BAEB

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Ce projet a été conçu pour enrichir l’espace public de demain

 

Vainqueur du concours pour la construction d’un immeuble mixte alliant appartements et un Centre Social et de Santé Intégré (CSSI) géré par Médecin du Monde à Anderlecht, le bureau d’architecture BAEB a élaboré son projet avec une vision résolument prospective. Ainsi, la concentration s’est tout particulièrement portée sur le dialogue entre l’ancien et le nouveau comme sur le rôle du bâtiment dans la ville de demain. La phase de construction est prévue aux environs de mars 2020 et le chantier devrait durer 24 mois.

 

L’intérêt urbanistique du projet: sa situation à l’entrée de Bruxelles et son rôle de quartier charnière

Avec son bureau d’architecture, BAEB, Emmanuel Bouffioux est habitué aux concours. Mais celui lancé par Citydev, opérateur bruxellois en charge du développement urbain, dans le cadre de l’opération CityGate, avait à ses yeux une saveur particulière. CityGate vise en effet à transformer un quartier d’Anderlecht sur plus de 100.000 mètres carrés avec du logement, des équipements, des activités économiques et des espaces publics. Un projet mixte par excellence! Celui de réhabilitation urbaine baptisé Goujons, se trouve à un endroit stratégique pour la mobilité, à l’entrée de la ville de Bruxelles, reliant un ancien quartier à la nouvelle ville. Un défi qui plaît à Emmanuel Bouffioux stimulé par l’intérêt urbanistique de la mission comme par la recherche d’une amélioration du cadre de vie de quartiers et de populations défavorisés.

 

Quand il sagit, ni plus ni moins, de revitaliser un quartier

Il faut en effet que sa future réalisation côtoie harmonieusement non seulement la Tour Goujons, c’est-à-dire un ensemble social sous la forme d’une barre d’appartements telle qu’on les concevait dans les années septante, mais aussi une voie de chemin de fer en léger surplomb. Mais il s’agit aussi pour Emmanuel Bouffioux de réfléchir au devenir de cet espace et de construire, avant toute chose, la ville de demain. L’enjeu du Projet urbain Citygate, dans lequel s’inscrit ce projet est, précisément, de transformer une zone mono-fonctionnelle d’industries abandonnées, en un quartier urbain mixte et d’améliorer les liaisons avec son contexte environnant.

Au-delà du bâtiment, il faut en effet trouver la solution la mieux adaptée à la communauté. Par ses lieux, ses atmosphères, ses espaces, l’architecture doit favoriser les échanges entre les différents usagers du projet. Puis il s’agit, aussi, de créer un espace public pour la place des Goujons où passeront des milliers de personnes. En d’autres termes: il s’agit plus de revitaliser un quartier que de construire un bâtiment à usage mixte. Car l’enjeu dépasse très clairement l’espace de vie des futurs habitants des 35 appartements, et même celui des personnes qui fréquenteront le centre médical de 1.500 m2 situé au rez-de-chaussée.

 

Une dizaine dimplantations testées pour faire émerger celle en forme de fer à cheval

Si la forme du fer à cheval a été retenue par BAEB, c’est que ce volume fermé offre une manière optimale de gérer les nuisances du chemin de fer d’une part et que, d’autre part, elle crée un ilot intérieur garant d’une certaine intimité aux habitants tout en favorisant les échanges sociaux et le partage. Bien sûr, cette réflexion n’a pas pris le dessus sur la stratégie à mettre en place pour garantir la durabilité de cet ensemble. Les deux aspects ont pesé de la même façon dans l’élaboration du projet. La philosophie développée se rapproche même de celle de la permaculture: respect de l’écologie et de la planète lors de chacune des phases de conception, d’exécution et de récupération des déchets et des éléments fabriqués.

 

Un bâtiment « vert » et Nearly Zero Energie, NZEB, sans chaudière

Grâce à cette philosophie, le choix des matériaux et des plantations (essences locales, non allergènes…) a été minutieux. Une partie des eaux pluviales est récupérée pour l’arrosage des espaces verts communs. L’utilisation de LED, non attractives pour les insectes, diminue la pollution lumineuse. La végétalisation des toitures offre un meilleur confort thermique, une rétention des eaux et une amélioration de la qualité de l’air par captation des
poussières.

Et ce n’est pas tout! BAEB a conçu un bâtiment qui n’affichera quasi aucune charge: les excellentes performances thermiques des parois et l’étanchéité à l’air du bâtiment permet d’atteindre le standard passif. Le centre médical, dans son enveloppe passive, compte une seule chaudière à l’usage des douches. Quant aux 35 appartements, ils ne rejetteront pas de CO2. En effet l’immeuble n’est pas doté de chaudière mais bien de panneaux photovoltaïques directement connectés aux appartements pour produire de l’électricité de manière individuelle. Ces panneaux occupent la moitié de la toiture. L’autre moitié étant dédiée aux espaces partagés (serres, bacs à plantes pour les habitants). Les rares radiateurs installés fonctionneront, en toute logique, à l’électricité!

