GRAUX & BAEYENS Architecten

GRAUX & BAEYENS Architecten

Vivre en ville présente une valeur ajoutée évidente. Surtout pour ceux qui y vivent depuis longtemps. Pourtant, cette famille envisageait de déménager en raison de l’espace restreint de sa maison mitoyenne, du manque de lumière et du désir d’un atelier vélos. Le plan de Graux & Baeyens Architects (GBA) l’a convaincue d’opter pour la rénovation et elle est maintenant ravie de pouvoir rester dans sa maison.

Vivant en ville avec beaucoup de satisfaction depuis des années, cette famille déplorait toutefois le manque d’espace et de lumière dans la maison mitoyenne existante qu’elle occupait. Un déménagement était envisagé. En effet, ses membres parcouraient de nombreux kilomètres à vélo et le maître d’ouvrage pensait que l’atelier vélos qu’il désirait ardemment était impossible dans cette habitation. L’orientation de la maison était également problématique dans sa configuration originale. La parcelle étroite comportait une maison sur deux étages, une extension, également sur deux étages, et encore une petite annexe sur un seul étage. Cela se répercutait sur le manque cruel de lumière directe d’une part et d’espaces ouverts et de verdure, d’autre part. Basile Graux: « De plus, l’aménagement d’origine n’était pas optimal selon nous. Au rez, il y avait une salle de bain et un débarras derrière la cuisine. À l’étage, une énorme buanderie et une autre salle de bain. La question de savoir comment appréhender cet aménagement et implanter un atelier vélos ont déjà été partiellement déterminants pour la nouvelle construction. Après avoir analysé le site, nous avons décidé de prévoir un demi-sous-sol pour l’atelier afin de ne pas limiter encore plus le peu d’espace disponible. Nous en avons ainsi limité l’impact. »

L’autre question à laquelle GBA a dû répondre était la conception graphique à adopter dans la nouvelle configuration. Le principe de base choisi est une succession de triangles dans lesquels alternent les espaces fonctionnels et les espaces ouverts. Un oculus a ainsi été créé afin d’apporter de la lumière dans le nouvel ensemble. Koen Baeyens: « Les maisons de ville comportent souvent des pièces en enfilade. Les espaces intermédiaires reçoivent dès lors peu de lumière. L’oculus nous a permis de résoudre ce problème. Et bien que les pièces s’imbriquent joliment les unes dans les autres, elles conservent chacune leur propre identité. D’où notre choix d’implanter la cuisine de manière angulaire pour pouvoir créer une pièce polyvalente à côté. De plus, le mouvement de la pièce permet d’ouvrir la vue. Cette structure éveille la curiosité: l’on perçoit l’existence d’autre chose sans savoir de quoi il s’agit exactement. Dans une habitation, nous trouvons plus excitant de ne pas tout révéler de suite. »

Derrière l’angle dessiné par la cuisine, un couloir assez technique avec un débarras, des toilettes et une arrière-cuisine. Une solution pratique pour préserver la compacité. Au premier étage, GBA a cherché un moyen de conserver la même structure en triangles. La salle de bains, à laquelle on accède par quelques marches depuis la maison existante, présente le même angle que la cuisine située en dessous, créant ainsi une version allégée du triangle. Mais la salle de bains ne se distingue pas seulement par sa forme. « Nous voulions aussi absolument une fenêtre à l’extrémité de la pièce, pour avoir une vue sur l’extérieur depuis la baignoire ou la douche. Comme la pièce est en surplomb et bien orientée, elle est inondée de lumière et offre une vue fantastique sur la ville historique de Gand tandis que l’intimité est préservée. Nous nous réjouissons d’avoir reçu l’accord du maître d’ouvrage pour cette proposition. Grâce à cette ouverture sur l’extérieur et au choix du terrazzo, la salle de bain revêt des allures royales. Une pièce qui dépasse également la valeur d’une simple salle de bains lorsque vous laissez la porte ouverte et qu’elle converge vers la chambre principale et le dressing existants qui n’ont nécessité aucune intervention. Avec à la clé un sentiment d’espace, des perspectives et une généreuse lumière. »

