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‘Site Van Oost’ redonne des couleurs au quartier de la Cage aux Ours et le sourire à ses habitants

 

D’une taille de 14.385 mètres carrés, le nouveau bâtiment à usage mixte, écoles et complexe sportif communal, de la rue Van Oost, revalorise un patrimoine architectural de XIXe siècle et revitalise un quartier de la commune de Schaerbeek. Retour sur une aventure passionnante avec le vainqueur du concours, Vincent Dupont pour le bureau d’architecture DDS+.

 

Implanter deux écoles et un complexe sportif communal sur une friche industrielle. Tout un programme

La demande de la commune de Schaerbeek, à travers son concours intitulé « Site Van Oost », remonte déjà à 2011. Elle souhaitait la création
de deux écoles, une francophone maternelle et primaire, une autre néerlandophone pour des enfants des mêmes catégories d’âge. Son souhait était également de proposer un complexe sportif ouvert aux habitants de la commune en dehors des heures scolaires. Tout cela devait trouver place sur une ancienne friche industrielle, celle des brasseries Roelants, fondée aux alentours de 1900 et disparues en 1962. Mais une autre difficulté venait corser la première: ce site, en intérieur d’îlot, est longé par une voie de chemin de fer. Le bureau d’architecture DDS+ se trouvait donc face à un site à géométrie incongrue et complexe. Leur réponse architecturale devrait tenir compte non seulement de la voie ferrée, mais aussi du voisinage, des vis-à-vis sur les cours de récréation et de la gestion des gabarits. Mais, comme le souligne Vincent Dupont, toute la richesse du projet se trouve, précisément, dans ces nombreuses réflexions à croiser…

 

Une articulation architecturale presque entièrement dictée par la circulation dans le bâtiment et les cours de récréation

Le contexte de ce projet, avec la spécificité de son terrain en intérieur d’îlot, est donc assez fort. Et il faut savoir que l’implantation d’une école dépend essentiellement de l’espace dédié à sa cour de récréation. Celle-ci impose en effet des normes strictes par élève ce qui se traduit par une surface assez importante qui lui est d’office attribuée. Ensuite, il s’agit de penser les interactions entre ces espaces récréatifs et les accès aux sanitaires, aux entrées, à l’infirmerie, aux classes… sans oublier de réfléchir aussi à la qualité de la surveillance ou au temps de circulation pour rejoindre les salles de classes. Car, sécurité oblige, tout se fait à pied et sans ascenseur dans ce type de bâtiment. Une évidence dont découle une certaine limitation dans le gabarit qui dépasse rarement le rez-de-chaussée plus trois étages. Ici, deux étages sont construits, mais tout le bâtiment est prévu, sur demande spécifique de la commune, pour accueillir un étage supplémentaire en cas de manque de places. Si besoin, une extension en hauteur peut donc être construite pour accueillir environ 300 élèves supplémentaires.

 

Le parti-pris du lauréat du concours: étendre la mixité du programme en préservant du logement en front de la rue Van Oost

Absente de la demande initiale de la commune, l’idée de transformer certaines maisons de la rue Van Oost (sans amputer le programme des écoles et du complexe sportif) en onze appartements a été proposée par DDS+ et son partenaire BPC. Ce dernier a pris cette partie du projet totalement à sa charge et en assure la vente. Il s’agit là d’ailleurs aussi de la seule partie de « rénovation ». Les écoles et le complexe sportif sont entièrement neufs ! Mais ce front bâti de la rue Van Oost, avec ses maisons du XIXe siècle et le porche historique des brasseries, devait, aux yeux du lauréat, être préservé. Le projet n’aura finalement demandé la démolition que d’une seule maison.