Un choix des matériaux visant le bien-être et le confort y compris acoustique

Le choix des matériaux obéit, lui aussi, à une recherche d’équilibre entre qualité et budget. C’est ainsi que le projet appliquera au maximum le choix des matériaux avec labels écologiques reconnus, des procédures de standardisation, des certifications environnementales… Les matériaux devront en outre être garantis sans CFC/HCFC. Sans oublier qu’une attention particulère sera portée sur les indicateurs des polluants intérieurs (COV).

Parce que le projet est mixte, l’acoustique y tient une place toute particulière. Il s’agit en effet, d’une part, de régler différents types de bruits: entre les locaux du centre médical, vis-à-vis de l’extérieur et d’autre part, d’offrir un confort acoustique: à l’intérieur des cabinets de consultation, dans la salle d’attente… sans oublier qu’il faut maîtriser l’acoustique entre ces endroits dans la mesure où des sujets délicats peuvent être abordés dans le centre de soin et social. Dans le même ordre d’idée, le confort visuel avait, lui aussi, son importance. Le projet a fait en sorte que chaque local du CSSI ait des vues directes vers l’extérieur. Mais, pour garantir une certaine intimité, de la tôle métallique agit comme un filtre entre l’espace public et les cabinets de consultation.

Le réemploi de matériaux et l’économie circulaire

Au sein du projet, une attention particulière est portée aux différents matériaux et objets existant afin de les valoriser un maximum. Cela participe pleinement dans la volonté de bâtiment durable.Par exemple, ceux issus de la démolition des bâtiments existant seront réutilisés ou mis à disposition de plateformes d’échanges (terres de remblais, châssis, vitrage, isolants, etc.) Pour la nouvelle construction, l’entrepreneur effectuera un plan de réemploi (outil de consultation de matériaux de réemploi pour la commande de matériaux). Dès que possible, ces matériaux et équipements seront issus des plateformes d’échange et d’autres chantiers.Une toiture entre panneaux photovoltaïques et jardins partagés.La recherche du lien, de l’émergence de la ville de demain s’exprime aussi au niveau de la toiture. Là-haut, on verra sur une moitié des panneaux photovoltaïques et sur l’autre moitié, des serres, des jardins-potagers partagés auxquels il faudra, bien sûr, trouver un gestionnaire. Et si les jardins partagés se hissent sur le toit, c’est aussi pour libérer le sol et dédier le jardin intérieur au centre médical. Un centre médical au cœur, lui aussi, de toutes les attentions. Notamment, comme on l’a déjà évoqué, au niveau des vues souvent à protéger.

 

Un sous-sol prévu, lui aussi, pour la mobilité de demain

Ce qui distinguera aussi ce bâtiment, sera son sous-sol. Car quand on dessine la ville de demain, la mobilité ne signifie plus, loin s’en faut, voiture individuelle! On pense à travers la variété de modes de déplacement. D’autant que le bâtiment se trouve à un jet de pierre (800 mètres à peine) de la gare du Midi. De quoi trouver son autonomie sans recourir à la voiture. Le bâtiment se dotera dès lors d’un parking pour 110 vélos. Une manière de répondre aussi à la vision durable du projet.

 

Une autre facette de la durabilité: la modularité du bâtiment

Résolument tourné vers le futur, ce projet veut aussi offrir un bâtiment capable de s’adapter facilement aux nouveaux usages qui pourraient apparaître au fil du temps. C’est pour cette raison qu’a été choisi un système constructif en poutres-colonnes et d’un remplissage en cloisons légères. Afin de pouvoir les laisser libres et de les modifier sans contraintes, électricité, radiateurs et autres techniques sont prévues sur les murs de façades. Les luminaires sont ainsi commandés par des interrupteurs sans fil en vue de pouvoir modifier l’éclairage sans tirer de nouveaux câbles.

 

Remporter un concours comme signe de reconnaissance

Toute cette réflexion du bureau d’architecture autour de la ville de demain et des aspects de durabilité d’un bâtiment a passionné Emmanuel Bouffioux et son équipe. Il se réjouit aujourd’hui que cette passion pour la mise en place de la ville de demain avec un bâtiment à la fois différent et original ait été reconnue et couronnée par l’attribution du marché de promotion à son bureau BAEB et à Immo Louis De Waele. Une reconnaissance qu’il savoure d’autant plus qu’il connaît cette ville presque par cœur et lui voue un amour tout particulier.

Texte: Chantal Ernst
Photos: Asymétrie

 

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