Cuypers & Q architecten

Cuypers & Q architecten

Une rénovation de bon goût rend hommage à la côte

 

La bonne habitation au bon endroit. Il s’agit d’une quête permanente dans le processus de création des architectes. Lorsque les maisons sont endommagées suite à un incendie ou abandonnées, la tentation est souvent grande de faire table rase et de changer complètement de style. Le cabinet Cuypers & Q architecten n’a délibérément pas emprunté cette voie lors de la rénovation complète de cette maison côtière. Au contraire, la rénovation de bon goût et la matérialisation sont une ode au littoral en ajoutant une qualité et une expérience supplémentaires grâce à quelques interventions raffinées.

 

La situation de cette propriété est exceptionnelle à tous points de vue avec, à l’avant, une vue sur la digue, la mer du Nord et le port de Zeebrugge, et à l’arrière, une belle réserve naturelle. De plus, la parcelle est située à l’extrémité de la digue, qui se termine en cul-de-sac sur les dunes. La maison d’origine, construite dans les années cinquante, répondait à une architecture semi-ouverte de maisons jumelées. Un incendie, suivi d’une longue période d’inoccupation avaient tellement dégradé la maison qu’une rénovation totale s’imposait. Pendant longtemps, le projet n’a pas suscité beaucoup d’enthousiasme, mais les architectes de cuypers & Q ont tout de suite vu le potentiel qu’elle représentait pour un projet original. Ilze Quaeyhaegens : « À l’instar de plusieurs architectes, nous connaissions bien le quartier en question grâce à la maison d’architecte de Peter Callebout. Il s’agit d’un morceau de digue unique, car vous avez non seulement une vue sur mer, mais vous êtes aussi entouré par la réserve naturelle De Fonteintjes, à l’arrière. Mon beau-frère et sa femme cherchaient depuis un certain temps une propriété sur la côte et lorsqu’ils sont tombés sur cette propriété délabrée, ils nous ont demandé conseil. Nous avons tout de suite compris pourquoi elle était restée vide pendant si longtemps, mais d’un autre côté, nous avons vu qu’il était possible de restaurer l’image d’origine et de créer dans le nouveau volume, une véritable maison pour eux ainsi qu’une petite maison de vacances pour nous. »

 

Lors de la reconstruction, les règles d’urbanisme permettaient d’avancer légèrement le nouveau volume. En accord avec le voisin, une avancée a été réalisée pour le rez-de-chaussée et le premier étage. Par analogie avec la propriété voisine, ils ont également été autorisés à créer une extension à l’arrière, mais cette possibilité n’a en fin de compte été exploitée que partiellement. Gert Cuypers : « Nous avons principalement modifié la circulation, devenue centrale alors qu’elle était initialement latérale afin de pouvoir implanter deux habitations sur l’empreinte au sol. L’avancement de la façade avant nous a permis d’optimiser le rez-de-chaussée et d’y créer une véritable maison de vacances avec une porte d’entrée séparée pour nous. Une deuxième porte mène à l’étage où nous avons aménagé les espaces de vie au premier étage avec la cuisine, le coin à manger et le living, et aux deuxième et troisième étages les chambres à coucher, disposant chacune de sa propre salle de bains. La plus grande maison dispose également d’un garage. À l’origine, il y avait deux garages, mais nous en avons abandonné un afin de libérer l’espace pour notre maison de vacances. Le hall d’entrée extérieur légèrement renfoncé peut être fermé en cas d’absence par un portail supplémentaire sur la façade avant. C’est intéressant à la fois pour des raisons de sécurité et mais aussi pour se protéger du sable et du vent. »

 

Pour la volumétrie, Cuypers & Q architecten a décidé de s’inspirer des villas existantes sur la digue de mer, bien que le nouveau volume ne soit plus une image miroir exacte de l’autre maison (contrairement aux maisons jumelées d’origine), a fortiori dans la matérialisation. Ce que les architectes ont par contre délibérément conservé, c’est le gabarit du toit en pente, typique de l’architecture de l’époque glorieuse du littoral. Pour favoriser la lumière et la visibilité, ils ont intégré de grandes fenêtres et plusieurs terrasses dans le volume. Celles-ci renforcent le caractère original de la propriété et son lien avec l’environnement. Le grand chien assis de la façade avant, qui offre une vue exceptionnelle sur la mer depuis la salle de bains, est un exemple de cette intervention. En même temps, elle crée le lien de tout l’étage couchage avec la plage. « Nous aurions bien sûr pu opter pour des façades entièrement vitrées, mais nous avons volontairement choisi l’autre solution. Nous voulions rester dans la tradition du lieu et nous avons ainsi pu créer plus subtilement une expérience universelle. Cela explique aussi les quelques grandes fenêtres et les encorbellements à l’avant et à l’arrière. Nous considérons aussi qu’une maison a aussi simplement besoin de murs pour y accrocher ou y placer des objets et pour garantir l’intimité et la sécurité. Les ouvertures judicieuses sur l’environnement ont en fin de compte le même effet et sont plus surprenantes que si l’on dévoilait tout en une fois. Vous devez par ailleurs moins vous préoccuper du risque d’ensoleillement excessif. »

