BLAF architecten

BLAF architecten

Un concept de construction durable à l’extrême et une architecture expressive

 

Le terme « durabilité » tend à devenir un concept vide de sens et s’accompagne souvent – dans notre société – d’une bonne part de greenwashing. En effet, quel projet est réellement durable dans notre secteur complexe de la construction ? Avec ce projet, BLAF architecten – dont l’ADN est caractérisé par la construction circulaire, passive et à faible consommation d’énergie – s’en approche néanmoins beaucoup… Pour chaque projet, ils ont recours à la méthode de construction la plus durable disponible et parviennent à la concilier avec une architecture expressive et un intérieur captivant et chaleureux.

 

Même si le cabinet n’aime pas le mettre lui-même en évidence, ce projet a trouvé un écho énorme. Par l’entremise des médias sociaux, il a en effet été relayé sur différents forums d’architecture, notamment en Argentine, au Brésil, au Mexique, au Canada, en Australie et en Chine, mais aussi en Slovénie, en Croatie et en Allemagne. Il a même fait l’objet de plusieurs conférences. Les organisateurs de divers concours dans le monde entier ont demandé à BLAF de soumettre son projet. Comment expliquent-ils eux-mêmes cet engouement ? Bart Vanden Driessche : « Peut-être parce que c’est la première fois que nous construisons une paroi de cette manière. L’une des caractéristiques de notre bureau est la curiosité. Nous sommes perpétuellement à la recherche d’efficacité, que ce soit au niveau environnemental, énergétique ou budgétaire. Sur les plus de 600 habitations que nous avons déjà construites, presque chaque projet a été réalisé de manière différente. C’est également le cas pour ce projet qui, selon nous, ne pourrait être plus fort en matière de durabilité à ce jour. Cela nous apporte beaucoup de sérénité. En outre, l’implantation du projet dans son contexte et la sculpture hexagonale qui en résulte interpellent également. Je pense donc que la méthode de construction, combinée à la conception, est à l’origine de cet enthousiasme. »

 

Le maître d’ouvrage avait trouvé un terrain particulièrement attrayant dans un contexte qui, comme souvent, apparaît artificiel dans le paysage. Ainsi, cette parcelle se caractérise par le fait que la rue est en surplomb d’environ quatre mètres par rapport aux pâturages situés à l’arrière. La plupart des bâtiments voisins, plutôt traditionnels, avec des volumes en brique rouge et des toits à deux pans, ont été placés perpendiculairement à la rue et s’implantent un peu plus bas dans le paysage. BLAF a pour sa part décidé d’adopter une approche différente et d’exploiter le contexte en faisant usage de la dualité entre la rue et le paysage en pente, comme un champ ouvert vers la forêt à l’arrière. « Avec la brique rouge nuancée, nous nous alignons sur les autres bâtiments en ce qui concerne la matérialité, mais nous tirons parti de la déclivité. Pour ce faire, nous présentons un bâtiment plutôt fermé sur deux étages du côté de la rue, puis nous descendons, à l’arrière, avec une couche supplémentaire et une façade qui s’ouvre sur le paysage. Pour s’adapter à la parcelle, d’une part, et répondre à la demande du client d’autre part, le volume a adopté une forme hexagonale. En tant que pianiste, le maître d’ouvrage souhaitait disposer d’un studio de musique accessible séparément au public. Le passage circulaire qui part de la rue et longe le côté gauche du bâtiment a contribué à créer cette forme qui se présente comme une sculpture dans le paysage. »

 

Mais il s’agit bel et bien d’une habitation qui laisse entrer la lumière par les baies pratiquées à l’arrière et qui établit le lien avec le paysage. Le studio de musique se trouve au niveau le plus bas et jouxte un bureau. Au rez-de-chaussée, on trouve les espaces de vie communs avec la cuisine, le coin à manger et le salon, et au dernier étage, les espaces plus intimes avec les chambres et les salles de bains.

 

BLAF architecten ne jure que par les formes de construction hybrides, et se fait fort de l’expérience des projets antérieurs pour s’améliorer. « Cette façon de procéder est la meilleure – sur la base de notre avis, mais aussi pour l’avenir de l’économie de la construction. Tous nos projets sont placés sous le signe de la recherche et de l’expérimentation, et celui-ci s’inscrit dans la continuité du chemin que nous avons emprunté il y a longtemps. La brique est évidente pour nous. Pas seulement parce que nous l’avons « dans le ventre », mais aussi parce qu’elle provient de notre sol et fait partie de notre tradition. Il en va de même pour le bois. De ce point de vue, on peut dire que nous préconisons une construction « simple », avec des matières premières suffisamment disponibles. Nous laissons de côté les produits qui risquent à terme d’être épuisés ou qui nécessitent beaucoup d’énergie et dégagent beaucoup de CO2. L’architecture évolue donc en fonction de cette approche, et notre architecture peut être qualifiée de surprenante parce que nous ne savons pas à l’avance à quoi aboutira la meilleure méthode de construction au moment donné. C’est une combinaison de logique, d’écologie, d’économie et d’énergie. »

