Egide Meertens Plus Architecten

Egide Meertens Plus Architecten

Un mariage réussi de la brique et du métal

 

La présentation d’une habitation est déterminée non seulement par le jeu des volumes, les bonnes proportions, la coordination des matériaux assortis, le raffinement des détails… mais surtout par la façon dont ces aspects sont intégrés en toute simplicité. Dans ce projet, une combinaison qualitative de briques et de métal, par exemple, donne beaucoup d’allure. Le cabinet Egide Meertens Plus Architects a dessiné ce projet inhabituel.

 

Le maître d’ouvrage avait trouvé un terrain libre dans une rue d’un petit village de Hesbaye appartenant à la commune de Tongres. Le quartier se caractérise par des résidences à l’architecture variée et par le beau paysage régional typique à l’arrière. L’utilisation du métal comme matériau de façade était évidente dans ce projet. En effet, le maître d’ouvrage dirige une usine métallurgique et souhaitait que son matériau préféré soit intégré dans le projet de manière raffinée. Un petit cabinet de kinésithérapie faisait également partie de la liste des souhaits. Bien que la vie privée et le travail soient inextricablement liés, les clients ne voulaient pas que les deux fonctions se mêlent. Egide Meertens : « C’est pour cette raison que nous avons créé une entrée couverte, la porte d’entrée étant délibérément plus en retrait. En ne positionnant pas l’entrée dans la façade, les allées et venues du cabinet restent à l’avant et n’interfèrent pas avec la maison, où la vie se déroule principalement à l’arrière. »

 

Un autre souhait du client était de disposer d’un garage intégré dans le corps de logis. Ce n’était pas une exigence facile en termes de PEB ni de conception. Pour Egide Meertens, il n’était certainement pas question de l’accentuer plus que la porte d’entrée. « Nous avons donc prolongé le revêtement de la porte de garage dans la baie de la porte d’entrée, que nous avons choisie transparente. Afin de laisser entrer suffisamment de lumière dans l’entrée couverte en retrait et d’accentuer la porte d’entrée, nous avons placé un puits de lumière derrière la porte d’entrée. La lumière du jour entre ainsi par le dessus. Une fenêtre placée dans l’espace vide amène également de la lumière naturelle dans la salle de bains. En effet, le maître d’ouvrage préférait que cette pièce soit dépourvue de fenêtre extérieure. C’est compréhensible, mais je pense qu’il est important qu’une salle de bains reçoive de la lumière naturelle. Nous avons donc pu résoudre ce problème de cette façon. Selon nous, la lumière et l’espace sont très importants dans une maison. »

 

Cette spatialité est également renforcée par la mise en place de lignes de visibilité. Egide Meertens veut offrir des perspectives comme une vue sur le jardin depuis l’entrée, sans pour autant tout dévoiler immédiatement. En outre, une distinction est invariablement faite entre la cuisine et la salle à manger, dynamiques, et le coin salon, qui a un caractère plutôt statique. « Nous préférons donc ne pas les placer dans le même espace et ne pas les concevoir de la même manière. Un coin salon nécessite une intimité et un éclairage différents de ceux d’une cuisine. Un meuble TV avec feu ouvert placé transversalement renforce cette intimité et délimite l’espace de vie. Le meuble avec feu ouvert semi-transparent permet quand même d’apercevoir le jardin. Un contact visuel avec le jardin est également établi via l’espace bureau. Les deux fonctions – salle à manger et cuisine actives, salon et bureau tranquilles – sont séparées visuellement par un patio avec terrasse. Les parois ouvertes du patio et de la façade arrière jouent également un rôle d’unification visuelle entre les espaces et le jardin arrière. »

 

La circulation verticale de l’habitation se situe à la limite entre l’espace dédié au cabinet et les espaces privés. Elle joue ainsi un rôle de tampon acoustique entre les parties privée et professionnelle. L’escalier est tourné vers l’environnement extérieur, mais séparé par une immense fenêtre devancée par une impressionnante maçonnerie de façade ajourée de briques empilées qui apporte de la lumière naturelle tout en garantissant préservant la vie privée. À l’étage, chaque pièce bénéficie également d’une intimité suffisante. Elles ne sont jamais contiguës. Les deux chambres d’enfants sont séparées par une cage d’escalier, la chambre des parents avec salle de bains et vestiaire, par le hall de nuit. Chaque chambre dispose de sa propre salle d’eau et d’un mobilier sur mesure. Murs, armoires et portes se fondent en un tout uniforme. La même approche a été adoptée pour le cabinet de kinésithérapie. En outre, les chambres ont été dotées de grandes fenêtres qui donnent sur le paysage, à l’arrière de l’habitation. Elles offrent une vue sur le jardin et sur les prairies en arrière-plan, jusqu’à la forêt.

 

Le revêtement de façade est un mariage réussi de la brique et du métal, mais pas seulement. Le dialogue entre la brique rouge allongée et le métal – en clin d’œil à la profession du constructeur – est extrêmement délicat. « La porte de garage n’est pas une simple surface métallique fabriquée avec des plaques disponibles dans le commerce. Elle a été réalisée avec de grands panneaux pivotants à ouverture hydraulique. Mais la particularité est que nous avons répété un motif de maçonnerie dans les plaques métalliques. Une plaque métallique rouge en arrière-plan renforce encore cet accent en donnant de la profondeur. Le motif de maçonnerie est également répété sur la boîte aux lettres, conçue sur mesure. Une autre référence subtile se retrouve dans la fenêtre d’angle du cabinet de kinésithérapie, dotée d’un cadre métallique en saillie. