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août 29, 2019

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By Nick

Une coquille en béton

L’objectif de l’architecte Frederik De Smet pour ce bâtiment à la commune de Waasmunster: créer un projet qui reflète sa passion du métier. Mission accomplie, et bien sous la forme du maître d’œuvre qu’est cette maison délicatement brutaliste. « Plusieurs camions s’y sont retrouvés bloqués », raconte Frederik De Smet lorsqu’il regarde le petit chemin perdu qui sert comme d’allée au terrain. « Après tout, je dirais miraculeux qu’il n’y ait eu qu’un seul camion qui ait heurté les maisons adjacentes, sans même parler du fait que les câbles d’électricité très bas au-dessus du lot n’ont pas été coupés. » Un sourire apparaît sur le visage de l’architecte, qui accorde une valeur particulière au bâtiment en béton qu’il a réalisé pour deux femmes à Waasmunster. Le bâtiment reflète en effet parfaitement sa vision de l’architecture et matérialise de manière inédite sa passion du métier. « Dès notre premier entretien, les deux habitantes et moi étions sur la même longueur d’onde et nous nous retrouvions dans quasi chaque aspect du projet. À un moment donné, j’avais même l’impression de créer une maison pour moi-même, une expérience et une entente que je n’ai quasi jamais ressenties avant. Et puis, l’entrepreneur principal a fait faillite, peu après le début des travaux, au moment où les panneaux en béton du premier étage venaient d’être installés. Pas difficile de s’imaginer la réaction des clientes, c’est un rêve qui s’arrête brusquement. Tout d’un coup, ces beaux projets ne semblaient avoir servi à rien. Bon, tout s’est arrangé, mais le moindre que je puisse dire est que ce projet de rêve était un projet peu évident. J’ai eu de la chance que j’aie vite trouvé un autre entrepreneur qui a réalisé un travail splendide, ce qui n’était pas évident du tout. Il fallait que le gros oeuvre soit réalisé parfaitement car cette structure en béton sert à la fois de construction et de finition. En combinaison avec les détails de maniaque qui caractérisent le projet et avec le béton comme matériau qui ne permet la moindre flexibilité, on sait quel exploit représente cette finition minutieuse, d’autant plus vu les circonstances. »

Du béton, du béton, encore du béton et du bois

La maison forme en réalité un seul large espace entièrement réalisé en béton; les façades, les parois, les sols et les plafonds, bien qu’avec de légères nuances. Le béton utilisé pour la construction du toit par exemple a été versé sur des panneaux de coffrage bruts en multiplex. Dans le plafond, on peut retrouver la texture du bois, offrant de la chaleur à l’intérieur. Ce même effet s’applique sur le sol, avec un motif nuageux dans dans le béton poli. Ces éléments subtiles contrastent bien avec les lignes très claires des joints du béton et des joints de dilatation, qui caractérisent l’entièreté des espaces, soulignant de cette manière l’uniformité de la construction.

« J’adore des dessins sans bords », témoigne Frederik De Smet. « J’estime que ni l’intérieur, ni l’extérieur ne peut se terminer à un certain point. Théorie qui vaut également pour ce projet, avec des espaces qui sont liés les uns aux autres. Tant verticalement qu’horizontalement, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le carport, l’entrée, la salle de séjour, la terrasse et les chambres à coucher se distinguent de manière organique et se trouvent en parfaite relation entre eux et vis-à-vis de l’environnement, alors que le tout se présente sous forme d’une coquille en béton. » À certains endroits, l’intérieur et l’extérieur semblent être des dérivés, comme en témoigne par exemple la longue armoire en colonnes du salon qui semble continuer au-delà de la fenêtre à l’extérieur. Le dos de l’élément constitue en effet la façade qui sépare la maison de celle des voisins. « Il y a deux armoires en multiplex, dont l’une se trouve à la hauteur du salon et l’autre dans la cuisine. Elles se distinguent clairement du reste de la maison grâce au matériau utilisé et renforcent ainsi le concept d’une coquille en béton. À la fois, elles définissent subtilement certaines fonctions de la maison, sans toutefois réduire l’espace ou servir comme façade. »