 

Pour construire cette maison, la construction du mur hexagonal en grosse pierre autoportante a été le point de départ. Cette pierre de Ploegsteert est nuancée et résulte du mélange de trois pierres standard différentes dont la face avant et la face latérale ont été utilisées. Le maintien de la forme hexagonale à tous les étages a également permis de créer des terrasses intégrées. À l’intérieur, on trouve une ossature bois contre laquelle a été posée une plaque de magnésium enduite d’argile ou recouverte d’un panneau de bois en guise de finition. Entre l’ossature bois intérieure et la brique extérieure, des blocs de chanvre jouent le rôle d’isolant. « Le chanvre constitue actuellement le meilleur isolant selon nous. Les valeurs obtenues ne le montrent pas encore, mais ce matériau possède d’autres propriétés importantes. Il est lourd – a fortiori lorsqu’il est associé à la brique – ce qui le rend très performant sur le plan acoustique et permet de limiter la pénétration de la chaleur, un peu comme les épais murs de château de jadis. De plus, c’est un produit dégradable. Si l’habitation est démolie, vous pouvez l’utiliser à nouveau et dans le cas contraire, il se désagrégera tout seul. En tant qu’architectes, nous avons donc la conscience tranquille. Car continuer à travailler avec des panneaux en PUR, l’amiante de l’avenir, n’est selon nous pas une option. »

 

Les architectes de BLAF ont également la volonté d’utiliser le moins de béton possible. Ce matériau a été appliqué dans une moindre mesure dans les bandes horizontales pour des raisons techniques de stabilité, afin de faire office de linteau au-dessus des grandes ouvertures. « Ces supports horizontaux ont également été mis en place en fonction de la charge du vent. En outre, nous avons utilisé du béton à la cave parce qu’il n’y a pas d’alternative pour retenir à la fois la terre et l’eau. Des études et développements comme Biocrete sont en cours. Une fois que ces solutions seront au point, il n’est pas impossible que nous les utilisions davantage. Les bandes horizontales de béton en forme d’éclair suivent les ouvertures des différents niveaux. »

 

Les intérieurs conçus par BLAF architecten sont souvent ludiques et chaleureux. La construction à ossature bois crée automatiquement une certaine atmosphère et de la chaleur. C’est également le meilleur moyen de chauffer l’air avec un minimum d’inertie thermique. Les matériaux comme la charpente en bois ont généralement été laissés en évidence. En outre, les demi-niveaux de ce projet apportent une certaine convivialité. « Ces demi-niveaux résultent d’une alternance de plafonds plus élevés et de plafonds plus bas, conformément au programme. Pour le studio de musique, un espace plus haut et un autre plus bas étaient souhaités ; par conséquent, certains autres espaces, comme le bureau, sont légèrement plus bas. De même, la salle à manger située au-dessus est également plus haut et le coin salon plus bas, ce qui crée une ambiance douillette. Les espaces qui permettent de créer des ambiances et des sentiments différents sont selon nous également nécessaires. »

 

L’escalier reliant tous les niveaux a été réalisé en acier laqué vert, selon la liberté poétique du concepteur. Ce qui frappe, c’est la forme compacte du bâtiment hexagonal. Il fallait en effet rechercher l’implantation la plus optimale en fonction du contexte et la meilleure manière de l’aborder. Un volume compact est plus facile à construire. Cela a été possible ici étant donné l’empreinte minimale du projet due au sous-sol – décalé de moitié vers la campagne – et l’utilisation des fondations dont nous avions besoin de toute façon. La réalisation de volumes compacts selon la Trias Energetica constitue par ailleurs un fil rouge dans le travail des architectes de BLAF. « Ce n’est qu’à la fin, au stade des finitions, que l’intuition réelle entre en jeu, le reste de la conception étant le résultat d’une certaine logique rationnelle. Mais à cet endroit et compte tenu des exigences, je pense que nous avons livré un bon projet. Un bâtiment qui s’intègre dans son environnement et dans lequel on peut vivre et travailler. Un bâtiment qui promeut également un mode de construction sain, avec un impact positif sur le monde. La durabilité constitue pour nous une source d’inspiration. Un mode de construction durable est essentiel.

 

BLAF architecten

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