 

Des patios colorés et lumineux pour donner une ouverture au bâtiment

Côté bâtiment des écoles, la voie ferrée imposait un certain nombre de réflexions. Une contrainte qui a fait émerger dans les esprits du bureau DDS+ l’idée de fermer avec un mur plein la face en front de voie ferrée, mais d’y créer des ouvertures avec des patios colorés et plantés. Ceux-ci offrent des vues latérales et créent une sorte d’amortisseur entre la voie de chemin de fer et les locaux de classes. Ces patios sont là aussi pour faire entrer la lumière naturelle dans le bâtiment. Car le travail sur la lumière et la qualité de la circulation ont été très minutieusement pris en compte dans l’élaboration de ce projet. Pour DDS+, la lumière et la vue sont à l’origine d’un espace de qualité. C’est pour cela que la salle de sport bénéficie d’un éclairage zénithal et que les élèves ont une vue plongeante sur leur salle de sport. Celle-ci, partiellement enterrée pour répondre à son exigence de grande hauteur sans faire exploser le gabarit, se dote aussi de l’ancien porche des brasseries en guise d’entrée. Le travail sur la lumière demande par ailleurs une réflexion sur sa gestion puisqu’il convient d’aménager, par exemple, des protections solaires pour les façades orientées Sud ou Est-Ouest. Cette adaptation aux orientations impose donc des choix architecturaux: beaucoup de protections horizontales côté Sud tandis qu’elles sont verticales côté Est-Ouest.

Quant au choix des couleurs, tant dans les façades et patios que dans les détails de menuiserie intérieure, ils découlent d’une adaptation à la destination du bâtiment d’une part, mais aussi à l’envie de créer un univers ludique et joyeux au cœur d’un environnement gris et minéral. Une des forces du projet vient ainsi de ses patios qui amènent de la lumière, ouvrent la vue sur un jardin et créent un espace tampon avec la voie ferrée. Ils créent ainsi une sorte d’intimité accentuée par le fait que chaque patio est planté selon une thématique végétale discutée avec un spécialiste. Cette véritable « bouffée de vert » née des patios offre aux enfants une alternative à l’environnement minéral et gris de leur cadre. Celui-ci est d’ailleurs notamment dû à la grande surface occupée par la cour de récréation. Mais il est hélas impossible de remplacer une cour par un jardin. Les essais en ce sens n’ont pas été concluants: tout s’y dégrade très vite sous le piétinement des enfants qui, par ailleurs, amènent à l’intérieur du bâtiment les traces boueuses de leurs jeux extérieurs. Intenable.

 

Une enveloppe passive pour répondre à un enjeu majeur

Les bâtiments des écoles répondent aux standards passifs. Les façades sont fortement isolées, des panneaux photovoltaïques couvrent la toiture, l’étanchéité à l’air est assurée et des échanges de chaleur sont prévus pour la ventilation. Cela dit, la salle de sport, avec son volume et ses besoins très spécifiques au niveau de la ventilation, n’atteint les standards passifs qu’au niveau des performances de l’enveloppe. Et pour ce qui est des matériaux choisis, Vincent Dupont revient avec nous sur un bâtiment déjà construit à l’heure d’écrire ces lignes. Il reconnait que, vu la rapidité avec laquelle les points d’attention et les mentalités évoluent sur le sujet depuis quelques années à peine, il aurait sans doute fait, aujourd’hui, d’autres choix que celui par exemple d’isolants issus de la pétrochimie comme le polystyrène ou le polyuréthane. Il y a huit ans (en 2011, donc) il était essentiel d’atteindre une bonne performance énergétique. Et l’on se souciait moins des retombées des choix de certains matériaux sur le recyclage, par exemple.

 

Le bonheur de générer du plaisir auprès des gens est inestimable

Quand Vincent Dupont évoque avec nous ce projet, il se souvient de l’accueil reçu lors de sa présentation aux parents d’élèves en présence des représentants de la commune. Il faut dire que cette présentation avait lieu dans la salle de sport entièrement étançonnée d’une école située rue Capronnier (aujourd’hui fermée et prête à être démolie pour accueillir  un projet de logement). C’est dire si les parents des élèves qui allaient être transférés dans l’école de la rue Van Oost étaient aux anges en découvrant le projet de DDS+. Mais le bonheur fut encore plus savoureux pour Vincent Dupont et son équipe quand, une fois l’école ouverte et occupée, parents, enfants et professeurs exprimaient leur joie d’évoluer dans un cadre aussi enthousiasmant. Pour Vincent Dupont, ce projet permettait à DDS+ de sortir des sentiers battus. De se confronter à une problématique nouvelle. Et de savourer pleinement l’utilité de leur métier.

Texte: Chantal Ernst
Photos: Marie-Noëlle Dailly

 

 

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