 

Le programme de ce projet spécial est donc double. La maison de plain-pied dispose d’un espace de vie spacieux et de trois chambres compactes donnant sur la réserve naturelle située à l’arrière, ainsi que d’une salle de bains commune qui fait également office de hammam. « Pour une maison de vacances, un espace de vie spacieux où l’on peut se retrouver en famille et entre amis est plus important que des chambres spacieuses. À l’avant, l’allée fait aussi office de terrasse. Cela aussi est courant sur la côte et nous voulions honorer cette tradition. Nous y recevons le soleil du soir, ce qui en fait un endroit agréable pour se poser. »

 

Dans la grande habitation, tout le premier étage est consacré aux espaces de vie. Le bureau, le lit de jour et le coin salon donnent sur la mer, la cuisine à vivre et le coin à manger sur la réserve naturelle. Les deux autres étages accueillent trois chambres spacieuses, ayant chacune sa propre salle de bains. L’une d’entre elles bénéficie d’une vue imprenable sur la mer depuis la baignoire (où un tapis de mosaïque a été drapé) grâce à l’encorbellement. La place prépondérante et la conception de cet espace ont été délibérément créées de cette manière, car un bain quotidien était un souhait du client. Des vitres miroir ont été utilisées pour garantir l’intimité du lieu. À l’arrière, l’encorbellement offre une terrasse à la chambre. Des lits surélevés permettent de rester en lien avec la mer à tout moment.

 

Comme nous l’avons dit, l’habitation se distingue de la propriété voisine par sa matérialisation, mais l’esprit du littoral est conservé. Les briques et les tuiles vernissées blanches de Vandersanden font honneur à l’architecture côtière par excellence. Les fenêtres dorées anodisées – en clin d’œil à la préférence du maître d’ouvrage pour les bâtiments art déco de Blankenberge – créent un accent chaleureux et ludique. En contraste avec le volume blanc abstrait, cela crée également un jeu subtil de lumière, de réflexion et de chaleur. Ce matériau revient également dans les détails de l’intérieur. Outre les considérations esthétiques et architecturales, le choix des matériaux a également été déterminé par la robustesse et la facilité d’entretien. Il s’agit de matériaux résistant au climat souvent agressif auquel sont exposées les maisons de première ligne situées sur la côte.

 

À l’intérieur, le blanc donne le ton également. Il y est associé à des éléments structurels en béton brut dont le bois de coffrage est resté apparent. Outre les plafonds, un noyau central structurel dont l’une des parois est en coffrage bois a également été prévu. L’escalier de ce noyau – dont les marches sont également en béton – s’étend verticalement jusqu’en haut. Les deux entités résidentielles se distinguent clairement dans la matérialisation. Dans l’unité d’habitation, le terrazzo définit l’image du rez-de-chaussée, où il est présent dans le sol, l’escalier ainsi que dans certains éléments intérieurs fixes comme l’îlot de cuisine flottant. S’étendant à la fois à l’intérieur et à l’extérieur, les sols en terrazzo agrandissent visuellement l’espace. Dans l’habitation principale, à partir du premier étage, l’accent est davantage porté sur le chêne, les escaliers en béton et le carrelage blanc de la salle de bains. « Là où il y a des sols en terrazzo, nous avons combiné avec des murs en bois, en placage chêne. Aux étages, on retrouve un parquet en chêne et les murs sont principalement blancs. La palette de couleurs et de matériaux dans la maison a délibérément été limitée afin de créer un sentiment d’unité et de calme, donnant à l’environnement l’attention qu’il mérite. En élargissant ce langage visuel – béton, terrazzo, chêne et stratifié – à l’ensemble du projet, les deux maisons sont en harmonie en termes d’atmosphère. »

 

Avec ce projet, les architectes de Cuypers & Q ont cherché à maximiser la relation avec l’environnement et à capturer l’esprit de ce lieu particulier. « On y va pour la mer. Chaque espace est en lien avec la mer, parfois de manière ostensible et parfois de manière plus subtile. Mais vous profitez aussi simultanément d’un magnifique domaine naturel qui s’étend jusqu’à la façade arrière. L’expérience de ces deux atmosphères dans une maison contemporaine qui garde l’esprit du passé est une unique. »

 

Cuypers & Q architecten

Bogaardestraat 10

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