Bureau Bouwtechniek – Architectenbureau ZJA

Bureau Bouwtechniek – Architectenbureau ZJA

Qui songerait que ce paysage de dunes authentique est le résultat d’une mission de conception d’un nouveau casino et d’un bâtiment événementiel? Le consortium Nautilus*, qui englobe le cabinet d’architectes ZJA et Bureau Bouwtechniek (BB), a intégré le programme de construction dans un paysage rénové qui réécrit la relation historique entre la station balnéaire et la mer. Dans l’optique d’un avenir solide, l’équipe de construction a entrevu la possibilité de travailler simultanément à la construction du casino et à la protection contre les inondations, à la qualité de l’espace public, au renforcement de la digue et à la transformation de la place d’Épernay en espace sans voiture connecté à la mer.

Il ne s’agit donc pas d’une typologie classique de casino, mais d’un projet polymorphe dans un paysage public de dunes où se côtoient le jeu et le divertissement, mais aussi la rencontre et la culture. Exactement ce dont la municipalité de Middelkerke avait besoin. D’autant plus que le casino précédent avait été démoli il y a un certain temps et que le  site semblait à l’abandon. Leo ten Wolde (ZJA): « Aussi bien pour les habitants de la ville que pour les visiteurs, il n’y avait pas grand-chose à faire à Middelkerke. Les personnes qui y vivent et celles qui viennent s’y détendre n’avaient en fin de compte nulle part où aller. Bref, un nouvel élan était nécessaire. Avec l’arrivée d’une salle de casino, d’une salle événementielle polyvalente, d’un restaurant et d’un parking souterrain, la place redeviendra un véritable pôle d’attraction. Et l’arrivée d’un hôtel de plage donnera également un sérieux coup de pouce au tourisme à Middelkerke. Nous avions déjà noté que les résidents se montraient enthousiastes à l’idée d’un projet qui pourrait faire de Middelkerke une station balnéaire plus contemporaine. »

La question, bien sûr, est de savoir comment intégrer un programme aussi ambitieux sans avoir à reconstruire de grands blocs. Leo ten Wolde (ZJA): « L’idée de créer une sorte de paysage naturel à cet endroit a en fait surgi assez rapidement et spontanément. Une deuxième idée qui a survécu à notre premier jet était notre souhait de créer une sorte de gratte-ciel vertical qui contraste avec les blocs droits de la digue, par analogie à Vessel,  l’extraordinaire bâtiment en escalier de New York. Nous voulions un volume qui s’élève dans le paysage, sans qu’il occulte la vue depuis la place ou les blocs d’appartements sous-jacents. Par conséquent, nous devions intégrer autant que possible le programme dans le paysage. »

La décision d’aménager non pas un casino, mais un hôtel dans ce bâtiment emblématique et d’installer le casino dans le sous-sol a en fin de compte été un coup de maître. L’on préserve ainsi davantage de paysage, et d’autre part, un casino exige peu de lumière du jour. En ajoutant une couche de construction au paysage, le reste du programme pouvait également être intégré. Ainsi, le foyer autour duquel s’organise le reste du programme, le restaurant et une partie de la salle événementielle et du casino sont prévus au rez-de-chaussée, tandis que les fonctions d’appui telles que la cuisine, les espaces administratifs de la salle événementielle et le casino seront implantées au -1.

La forme inhabituelle de l’hôtel est inspirée du paysage de dunes, mais elle n’est pas née si facilement. Leo ten Wolde (ZJA): « Les formes arrondies et fluides s’intègrent mieux au paysage, mais elles anticipent également les conditions météorologiques extrêmes. Les spécialistes du vent que nous avons consultés, qui ont simulé l’effet d’une tempête sur le bâtiment, l’ont confirmé. Le fait que nous ayons aussi légèrement tourné le bâtiment permet une ouverture vers la mer et préserve autant que possible la vue des appartements sur la digue. » La réalisation d’un bâtiment aux formes arrondies est toujours un défi. Les courbes, ellipses et inclinaisons de ce projet ont requis une attention particulière. Elien Coppitters (BB): « Grâce à un modèle BIM détaillé auquel tous les membres de l’équipe de construction peuvent accéder, nous gardons les processus de conception et de construction sous contrôle. D’autre part, grâce à une coopération étroite avec les exécutants, nous avons déterminé comment réaliser adéquatement ces courbes. Ainsi, le paysage surélevé, par exemple, sera rendu possible grâce à une dalle post-contrainte en béton et sera complété d’un aménagement paysager. Cela permet de compenser certaines déviations de toit et de déterminer la bonne courbure nécessaire. »

D’autre part, c’est surtout la peau particulière du bâtiment qui définit la vue. L’enveloppe de bois Accoya formant une structure en X permet également de moduler quelque peu le langage des formes pour en faciliter la mise en œuvre en combinant des poutres droites et des poutres arrondies. À cet égard également, la formule d’équipe de construction est un avantage, car les concepteurs et les exécutants peuvent changer très rapidement. Compte tenu du climat parfois agressif, les matériaux utilisés dans ce projet sont très naturels, nécessitent peu d’entretien, sont robustes et s’harmonisent avec leur environnement. Quant à la palette de couleurs, des teintes évoquant la plage, le ciel et la nature ont été choisies.

