Atelier Vens Vanbelle

Atelier Vens Vanbelle

C’est la devise de l’entreprise heydays’’, mais c’était aussi le message que le client a lancé à l’Atelier Vens Vanbelle pour la création de son nouveau bureau. Celui-ci devait être construit le long de la rue animée Kortrijkse Steenweg entre Gand et Deinze, où l’ancien bâtiment se distinguait, mais pour une raison différente que son architecture. Maintenant, il le fait d’une manière étrange. Même David Lynch l’adorerait. La mission est donc accomplie.

L’entreprise innovante heydays’’, à l’origine une agence de linguistique, se concentre depuis plusieurs années fortement sur la formation linguistique et la communication pour les entreprises. L’originalité est l’une de leurs valeurs fondamentales. D’où leur slogan « Se démarquer de la foule ». La chef d’entreprise aurait aimé que la différence avec les autres se traduise dans le nouveau bâtiment. Se démarquer le long de la très fréquentée Kortrijkse Steenweg où il existe une agitation permanente est plus facile à dire qu’à faire. En revanche, la mission en est devenue d’autant plus ludique pour l’Atelier Vens Vanbelle. « En plus des immeubles de bureaux modernes et des garages automobiles, la Steenweg est aussi connue pour son nombre de plus en plus réduit de maisons de plaisirs. Une de celles-ci se trouvait d’ailleurs sur ce terrain. Outre les inconvénients, il y avait certainement des avantages à ça. Par exemple, une rue latérale de la route principale très fréquentée y mène directement, ce qui augmente considérablement la possibilité de visibilité. Vous avez ainsi deux mondes complètement différents à l’avant et à l’arrière. Contrairement au chaos et à l’isolement moins attrayants côté rue, le bâtiment à l’arrière profite de ce qui rend cette région si attrayante: le calme et la beauté des méandres de la Lys qui s’écoule entre les champs. Nous voulions aussi jouer cette dualité dans un design que nous considérions plus comme une image que comme un bâtiment. »

L’abstraction s’est établie assez rapidement. La façade avant, avec la longue façade aveugle sur le côté, créée déjà un grand volume. Ajoutez à ça l’orientation sud à l’avant et donc le besoin de protection solaire, on tombe généralement sur une vue prévisible avec trois étages. Mais c’est précisément ce que ce bâtiment et par extension l’architecture de Vens Vanbelle ne veulent absolument pas être. « En fait, nous avons créé une sorte d’illusion. Notre solution a été de doter la façade de Trespa noir et de placer devant celle-ci un cadre en aluminium, sur lequel des plaques de Trespa blanches ont été fixées à une grille. De cette façon, on obtient soudainement quelque chose de très graphique et clair. Ce n’est pas pour rien qu’un échiquier ou un drapeau d’arrivée se compose de carrés noirs et blancs. Il se démarque immédiatement, presque comme un symbole. En plus, la charpente sert aussi bien de protection solaire (la moitié de la façade est en effet fermée), car elle empêche de voir les pièces situées derrière, notamment la salle de bain du dernier étage. Placer un paravent devant une façade est une intervention que l’architecte japonais Kengo Kuma a souvent utilisée avec succès. Sur la paroi latérale aveugle, nous avons opté pour une combinaison de Trespa noir et blanc, afin qu’aucune distinction ne soit visible entre la façade pleine et celle qui est fermée. On ne peut voir l’éclairage à l’intérieur derrière la façade que la nuit, ce qui crée également un bel effet. »

