OOA | Office O Architects

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Si l’architecture et l’art se croisent

L’objectif d’un architecte, est-ce de remporter des prix, ou plutôt de concevoir des endroits attrayants qui permettent de créer un univers à l’aide de structures et de matériaux? Nous sommes d’avis que le premier objectif soit secondaire; l’architecture comme métier à créativité personnelle où l’on réalise ce qui sort du commun afin de faire la différence. Sans vouloir dire toutefois que des prix ne soient pas une belle reconnaissance, comme peut le confirmer Office O Architects. Le projet Villa Sigma du bureau d’architectes de Magalie Munters a été sélectionné comme lauréat en finale des WAF Awards Buildings of 2017. Après avoir été l’objet d’un article dans la revue architecturale renommée MARK, ce projet impressionnant a été retenu dans la catégorie Future Projects, une sélection bien méritée. La conception futuriste semble être le décor d’un film de James Bond, alors que l’on dirait regarder un documentaire sur la nature en regardant la vue impressionnante, y compris la voix emblématique de Sir Richard Attenborough.

Commençons à la base: le nom Villa Sigma trouve ses origines dans le vaste projet de travaux à l’Escaut – le plan Sigma, qui doit protéger la Flandre contre des inondations de l’Escaut et de ses affluents. En même temps, le plan permet d’agrandir la richesse naturelle sur les bords de la rivière. « Le domaine s’étend sur une superficie de 35.000 mètres carrés. Il s’agit en réalité d’une zone naturelle avec l’Escaut d’un côté et la commune de Rupelmonde de l’autre côté », explique l’architecte Magalie Munters, fondatrice du bureau Office O Architects en 2006 et méritant une renommée croissante depuis grâce aux créations surprenantes et aux idées innovatrices. Le domaine de Villa Sigma se caractérise par la présence d’un large étang et par sa grande différence en niveau, une pente qui forme la base unique de la construction. Après la démolition de l’ancienne maison du site, OOA donne place à un pont comme élément de base pour l’habitation. « La grande superficie du terrain et la vue nous ont inspirés à concevoir un large volume reposant sur deux jambes d’appui, permettant de s’adapter à la zone d’inondation, mais aussi de faire profiter les habitants de manière optimale de l’Escaut, de la vue sur l’étang et de la nature étendue. » En outre, les propriétaires étaient demandeurs d’une construction hors du commun et recherchaient donc un architecte capable de créer une maison unique et exceptionnelle, un chef d’œuvre architecturale qui impacte la zone entière, tout en respectant la vie privée des habitants. Des critères bien spécifiques qui ont inspiré les maîtres d’œuvre à choisir OOA. Magalie Munters avait en effet déjà réalisé le projet récompensé de Villa MQ à Tremelo, une villa aux structures organiques et ondulées qui pourrait parfaitement figurer parmi des musées internationaux et parmi de vastes projets architecturaux. D’autres projets résidentiels ont été récompensés par des prix internationaux.

Villa Sigma donc. Afin de se connecter avec le village et de garantir une présentation optimale aux passants, la différence de niveau entre la rue et le terrain a quasi entièrement été supprimée. Du côté de la zone naturelle, l’on peut facilement apercevoir le volume ‘flottant’ à cause du relèvement du terrain d’une dizaine de mètres. Le fait que la construction se fasse tellement remarquer aux passants, résulte en une façade plutôt fermée, d’où le concept du pont qui sert comme connexion entre la commune et la nature et qui héberge la construction entre ses deux piliers. Pendant des années, les passants étaient privés de la vue impressionnante sur la zone naturelle par un mur énorme et par des arbres et des haies, alors que maintenant, on pourra y profiter d’une vue magnifique, sous forme de nature et d’élément architectural.

Un pont ailé, ce serait une description parfaite pour ce projet unique. La porte d’entrée se trouve au premier flanc et le bureau et les différentes chambres au premier pilier. Les différentes parties de l’ensemble sont connectées par des niveaux partiels et par des lignes souples. La principale partie de séjour, s’étendant comme une aile, lie la cuisine avec la terrasse. Des lamelles garantissent la vie privée des habitants, permettant de profiter de la vue sans toutefois permettre aux passants de regarder à l’intérieur. La partie de séjour connaît une double fonction; une large salle avec accès direct à la terrasse d’une part, couverture de l’espace en-dessous d’autre part. Ce dernier espace connaît différentes fonctions. Elle donne un accès direct à la zone naturelle, à la salle de stockage et à une terrasse supplémentaire au niveau 0, mais héberge également le carport, vu que l’allée à côté de la maison mène jusqu’à cette partie. Le deuxième pilier de la maison va jusqu’au bord de l’étang et crée de cette manière une connexion entre la maison et la zone naturelle. Cette partie donne place à la salle à manger, au salon et à d’autres parties pour accueillir des visiteurs, le tout en niveaux différés conçus en béton. Grâce à des techniques de plâtre spécifiques, l’architecte a pu créer des lignes fluides et des finitions organiques, aussi bien au niveau des façades qu’à l’intérieur. À l’intérieur même, il y a l’escalier en colimaçon qui attire l’attention du visiteur, bien qu’il serve également comme lien entre les différents niveaux. Pas de chambres individuelles dans cette maison, mais par contre une seule entité fluide d’espaces connectés qui sont agréablementséparés par des différences de niveau, évitant des éléments ‘froids’ et fermés tels que des murs ou des portes. Le résultat est une ‘promenade’ constante entre des couloirs et des passages, le tout avec une intuitivité absolue. Toutefois, ce manque de définition des espaces n’est qu’une apparence. De larges couloirs sont combinés avec des zones plus étroites, alors que de l’éclairage naturel pénètre jusqu’au cœur de la maison par le toit et via l’escalier en colimaçon. « La forme de la maison n’est pas seulement due à des choix émotionnels, mais témoigne aussi de logiques techniques, structurelles et organisationnelles. Les maîtres d’œuvre voulaient en effet une maison avec une plus-value architecturale et avec des structures organiques. Le résultat est le fruit d’adaptations continues et de liaisons de différentes fonctions », explique Magalie Munters. L’architecture unique caractérise le style de l’architecte. “Nous nous voulons innovateurs, sans perdre de vue les principes de base de l’architecture. Les principes de base constituent toujours le point de départ: la structure, le contexte, le programme et la construction. C’est seulement par après que nous jouons avec des éléments architecturaux tels que la forme, la lumière et l’espace, pour aboutir à des tensions intéressantes. » Selon l’architecte, la perception de l’éclairage mérite une attention absolue. « C’est l’espace qui est responsable d’un concept ou qui plonge les habitants dans un environnement. Le sentiment de l’espace a un grand impact sur le subconscient et mérite donc de sortir du commun. Nous voulons éviter les sentiers battus, c’est notre manière de redéfinir les limites – y compris les nôtres – et d’aller au-delà de ce qu’attend le client. » Office O Architects est un bureau multidisciplinaire, ou comme nous le disons nous-mêmes: « Nos projets sont innovateurs, raffinés et captivants, sans oublier les principes de base de l’architecture. Regardons le futur sans nier le passé. »

Texte: Arne Vansteenkiste
Photos: Office O Architects

 

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