D’hondt Beyens Goesaert eca Claeys-Haelvoet Architecten

D’hondt Beyens Goesaert eca Claeys-Haelvoet Architecten

La brasserie Omer Vander Ghinste a fait con-naître Bellegem, près de Courtrai, depuis cinq générations. L’importance de la brasserie est indéniable. Elle a non seulement entraîné une augmentation de la main-d’œuvre, la gamme de bières a elle aussi considérablement augmenté ces dernières années. Au point qu’une nouvelle salle de brassage s’imposait. Et celle-ci n’a pas déménagé dans une zone industrielle éloignée. Au contraire, elle se situe de l’autre côté de la rue, sur une parcelle triangulaire. C’est là qu’un nouveau complexe brassicole est né. Avec une architecture de brique expressive, celui-ci épouse le reste du site et s’intègre parfaitement au cœur du village.

L’histoire de la brasserie est si intimement liée à Bellegem que tous les acteurs ont accepté de poursuivre cette aventure ici. Malgré les grands défis qui l’accompagnaient. Oui, l’ancienne salle de brassage devait être rénovée et oui, ils possédaient toujours un terrain libre, seulement sa taille et sa forme étaient limitées. Un triangle relativement petit pour accueillir un si grand projet. Et de plus situé dans un quartier résidentiel. Laisser les installations principalement techniques à la vue de tous n’était donc pas une option.

L’équipe de conception, le bureau d’architecture et d’ingénierie DBG en collaboration avec les architectes Claeys-Haelvoet, qui a remporté le contrat, a donc dû travailler de manière très créative. « Il va sans dire qu’avec une telle conception, on part du processus logistique du brassage. Le départ est donné par le fabricant de la chaudière, car le déroulement du processus de production doit avant tout se dérouler correctement. Par ailleurs, le terrain spécifique joue aussi son rôle. Il ne s’agit pas d’un terrain rectangulaire classique, mais d’un terrain défini par une forme d’arc pourvu d’un dénivelé important. La conception du bâtiment découle donc en grande partie de celle du site, car nous avons vraiment exploré les limites de la parcelle. La forme en arc est de surcroît intéressante du fait des coques cylindriques. En effet, nous avons créé une enveloppe en brique autour d’un remplissage industriel qui épouse les contours des deux halls de brassage et des cinq silos. D’une part, le complexe s’adapte au cadre de vie, mais d’autre part nous n’avons pas voulu occulter totalement la fonction du bâtiment. D’où les ouvertures subtiles qui permettent une vue sur les silos et les différents claustras. »

Car en dehors de la production pure, le bâtiment est également accessible au public. Parce qu’une brasserie avec un centre d’accueil attire les touristes. L’entrée avec patio face à l’ancienne brasserie le montre tout de suite. Un escalier invitant emmène le visiteur le long du mur de briques jusqu’à la brasserie supérieure située au-dessus du niveau de la rue. Les visiteurs peuvent ensuite se promener le long des cuves de brassage et via diverses fenêtres en verre, ils ont également vue sur la salle de brassage en bas et le bâtiment authentique adjacent. Mais cela vaut autant la peine de regarder vers le haut. La construction spéciale du toit contribue en effet à l’expérience. « L’espace visiteur était très important et nous l’avons conçu presque comme un musée. Nous nous sommes inspirés de l’Oculus comme au Panthéon de Rome. La lumière du jour qui pénètre par le toit est exquise. Ce n’est pas seulement une intervention esthétique, car dans un bâtiment assez fermé, le puits de lumière est non seulement spectaculaire, mais aussi fonctionnel. La construction de toit entièrement autoportante qui forme cet Oculus a été réalisée avec des poutres stratifiées qui s’accrochent ingénieusement les unes aux autres et rendent les colonnes de la pièce superflues. Car les huit poutres reposent les unes sur les autres et sur le mur. C’était aussi un véritable exploit à réaliser. »

La nouvelle et l’ancienne salle de brassage sont directement reliées entre elles par une passerelle piétonne en surface. Cela contribue également à l’expression du nouvel ensemble et offre au visiteur la possibilité de visualiser l’ensemble du processus. La promenade ‘touristique’ traverse tout le complexe. Le fait que la brasserie ait un impact significatif sur Bellegem et grand frère Courtrai se reflète aussi dans l’appréciation qu’ils en reçoivent. La partie de la Kwabrugstraat où se situe la brasserie et qui traverse donc le nouveau complexe a par exemple été réaménagée et rebaptisée Brouwtorenstraat.

