LAVA

Un jeu d’architecture subtile au milieu de la société

En 2013, la zone de police de Balen-Dessel-Mol a lancé un concours de design pour son nouveau siège. Le projet était un bâtiment spacieux qui non seulement respectait toutes les normes fonctionnelles, techniques et juridiques, mais deviendrait également un lieu où les policiers pourraient entrer en contact avec le citoyen dans un contexte amical. Trouver un bon endroit ne s’est pas fait sans encombre, mais un site a finalement été choisi au centre de Mol, situé à côté d’une école et du chemin de fer et parfaitement intégré dans la société. Le cabinet d’architecture de Louvain, LAVA Architects, a remporté le concours de design et a permis de concrétiser sa vision. Le bâtiment a été délibérément construit à l’arrière du site afin de conserver un espace suffisant pour offrir un parc public et ainsi rendre le commissariat de police accueillant pour les citoyens. LAVA a conçu le paysager à l’avant de manière à ce que des arbres à feuilles caduques bien préservés s’opposent à la structure massive qui se situe à l’arrière-plan. De larges allées serpentent à travers les arbres qui peuvent être prolongés jusqu’aux futurs bâtiments voisins. La paix et la sérénité dominent, en partie parce que la flotte de véhicules de la police est logée sur deux niveaux souterrains et que la vue n’est pas perturbée.

Le commissariat en lui-même se trouve sur un socle, une élévation qui rend le bâtiment attrayant pour les passants, mais crée néanmoins suffisamment d’intimités pour une action policière appropriée. De plus, le socle, associé à la balustrade, permet de masquer le périmètre sécurisé obligatoire de deux mètres de haut. Les piétons et les cyclistes peuvent facilement se déplacer dans le complexe et un petit espace de stationnement à côté de l’entrée offre des places pour les automobilistes. Rien ne s’oppose à ce que les visiteurs trouvent leur chemin pour obtenir de l’aide ou de l’information.

Quatre espaces, quatre fonctions

La superficie totale de 7028 m2 du bâtiment semble compact, car il a été conçu comme une concaténation de quatre volumes, chacun ayant sa propre fonction. Le premier volume, plus petit, est situé à l’entrée principale et se compose de deux étages. Un espace d’accueil intime reçoit les visiteurs de manière appropriée. À la suite des attentats de Bruxelles en 2016, le hall d’entrée a été complètement blindé et sécurisé contre les cambriolages.
Le deuxième et plus grand volume est à l’arrière et offre une belle vue sur la commune. De cette manière, il sert également de repère aux résidents. Complètement fermée en bas, la « tour de signalisation » devient progressivement plus transparente vers le haut. Le troisième volume abrite la salle de sport et forme un grand porte-à-faux qui crée un espace de stationnement supplémentaire au rez-de-chaussée. Enfin ,le quatrième volume de trois étages abrite des salles de réunion et le réfectoire avec une terrasse adjacente située sur le toit et orientée vers le sud. Les volumes se touchent au sein de trois structures en vides. Ces derniers, conçus comme des oreillettes à double hauteur et une terrasse sur le toit, structurent la circulation interne. Ce qui aurait facilement pu devenir un bloc de briques avec une disposition classique est devenu une interprétation unique et innovante de la
méthode de travail contemporaine.

Thomas Delauré, co-directeur de LAVA Architects, explique: « Le design intérieur donne forme à la « nouvelle manière de travailler ». C’est un tout ouvert, un espace flexible où les collègues peuvent se rencontrer de manière informelle dans de nombreux endroits. Ces lieux de rencontre informels sont souvent situés dans les vides inondés de lumière et apportent de l’espace à un ensemble autrement compact. À la réception, nous voyons par exemple que le vide avec découpe polygonale rend le petit espace beaucoup plus léger. Cet équilibre entre masse et vide, fragmentation et défragmentation, est ce que nous recherchons dans toutes nos conceptions. Nous commençons par fragmenter le tout par fonction, ce qui la rend plus petite et plus intime. Ensuite, avec l’espace qui a été libéré, nous pouvons ajouter de la lumière et de l’ouverture au bâtiment. Dans la conception du parc, nous voyons également le jeu de la masse contre le vide qui prend forme: des îlots de verdure entourant des arbres robustes répartis entre des sentiers et des espaces ouverts. C’est cette spatialité obtenue et les vues créées qui deviennent souvent l’essence même de la conception, même si cela n’était peut-être pas à l’origine une demande explicite de la part du maître d’ouvrage.”

