DAGKANTarchitecten

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Des motifs accrocheurs sur le mur de l’école

Une extension de l’école conformément aux règles de construction d’une habitation adjacente. Oui, dans un pays rempli de construc- tions linéaires, il faut parfois faire preuve de créativité. Le Cabinet d’architectes Dagkant mit la main à la pâte dans une école primaire de Sterrebeek. Le défi? Convertir un terrain vague en trois classes maternelles et en deux classes primaires. Le fait que le terrain clôt une série d’habitations adjacentes a donné suffisamment de matière à réflexion: comment gérer les conventions des portes d’entrée et des fenêtres de maison? Comment implémenter un bâtiment au coin? Comment intégrer une façade qui n’a vraiment rien à voir avec les façades des voisins? Faire le contraire ou vous conformer? Nous avons coupé la poire en deux: respectueux horizontalement mais légèrement tape-à-l’œil.

Comme c’est le cas de beaucoup d’écoles, l’école primaire de Sterrebeek manquait de place. Heureusement, la fabrique d’église locale leur est venue en aide. Au lieu de devoir attendre une procédure qui durerait des années, la fabrique d’église – propriétaire d’un terrain vague à côté de l’école – a décidé de construire sur ses propres terrains. Le bâtiment sera loué par l’école pendant les vingt prochaines années. En raison de l’emplacement difficile et du fait que le nouveau bâtiment devra être divisé ultérieurement en vue d’être éventuellement loué comme immeuble de bureaux, la fabrique d’église a lancé un concours. Le design du Cabinet d’architectes Dagkant s’est révélé être le plus attrayant en raison de leur prise de position sans équivoque: un design réaliste et rentable mais qui s’exprime néanmoins de façon ludique.

 

Créatif avec des niveaux

Bâtir dans des constructions linéaires entraîne des règles et des normes. Les choses n’ont pas été différentes pour cette extension de l’école. « Nous avons été obligés de construire deux niveaux et avons aussi été limités dans la profondeur de l’extension à l’arrière. Heureusement, dès le début, nous étions sur la même longueur d’onde que les clients, ce qui nous a permis d’utiliser quelques mètres en plus à l’arrière pour autant que nous gardions une distance suffisante avec les jardins voisins », nous raconte Bjorn Houttekier du Cabinet d’architectes Dagkant. Il en résulte un volume com- pact ayant une superficie de seulement 410 mètres carrés, combiné au rez-de-chaussée et au premier étage. « Avec le budget d’une villa de taille moyenne, nous avons construit une école au format mini. »

Le plus saisissant est la façade avec des tuiles en céramique. « Nous avons cherché un moyen de rendre le bâtiment, en soi un volume massif, plus léger et plus intéressant sur le plan visuel », déclare Houttekier. Finalement, nous avons décidé d’utiliser deux revêtements de façade différents. En recouvrant une partie de l’étage supérieur avec des pièces grises, cela crée l’illusion qu’il s’agit d’un volume autonome. La légère variation en relief renforce la conviction de l’intervention architecturale. Le jeu avec la profondeur est uniquement dû au choix de blocs de construction plus étroits et à l’isolation à l’étage. À l’intérieur, les pièces ont exactement la même dimension. Le crépi gris crée un volume apparent supporté par la sous-structure horizontale bordée de tuiles. Le choix permet non seulement d’économiser de l’espace – et gagner ainsi de l’espace intérieur – mais permet aussi un look ludique. Les tuiles jaunes et blanches forment un motif en damier: une grille sur laquelle on a mesuré parfaitement toutes les ouvertures de la façade. « C’est frappant, voire ludique, mais c’est peut-être autorisé pour une école maternelle », semble-t-il.

 

Au millimètre près

Certaines fenêtres ont été accentuées davantage en créant autour un cadre jaune se prolongeant dans les intrados. « Les carreaux en céramique sont de 20 centimètres sur 20 et constituent, en tant que revêtement de fa- çade, une excellente alternative au plâtrage. Pourtant, il y a certaines choses à prendre en considération. Les joints élastiques de dilata- tion, par exemple. Ils ont tendance à se déco- lorer au fil du temps. C’est pourquoi nous les avons comblé les joints de dilatation avec un ton de gris correspondant aux joints de ciment environnants, afin qu’ils restent invisibles sur le long terme. » Un autre défi relatif aux tuiles est la nécessité d’un travail structurel très précis. La conception entière du bâtiment de l’école a été imaginée de telle sorte qu’une tuile ne doive à aucun moment être rognée. Chaque taille est exactement un multiple de la largeur de la tuile. « Le travail structurel ne devait pas être fait au centimètre près, mais au millimètre près. Cela nécessite des dimensions très précises et un contrôle continu pendant les travaux structu- rels. » Une difficulté supplémentaire réside dans le fait que le terrain n’est pas rectangulaire. Le bâtiment scolaire et le terrain sont légèrement obliques par rapport à la cour de récréation. Pour implanter le bâtiment, le Cabinet d’architectes Dagkant s’est concentré sur l’école voisine. Le côté rue forme le côté sud du bâtiment. L’entrée des classes maternelles est située sur la façade ouest, où le bâtiment donne sur la cour de récréation. Le volume inférieur abrite les enfants en bas âge. Grâce à l’enfilade de fenêtres, ils ont vue sur la cour de récréation centrale depuis leur classe. Le rythme clair des fenêtres assure la paix, mais aussi énormément de lumière naturelle et une grande perspective. Ce choix a une double raison: avoir de la lumière dans les classes, bien sûr, mais aussi une inspection visuelle de la cour de récréation. Cela confère au bâtiment une ouverture inattendue, même à l’intérieur. De plus, les fenêtres ont été placées exactement à la bonne hauteur de telle sorte que même les plus petits bambins puissent facilement observer leurs compagnons de jeu dans la cour de récréation. Les appuis de fenêtre ont été réalisés en modèle extra large, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. De cette façon, ils font également office de bancs pour les enfants.