Comme pour le complexe d’origine, on retrouve divers volumes de briques et un volume de tour. Cependant, celle-ci ne fait pas oublier la tour de la brasserie d’origine avec son toit ondulé frappant. Cette vue du village typique a été préservée. Il n’a jamais été possible de copier la matérialisation des bâtiments de l’entre-deux-guerres. Le bureau n’a donc pas opté pour la brique émaillée jaune sable ou verte, mais pour un mélange de briques rustiques teintées de rouge. « La brique permet de traiter de manière très expressive la forme organique qui est apparue lors de la conception. Nous voulions aussi une matière avec un certain aspect tactile. Cependant, l’interprétation et la conception correctes ont pris un certain temps. Il y a eu beaucoup d’expérimentations avec des murs d’essai. Au final, nous avons utilisé deux briques de manière interchangeable, dans des compositions différentes et avec des finitions différentes. Elles ont été grattées, voilées et enduites d’un fin mortier. Ainsi pas moins de cinq ou six opérations ont été nécessaires rien que pour la maçonnerie. La manière dont cette expression a été réalisée montre des comparaisons avec le processus de brassage. Là aussi, il faut goûter et tester pour trouver la bonne recette. »

Alors que le revêtement en briques du bâtiment a été soigneusement moulé pour s’intégrer de manière architecturale aussi dignement que possible dans le centre du village, une matérialisation très brute a été choisie à l’intérieur des murs. La structure du bâtiment est constituée de béton coulé sur place dans lequel des ouvertures ont été pratiquées pour le toit entre les halls de brassage inférieur et supérieur pour les chaudières cylindriques. Encore une fois, techniquement un sacré défi à réaliser, mais le résultat est parlant. Il a donc été délibérément choisi de laisser ce béton à l’intérieur dans son état d’origine et visible. Ce béton apparent a été associé à la toiture spéciale en bois et, pour des raisons d’hygiène, à des tuiles qui sont également utilisées dans l’industrie alimentaire. Les belles mosaïques sont ici chaleureuses. Et enfin, un accroche-regard à l’extérieur est sans aucun doute la porte d’entrée du patio qui contribue à l’apparence architecturale du nouveau bâtiment. Celles-ci ont en effet été prises en charge par un artiste qui leur a donné l’apparence de l’acier Corten, y compris l’auvent en verre au sommet. Bellegem, la commune typique par excellence près de Courtrai aux portes des Ardennes flamandes, possède de nombreux dénivelés et se situe au sud de l’E17. Lors de la création de l’E17 en 1973, la ligne de partage des eaux entre la Lys et l’Escaut est restée pratiquement intacte. Courtrai se concentrait auparavant sur l’axe nord vers Heule, Lendelede et Roeselare pour son développement commercial et industriel. Cela fait de Bellegem et surtout de la brasserie Omer Vander Ghinste, l’exception qui confirme la règle. La brasserie veille à ce que le village ne s’endorme pas. Et de ce fait, le développement qualitatif et architectural de cette brasserie semble « non conforme » à la destination de la zone, bien que d’un point de vue urbanistique c’est loin d’être le cas. Bien sûr, on a aussi besoin d’un client qui comprend l’importance d’une approche architecturale. Mais ce fut certainement le cas ici. « Tous les choix ont été pris avec soin, en bon père de famille, mais le client ne voulait faire aucun compromis sur la qualité où que ce soit. La coque en brique et la construction unique du toit ne sont pas essentielles au fonctionnement de la brasserie. Néanmoins, le client a reconnu sa valeur ajoutée. Combiné au fait que nous avons réussi à réaliser un vaste programme sur une surface limitée dans une parcelle atypique, cela nous comble. Et malgré que nous ayons recherché les limites de la parcelle, elles ne sont pas dominantes. En raison du jeu des volumes, elle semble bien intégrée aux bâtiments adjacents. La brasserie est relancée pour de nombreuses années et grâce à ce projet nous préférons maintenant boire de l’Omer (rires). »

Texte: Sam Paret
Photos: Klaas Verdru

 

 

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