Salens Architecten

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Le nouveau terminal de croisière: un pont entre la ville et la mer

 

On n’a qu’une chance de faire une première impression. Elle a donc intérêt à être bonne. Avec la construction de la tour ABC, Salens Architecten voulait que les passagers de bateaux de croisière se sentent tout de suite les bienvenus. En même temps, il voulait restituer aux habitants de Bruges un lien manifeste avec la mer, un lien dont ils puissent être fiers. Un bâtiment qui soit plus qu’un simple terminal de croisière pour les touristes. Pour y parvenir, on ne s’est pas contenté de rassembler différentes fonctions dans ce bâtiment. On a également fait en sorte que son architecture raconte une histoire et redonne au port des galons bien mérités.

ABC est l’acronyme de « Artes Brugge Cruise ». Artes Depret est une entreprise de construction qui a installé son siège social dans le nouveau bâtiment. La Compagnie des installations maritimes de Bruges (MBZ) comptait également parmi les maîtres d’œuvre et souhaitait un nouveau terminal qui puisse servir de base opérationnelle pour visiter Bruges et d’autres villes. Salens Architecten a immédiatement identifié la tête du port de plaisance comme l’emplacement à choisir. C’est en effet le carrefour entre les immeubles d’appartements à gauche et l’ancienne criée en face. Sans compter le village, à l’arrière. Une telle confluence a motivé Salens Architecten à suggérer, dans son concept, que l’on pouvait faire bien plus grand qu’un simple terminal de croisière. Dans leur vision, le bâtiment devait servir de catalyseur vivant pour le développement futur de Zeebruges.

Pour ce nouveau symbole du port, les architectes ont réuni deux typologies. D’une part, ils se sont inspirés de la typologie du beffroi, c’est-à-dire une tour en briques élevée sur un large socle, et d’autre part, la construction circulaire évoque la forme d’un phare. Olivier Salens: « Bruges est connue pour sa richesse et ses nombreux monuments splendides, mais cette richesse, elle la doit en grande partie à son port. Pourtant, bien que celui-ci ait déménagé vers Zeebruges en 1907 déjà, on n’y a jamais construit de bâtiments de la même valeur et de la même qualité que ceux que l’on trouve au centre de Bruges. On n’y trouve même pas de phare, alors que la plupart des ports ou villages maritimes en sont équipés. Avec cette construction, nous voulons créer une image qui y ressemble et ainsi, renforcer le lien entre Bruges et Zeebruges. Les commerçants de jadis sont les tourists d’aujourd’hui. La comparaison avec le beffroi est donc fondée. C’est la raison pour laquelle la tour ABC est également composée d’une large base sur  laquelle repose une tour de forme plus élancée. Sa réalisation est un hommage aux phares classiques, avec sa superposition de couches en briques rouges et de bandes blanches en béton. Enfin, la fonction de lanterne s’exprime à travers le restaurant qui occupe l’étage supérieur et qui offre une vue fantastique aussi bien sur la mer et les bateaux de croisière que sur une grande partie de la ville de Bruges. Le bâtiment n’est pas au milieu du chenal. La forme de la parcelle ne le permettant pas, on a dû l’aligner avec le boulevard. En conséquence, Salens Architecten a décidé de faire légèrement pivoter deux étages en direction de la place d’eau. Ils renouent ainsi une relation avec le port de plaisance. Le rez-de-chaussée du bâtiment se caractérise par des auvents dramatiques invitant les visiteurs à entrer.

En toute logique, le terminal de croisière se trouve au rez-de-chaussée. Celui-ci est intimement lié, par le biais d’un grand vide, au premier étage qui abrite un grand foyer/hall d’événements. Ce foyer s’utilise pour accueillir les passagers des grands navires de croisière, mais peut aussi être loué séparément. Au-dessus, quatre étages font office de quartier général d’Artes Depret. Les bureaux du sixième étage sont loués par MBZ. Le septième étage est composé d’un centre pour visiteurs avec terrasse vers l’arrière et de la première partie du restaurant panoramique du côté du port de plaisance. Le restaurant se poursuit au huitième étage, qui abrite également l’espace sanitaire et technique. La combinaison de toutes ces fonctions en fait un bâtiment vivant et chaleureux, à tout moment de la journée et tout au long de l’année. Le bâtiment remplit ainsi son rôle de catalyseur publique. S’il ne servait que de terminal de croisière, il ne présenterait aucune activité durant plusieurs mois de l’année. Ce serait une occasion manquée de valoriser le port de plaisance.