Vens Vanbelle a répondu à la demande d’un rez-de-chaussée accessible en créant, en plus de quelques pièces séparées, un hall surdimensionné qui offre une vue à travers tout le bâtiment. En fait, il n’y a même plus de salle. Il s’agit d’un espace de réunion abstrait prêt à l’emploi où les employés peuvent organiser de courtes sessions individuelles ou des ateliers, mais aussi où des présentations ou des expositions peuvent avoir lieu. « Tout, sauf un hall d’entrée soigné traditionnel. Plutôt un tube qui guide la vue vers le paysage ouvert derrière. Pour réaliser cette vision littérale de tunnel, nous avons recouvert le sol, les murs et le plafond d’une combinaison ludique de carreaux jaunes et blancs. Afin de minimiser les interférences avec les autres fonctions du rez-de-chaussée (pièces séparées, escalier, sanitaires, débarras et kitchenette) et de protéger la vue de toutes sortes de portes, nous avons opté pour l’intégration de quelques ailerons en bois. La lucarne que nous avons intégrée en raison de la profondeur du bâtiment, en revanche, renforce l’effet aliénant de cet espace. »

En contrepartie, les salles d’étude et les salles de réunion/lieux de travail ont été meublées de manière très apaisante et confortable. Des panneaux de placage de bouleau de 60 par 60 déterminent l’apparence des murs comme s’il s’agissait d’armoires en bois. Qu’il s’agisse du tapis rouge qui mène à l’ancien bâtiment ou au théâtre, le tout reste sagement au milieu. Les salles sont volontairement très modulables, l’une d’entre elles est actuellement aménagée en studio de cinéma. L’escalier menant à l’étage supérieur, en revanche, excelle dans sa neutralité. Il est immaculé et blanc à l’extrême. « Nous voulions créer des ambiances diverses. L’escalier est une réinitialisation de ce que l’on a vécu au rez-de-chaussée. Tout est fini en blanc, même le bas des escaliers et la balustrade conçue par nous-mêmes, où nous avons soudé des profilés en L et entre lesquels nous avons tissé de la corde blanche. En prévoyant ici deux dômes au cœur du bâtiment, un point de repos est créé entre le bas et le haut. » Des bureaux aérés et transparents sont prévus au premier étage, où cette tranquillité est prolongée. On y retrouve à nouveau des murs en bois ou en plâtre blancs, cette fois avec un carré de tapis vert. On regarde ensuite le toit vert le long de la façade arrière ajourée et on oublie immédiatement la route très fréquentée qui se trouve derrière la façade avant. Tout en haut, au deuxième étage, l’espace est entièrement réservé aux employés avec toutes les fonctions traditionnelles comme une kitchenette, un coin repas et un coin salon. C’est l’intégration d’une terrasse intérieure à gauche qui valorise cet étage. Complètement à l’abri du vent et du soleil, on y profite d’une vue fantastique sur la Lys et les bateaux qui passent. « Nous avons pensé qu’il était important de rendre ce bureau aussi accueillant que possible. Après tout, les employés passent plus de temps ici qu’à la maison. C’est pourquoi nous avons choisi de faire plus de pièces que de bureaux, presque comme si on se rapprochait d’une maison mitoyenne. Structurellement, le plan n’est pas une révolution, cela se joue plus dans l’habillage. »

La Belgique est connue pour son architecture souvent audacieuse, ou osée, en matière de logement, mais peu d’immeubles de bureaux dans notre pays affichent leur identité comme ici. Avec tout ce qui s’en suit. « Quand on se démarque, on sait que l’on aura à la fois des partisans et des adversaires. Le bâtiment est difficile à classer, mais cela suscite un débat. Et c’est exactement ce que l’on veut, car cela permet de se démarquer. Pour nous, il était important de créer un bâtiment qui répond aux souhaits du client avec une touche spécifique. Pas choquante, mais étonnante. Comme les films de David Lynch. C’est une image que nous jugeons appropriée et nous sommes très heureux que heydays’’ a suivi notre vision. Elles étaient tout de suite en accord, le bâtiment ressemble presque exactement à notre maquette. Cela montre beaucoup de courage et d’audace de leur part et montre qu’elles agissent aussi selon leur slogan. Des clientes qui nous tiennent donc à cœur… »

Texte: Sam Paret
Photos: Atelier Vens Vanbelle

Atelier Vens Vanbelle
Fonteineplein 32 ı 9000 Gent
t. 0486 90 86 47 (Dries) ı t. 0486 65 76 02 (Maarten)
info@vensvanbelle.be ı www.vensvanbelle.be