 

Ouverture

Caractéristique propre de la méthode de travail du Cabinet d’architectes Dagkant, ce bâtiment est très économe en énergie. Avec une isolation d’au moins 20 centimètres, l’école fait mieux que la norme fixée. Pour éviter la surchauffe, les fenêtres situées sur la façade ouest et sud sont équipées de tentes solaires. La commande électrique se fait aisément dans la classe concernée. « Nous voulions un système à toute épreuve. Les techniques simples sont celles qui fonctionnent le mieux », fut l’explication. « Les écrans ont été limités autant que possible, car ils obstruent la vue et repoussent la lumière du soleil – des éléments de base de l’architecture qui sont de plus en plus margi- nalisés par la fixation actuelle sur l’écologie de construction technologique. » La surface compacte fut un véritable puzzle pour arriver à intégrer toutes les salles de classe et les installations sanitaires limitées. De façon pratique, un hall central forme le point de départ de l’ensemble du bâtiment. L’entrée est soulignée par un auvent en aluminium la- qué blanc. Le matin comme le soir, la lumière fournit l’accompagnement nécessaire. L’auvent permet également aux élèves de rejoindre les classes sans être mouillés. À l’intérieur, domine une finition avec de la menuiserie en bois et du verre. Chaque porte est flanquée d’une grande surface vitrée. Cela assure l’ouverture de toutes les classes et crée immédiatement une sensation d’espace dans ce qui est en soi un petit hall central. La visualisation directe entre les pièces se prolonge même dans les toilettes. « Les points de vue ouverts à l’intérieur permettent le contrôle et assurent l’ouverture dans un intérieur compact », semble-t-il.

Portes colorées

Pour l’aménagement intérieur, le Cabinet d’architectes Dagkant a opté pour une ap- proche simple avec des choix de matériaux clairs compte tenu du budget limité. Le bois, comme nous l’avons mentionné, mais aussi un sol en béton et un revêtement de plafond en panneaux en ciment amélioré. Ce dernier élément fut immédiatement un choix acoustique. « Afin de garantir une bonne acoustique dans les salles de classe, chaque salle a été séparée l’une de l’autre par le principe de masse-ressort-masse. À l’étage, nous avons également travaillé avec des tapis acoustiques. » Une touche visible représente le code des couleurs intentionnellement contradictoires utilisé pour les classes et les portes des classes. Ainsi, la première classe a un revêtement de porte jaune à l’extérieur mais un revêtement vert à l’intérieur, tandis qu’une autre classe a un extérieur vert mais un intérieur rouge. « Cela sème délibérément la confusion », rit Bjorn. « Nous voulons surprendre les enfants et les faire réfléchir à des conventions simples: intérieur/extérieur, les relations entre les classes opposées, les contrastes de couleurs. Un peu de confusion ne peut pas faire de mal. »

Double fond

Le Cabinet d’architectes Dagkant a été fondé en 2011 et est installé à Schaarbeek et à Ostende. Ces dernières années, le cabinet d’ar- chitectes s’est spécialisé dans la construction résidentielle, la rénovation et les intérieurs de boutique, en mettant l’accent sur une faible consommation d’énergie. « La sensibilisation à l’énergie a toujours été un thème de notre approche. Dès le début. Cela signifie que nous avons aujourd’hui acquis une solide expertise, ce qui est très utile maintenant que les normes énergétiques deviennent de plus en plus importantes et strictes. » Bjorn Houttekier qualifie l’architecture de Dagkant de contemporaine, mais pas minimaliste. « Nous optons pour un aspect agréable et confortable. Non pas froid et épuré, mais une architecture chaleureuse et agréable. » Pour y parvenir, le bureau s’efforce de bien communiquer. À la fois avec le donneur d’ordre et l’entrepreneur. Remettre en question des problèmes évidents est aussi une stratégie consciente. « Nous cherchons les relations et les doubles-fonds entre les différentes composantes du bâtiment. Quelles fonctions, par exemple, un hall peut-il offrir ou comment une façade peut-elle masquer la véritable volumétrie d’un bâtiment? » L’école de Sterrebeek est en service depuis septembre 2017. L’agran- dissement d’une maison communale et d’une bibliothèque à Beernem est actuellement en cours de construction.

Texte: Arne Vansteenkiste
Photos: DAGKANTarchitecten

 

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