Les fonctions de l’éclairage

Dans la salle de séjour, l’îlot central de cuisine en blanc se fait toute de suite remarquer et sert comme séparation invisible entre le salon et la chambre à coucher. Le choix d’un bloc sculptural impressionnant, sans toutefois être monumental, se montre un choix très conscient, avec une taque quasi invisible et une hotte intégrée. Les grandes armoires verticales en noir semblent disparaître dans l’intérieur gris. « Je dirais que l’îlot est le seul élément blanc qu’il y ait à l’intérieur » déclare Frederik De Smet. « Comme tout est gris, l’éclairage requérait une attention particulière. Il y a tout d’abord les fenêtres qui passent du sol au plafond avec des profils invisibles, mais il y a aussi la terrasse couverte face à la salle à manger. Le plafond de la terrasse a une large ouverture ronde qui permet d’avoir la lumière du jour à l’intérieur de la maison et qui contraste parfaitement avec le dessin très rectangulaire du projet. »

Alors que la maison profite d’éclairage naturel pendant la journée, elle est évidemment plus sobre le soir, de sorte que l’architecte joue avec différentes sortes d’éclairage artificiel pour créer des zones claires et des zones d’ombre. Les spots sont parfaitement intégrés dans le plafond et renforcent le rôle du large mur en béton qui entoure l’intérieur. D’autre part, il y a des armatures design rectangulaires qui, grâce à leur position diagonale, contrastent avec les lignes horizontales et verticales de la maison. « C’était mon objectif de créer un dynamisme joyeux, moins serré, créant un effet chaleureux à l’intérieur de la maison. En plus, à des endroits bien spécifiques, le plafond brut est éclairé par des spots au sol. Afin de créer une connexion avec le jardin, les habitants peuvent éclairer les grands arbres au bout du jardin, de sorte que le terrain autour de la maison sert comme élément décoratif. »

Des chambres à coucher de rêve

Derrière la cuisine, on arrive dans la chambre à coucher, qui se sépare du reste de la maison par la balustrade en verre noir et par un rideau blanc, cachant le bain. Au beau milieu de la chambre se trouve un lit kingsize, conçu sur mesure et réalisé en multiplex identique à celui des multiplex des éléments fixes de la salle de séjour. Le dressing noir constitue un mur visuel, derrière lequel se trouve une terrasse couverte avec un carport. Le mur de cet abri est réalisé en lamelles et empêche aux passants dans la rue de voir la douche. Là aussi, on retrouve la large ouverture ronde dans le toit, combinée avec des « trous » pour les spots, la douche de tête et la ventilation. « Initialement, on programmait y prévoir une douche extérieure », nous raconte Frederik De Smet. « Une idée qui a fait place à un olivier, dont l’arrosage se fait par l’ouverture ronde dans le toit. En plus, une telle douche à l’extérieur aurait été trop ouverte vis-à-vis des voisins. » La parois en verre noir entre la cuisine et la principale chambre à coucher continue jusqu’à l’escalier, constituant une balustrade en verre au premier étage, première étage, où se trouve actuellement une chambre à coucher avec un balcon au-dessus du carport. Sur terme, il est possible d’en faire deux chambres séparées. « Au moment des dessins, l’une des deux habitantes était enceinte, de sorte qu’il fallait des espaces privés et que la chambre soit acoustiquement isolée du reste de la maison par un parois en verre. » À côté de cette parois, une fenêtre énorme donne sur le toit au-dessus de la salle de séjour et sur les arbres éclairés pendant la nuit. Et aussi sur les câbles d’électricité bas…

Texte: Bart De Maesschalck
Photos: Evenbeeld – Philippe Corthout

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