Saillies surprenantes

Sur le plan architectural, le bâtiment ressort de manière surprenante, notamment en raison de ses saillies de brique qui se répètent à la fois à l’intérieur et à l’extérieur. Les ailettes d’angle sur la façade extérieure reflètent le courage et le dynamisme. Mais les ailerons remplissent consciemment plusieurs fonctions: augmenter l’intimité en rendant difficile la visibilité immédiate, offrir une protection solaire passive pour soutenir les vérins automatiques, atténuer le bruit des chemins de fer adjacents et apporter de la lumière à l’ensemble massif. LAVA a élaboré un mélange de trois pierres extrudées dans des tons terreux. En approfondissant les joints horizontaux, l’horizontalité de l’ensemble du bâtiment a été accentuée, un rythme qui est ensuite subtilement interrompu par les ailettes verticales qui créent une ouverture. Les encadrements de fenêtre en chêne donnent le ton et soulignent une utilisation du bois qui est également fréquemment utilisé à l’intérieur. Tous les autres éléments tels que la porte d’entrée, la balustrade et les gouttières ont été conçues en aluminium anodisé de couleur champagne. La couleur s’adapte parfaitement au reste de la façade.

Anton Draye, architecte du projet: « Nous essayons toujours de brouiller la ligne de démarcation entre intérieur et extérieur. Cela est dû au fait que des éléments tels que les ailerons en saillie, les encadrements de fenêtres en bois, les briques et les accents de couleur champagne se retrouvent à la fois à l’extérieur et à l’intérieur. » Cette répétition engendre uniformité et austérité. « Néanmoins, une certaine fantaisie règne également à l’intérieur: des couleurs chaudes et des matériaux contrastants avec des colonnes et des poutres en béton robustes. Quatre types de revêtements de sol alternent par étage et par volume le bâtiment. La conception horizontale est aussi mise au défi dans les vides par les hauteurs verticales. »

Détails pointus

« Le commissariat est en fonction depuis maintenant deux ans et les corps de police nous ont fait part de nombreuses réactions positives. Ce n’est pas seulement l’ouverture, la circulation fluide et l’agencement qui rendent le commissariat de police agréable. L’inertie thermique du bâtiment contribue aussi au climat intérieur agréable, surtout pendant les chauds mois d’été. La ventilation nocturne souffle l’air en dehors des structures en béton, ce qui maintient le bâtiment à la bonne température plus longtemps. Le chauffage est effectué avec un système bivalent de pompes à chaleur et de chaudières à gaz. L’isolation acoustique a également été conçue avec des ingénieurs spécialisés: le bruit du chemin de fer voisin et le bruit entre les salles elles-mêmes ont dû être réduits au minimum. De nombreuses mesures ont été prises pour y parvenir. Tous les plafonds ont par exemple été peints avec une isolation acoustique sur le site et il y existe des boîtes en métal perforées dans chaque pièce qui étouffent le son. « Cependant, ces aspects techniques disparaissent complètement, car ils s’intègrent parfaitement au reste de la conception. Les boîtes en métal ont par exemple la même couleur champagne que les éléments anodisés. Ce haut niveau de détail caractérise la conception entière. L’esthétique et la fonction se complètent parfaitement et de manière symbiotique.

Texte: Elisabeth Myncke
Photos: Nick Cannaerts