont tous orientés vers le jardin intérieur et bénéficient d’une lumière naturelle abondante grâce aux fenêtres sur toute la hauteur de la façade. Bakermat a aussi pu répondre au souhait de lumière des clients grâce à une verrière à l’étage, sur la façade est.
À l’avant du bâtiment principal, à côté du hall d’entrée avec toilettes, se trouve un bureau/espace de fitness donnant sur la rue. Vous pénétrez ensuite dans la cuisine/salle à manger conçue comme un espace à double hauteur avec un vide et un escalier ouvert menant à l’étage supérieur. Alors que ces espaces sont baignés de lumière, l’aire de jeu contiguë et le salon situé à l’extrémité du volume d’habitation sont un peu plus intimistes. Dans la partie nuit, à l’étage, la chambre parentale et les deux chambres d’enfants ainsi que la salle de bains commune sont séparées par un grand palier baigné de lumière. Ce dernier sert également de coin lecture et salon. Un grenier assez spacieux est également disponible.
La forme inhabituelle de la maison est soulignée par les matériaux chaleureux. Le bois apporte du caractère et crée une atmosphère intime. Les menuiseries en aluminium noir et les tuiles et gouttières noires créent le contraste et l’image visuelle que les maîtres d’ouvrages avaient à l’esprit. En ce qui concerne les matériaux, le bois, l’acier et le béton tiennent la vedette. À l’intérieur, le caractère brut est donné par le sol en béton poli et la structure en acier laissée apparente. « En fait, la maison a été réalisée avec cinq porches en acier contenant chacun une structure en bois. Pour certains d’entre eux, le gros œuvre fait office de finition. Les clients en étaient demandeurs et ne désiraient pas de luxe dans les finitions. L’authenticité des matériaux était cependant très importante pour les futurs habitants ayant un penchant très prononcé pour la récupération. Toutes les portes intérieures ont été chinées par les propriétaires eux-mêmes aux Pays-Bas. Il faut dire que la conception de l’habitation, avec sa structure en bois apparente, le permet sans problème. Les clients ont été très impliqués dans le processus de construction et ont réalisé eux-mêmes le parquet à chevrons de l’étage. »
L’asymétrie du toit du bâtiment principal est liée au fait que Bakermat souhaitait construire au plus près de la limite du terrain. Pour respecter l’intimité des voisins, la façade est donc nettement plus basse que la façade ouest. Cela se répercute notamment dans la salle de bains, mais en installant la baignoire du côté de la pente, on a évité la perte d’espace. Sur le plan énergétique, la maison est également conforme. Une pompe à chaleur air-eau commande le chauffage par le sol et des panneaux solaires ont également été installés.
La transposition de la typologie de ferme dans un lotissement classique a incité Bakermat à créer cette façade expressive. « La propriété ne passe pas inaperçue depuis la rue. C’est une maison unique, que l’on ne retrouve pas dans le premier catalogue venu. D’autre part, nous n’avons pas conçu ce projet « spécial » au hasard. Tout a été bien pensé et a trouvé sa place dans la maison. Le résultat final a toutefois été influencé par le défi qui nous a été proposé par les maîtres d’ouvrage. Selon moi, l’authenticité des matériaux est un point fort. Je suis également très satisfait de l’implantation choisie. Je suis heureux que nous ayons persévéré dans cette voie, car cette solution offre une valeur ajoutée aux propriétaires, qui utilisent souvent et volontiers leur jardin. Avec une implantation différente, comme chez la plupart des voisins, l’extérieur aurait été moins invitant. Dans ce contexte, c’était la meilleure solution. Si c’était à refaire, je recommencerais de la même façon, peut-être même plus près de la limite de la parcelle si c’était possible. Parce que depuis la crise du coronavirus, les jardins gagnent à nouveau en importance. Or le projet a été mené à bien durant cette période.
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