Au premier étage, en n’utilisant que l’espace nécessaire pour la salle de bains et en laissant le reste ouvert, on crée à nouveau un apport de lumière et des vues depuis les pièces existantes situées derrière. Et grâce à l’oculus dans le toit, la cuisine située en dessous est également bien claire. GBA a par ailleurs trouvé intéressante la demande du maître d’ouvrage, qui souhaitait un bloc sanitaire supplémentaire à côté des deux chambres d’enfant, avec, éventuellement, une extension vers le haut. La création d’un chien-assis a constitué la solution. En plaçant une cabine de douche sous le nouvel escalier, les chambres des enfants sont restées de la même taille. Une grande salle polyvalente a ainsi pu être aménagée au-dessus dans le nouveau volume, sous le chien-assis optimalement vitré et donnant une vue imprenable sur les environs. Un bureau, une chambre d’amis, un atelier, toutes ces fonctions ont pu être intégrées dans un seul espace qui, pour sa seule vue, constitue l’apothéose de cette rénovation.

Les architectes ont opté pour une structure préfabriquée en acier pour la nouvelle extension en raison de son installation plus rapide, mais également pour la valeur esthétique supplémentaire qu’elle offrait. « Il a fallu beaucoup d’esquisses pour régler les questions techniques telles que l’isolation et pour régler adéquatement tous les détails. Comme les ailerons qui apportent une certaine légèreté à la construction. Ou les loges dans le mur d’armoires, parce que nous ne voulions pas le prolonger jusqu’au sol. Ainsi, vous pouvez percevoir la structure et voir comment la construction a été intégrée dans le projet. L’éclairage est également encastré. Autant de détails avec lesquels nous aimons jongler avec passion. »

La construction en acier a par ailleurs permis d’ouvrir un maximum de fenêtres sur la façade arrière. Les propriétaires ont choisi une menuiserie en bois pour la chaleur et l’image qu’elle dégage en façade arrière sur les différents étages, et pour les possibilités de détail offertes. La surface restante a été revêtue de crépi, par analogie avec la finition lisse de la façade avant, et parce que ce matériau ne demande aucune attention. À l’exception de quelques détails en zinc, c’est le terrazzo sur mesure qui tient la vedette dans ce projet, où il a reçu diverses applications. « Le terrazzo est à la fois esthétique et pratique. Vous pouvez le poser à l’intérieur comme à l’extérieur afin d’atténuer les frontières, et outre le sol, il s’utilise aussi pour le mobilier. Nous avons exploité cette possibilité au maximum. En témoignent la cuisine – sol, plan de travail et crédence – et surtout la salle de bains de l’étage, où sol, meubles de salle de bains, baignoire et paroi de douche parlent tous le même langage. »
La douche pour les enfants est quant à elle en polyester, car elle devait être un peu plus résistante.

L’abri/atelier-vélo a été construit avec des briques de récupération. GBA a cherché la bonne patine pour le coordonner au mur existant du jardin et a réfléchi à la meilleure façon d’intégrer la verdure sur une parcelle urbaine plutôt restreinte. À cette fin, les architectes ont délibérément laissé des bandes libres pour les plantations ultérieures. Au-dessus de l’atelier-vélo en demi-sous-sol, la toiture végétalisée fait aussi office de terrasse ensoleillée.

GBA a donc su créer l’espace nécessaire grâce à une extension compacte et bien pensée et à la création judicieuse de l’abri à vélos en demi-sous-sol. Un design qui va de l’intérieur vers l’extérieur, mais se traduit par une forme graphique appropriée. Il ne s’agit toutefois pas du plus grand atout de ce projet, selon le bureau d’architectes… « L’architecture permet souvent d’écrire un nouveau chapitre pour une maison existante. En l’occurrence, elle a permis de convaincre une famille qui était sur le point de quitter la ville d’y rester. Dans un contexte urbain, on voit souvent arriver de jeunes couples qui, une fois parents, fuient vers la périphérie, voire plus loin, par manque d’espace. Briser ce schéma grâce à une solution architectonique procure beaucoup de satisfaction. »

 

Texte: Sam Paret
Photos: Jeroen Verrecht

 

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