La formation du nouveau paysage est également cohérente avec le paysage de dunes existant. Leo ten Wolde (ZJA): « Il est évident que le paysage et l’architecture sont très  imbriqués dans ce projet. Cela se reflète dans le langage des formes, mais aussi dans la  matérialisation et le choix des couleurs. Il est tout aussi évident que le paysage que nous avons ajouté s’inscrivait dans la continuité de l’environnement de dunes caractéristique du littoral belge. La plantation prévue est par ailleurs supervisée par Natuur en Bos et devait être indigène. Une fois le projet complètement terminé, il devra être ancré de sorte qu’on aura l’impression qu’il a toujours été là. »Avec le nouveau paysage, la digue sera repoussée vers la mer. L’espace supplémentaire ainsi créé offrira ouverture et visibilité et rompra la monotonie de la digue. Grâce à cette nouvelle dune artificielle, la place d’Épernay sera agrandie et redéfinie en un espace résidentiel attrayant avec vue sur la mer et accès à la plage. Comme l’équipe de construction a décidé de placer l’entrée et la sortie du parking souterrain dans une rue latérale, la place est également épargnée par la circulation. Et bien que toutes les autres fonctions se trouvent sous cette dune à l’exception de l’hôtel, celles-ci conservent également des vues spectaculaires grâce à des façades transparentes et des terrasses spacieuses.

L’emplacement spécifique en bord de mer comme la digue ont par ailleurs également été déterminants pour le projet, outre le paysage et le bâtiment lui-même. En effet, aucun bâtiment du littoral belge n’a été construit aussi près de la mer. Ici aussi, des études approfondies et des conseils de spécialistes tels que le Maritieme Dienst Kustverdediging ont été sollicités. Elien Coppitters (BB): « Actuellement, pendant la durée du chantier, le bâtiment fait office de digue temporaire, ensuite une digue permanente sera construite devant le bâtiment. La structure des parties souterraines est dimensionnée de sorte à résister aux tempêtes. La construction de la digue a été prévue pour résister à ce que les météorologues appellent la tempête du millénaire, notamment grâce à des protections supplémentaires. L’UGent a également effectué des tests de canalisation des vagues avec une version partiellement recréée pour voir quels pourraient être les effets de grandes vagues, mais même dans ce cas de figure, les résultats prédéterminés ont été atteints et nous avons intégré ces conclusions dans la conception. » L’imbrication du paysage et du bâtiment présente également un caractère durable. En se concentrant sur une enveloppe de bâtiment performante et des auvents en porte-à-faux, la demande en énergie pourra être minimisée. La peau en bois de l’hôtel constitue par ailleurs une protection solaire supplémentaire. S’inscrivant dans un esprit circulaire, ce bâtiment multifonctionnel a été conçu pour évoluer avec son temps. Ainsi, ce bâtiment flexible présente des planchers ouverts et chaque fonction dispose d’un accès séparé. Une structure qui laisse la porte ouverte à de nouveaux programmes dans le bâtiment à l’avenir.

Le fait qu’un paysage soit « drapé » et s’étende magnifiquement autour d’un bâtiment est à la fois spécial et rare. Bref, la concrétisation de ce projet est attendue avec impatience à de nombreux égards. Elien Coppitters (BB): « Il n’existe aucun autre endroit sur la côte belge où un casino est intégré de manière aussi  naturelle dans le paysage tout en offrant une vue sur la mer. Pouvoir loger directement sur la plage et avoir une vue depuis la tour sur l’ensemble du littoral est également unique. Après le coucher du soleil, la coque en bois s’illumine grâce à un système d’éclairage sophistiqué intégré sans la structure de la façade. Ce bâtiment sculptural impressionne dès lors par sa présence de jour comme de nuit. Et malgré ce langage des formes spécifique, la présence du bâtiment ne défigure pas le paysage, mais s’y inscrit avec douceur et subtilité. »

 

*Le consortium Nautilus est un partenariat entre le promoteur Debuild (fonction de maître œuvre), les concepteurs principaux ZJA (architecture) et DELVA (architecture paysagère), OZ (conception du casino et de l’hôtel) et Bureau Bouwtechniek (architecte en charge de la réalisation), les entrepreneurs Furnibo et Democo. Ils sont assistés par des experts de COBE, VK Engineering, Beersnielsen, Witteveen+Bos, Plantec, MINT et Sertius.

Photos: Proloog / bouwteam Nautilus

 

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