Lorsque l’on prévoit de réunir différentes fonctions dans un seul bâtiment, chaque partie concernée souhaite y reconnaître ses propres valeurs. C’est un défi difficile qui a été relevé tant dans le symbolisme des formes que dans la matérialisation. L’intégration des colonnes profondes en briques rouges rappelle la vue du beffroi. Bruges est, après tout, une cité de briques, et Salens Architecten voulait absolument apporter la chaleur de ces briques à Zeebruges. Ainsi, sa construction aurait l’allure d’un édifice public qui, tel le beffroi de Bruges, pourrait jouer le rôle de nouveau centre de Zeebruges. Si l’on regarde le bâtiment en biais, les colonnes profondes donnent l’illusion d’une tour massive. D’un autre côté, le port et la vue sur la mer sont essentiels. C’est la raison pour laquelle on peut pratiquement voir à travers la construction si l’on se place juste devant elle.

Les colonnes, toutes dotées d’un chanfrein différent, incarnent à la fois le caractère solide et le raffinement de la construction. Ce fut un véritable exploit que de les monter sur place et de les réaliser avec une pierre chanfreinée, qui a d’ailleurs été reproduite de façon symétrique pour optimiser les frais. Une technique classique qui s’applique parfaitement bien aux bâtiments modernes. En utilisant les briques de cette façon, on a pu obtenir d’une part une interaction des matériaux avec le village, et d’autre part une chaleur également pal-pable à l’intérieur du bâtiment. Un autre défi en matière de stabilité et de technique consistait à tourner deux étages en direction de l’eau, avec un plancher extrêmement fin. Salens Architecten y est parvenu à l’aide de béton précontraint par post-tension. Les différents tournants permettent en outre de maintenir un contact avec le port même depuis la terrasse du centre des visiteurs, qui se trouve pourtant à l’arrière du bâtiment. La superposition du verre aux quatre coins du bâtiment a permis d’aménager des points de vue uniques et de bien mettre en valeur les colonnes d’angle spéciales qui soulignent la compétence technique de l’entrepreneur. L’utilisation de laiton et de bois dans le hall d’entrée spacieux et dans le restaurant rappelle les premiers navires de croisière. Le plancher de la terrasse a également été conçu dans ces couleurs.

Une autre dimension de complexité s’observe dans les trois courants différents que prévoit la construction. L’arrivée des passagers de croisière, d’abord, avec une zone sécurisée pour le cas où quelque chose se produirait. Ensuite, le passage du personnel de bureau qui bénéficie d’une entrée séparée. Et enfin, l’accès du public au restaurant, au centre des visiteurs et au bâtiment de croisoire. Il n’a pas été simple de combiner ces différents flots de personnes, en particulier au rez-de-chaussée qui, du point de vue technique, a des exigences semblables à celles d’un mini-aéroport. L’axe central rassemble le service de sécurité, la douane et la police, qui peuvent ainsi efficacement communiquer avec les gens qui arrivent et ceux qui vont embarquer. Leur position permet une vue d’ensemble optimale même avec un personnel réduit. Quant aux bureaux, ils sont reliés à quelques espaces vides mais gardent à chaque étage un contact avec ce qui se passe dehors: l’activité du port, la haute mer et son va-et-vient de bateaux de croisière, le village de Zeebruges et, plus en hauteur, les tours de la Venise du Nord. Autrement dit, un spectacle passionnant, quel que soit son point de vue.

L’allusion et la connexion à Bruges sont également assurées à l’intérieur, grâce à l’art qui y figure. Un graffeur local a orné les colonnes du restaurant d’interprétations spontanées de la mer, mais la pièce maîtresse est sans aucun doute « The Unloved », une œuvre d’Ellen Harvey qui contribue à la première impression donnée aux touristes dans le hall d’entrée. Cette impression est encore accentuée par la reproduction de l’œuvre sur une toile accrochée à l’extérieur. Avec ses 23 mètres, on n’avait jamais pu la voir sous cette forme au musée de Groeninge. Cette peinture énorme produite à partir d’une photo aérienne illustre la relation de Bruges avec l’eau, la mer via le canal Beaudoin. Ainsi, elle cadre parfaitement dans la vision conceptuelle du bâtiment. Il est clair que la tour ABC a de grandes chances de laisser une impression durable. Une bonne impression auprès des touristes et une impression débordante de fierté auprès des habitants de (Zee)Bruges.

 

 

Salens Architecten
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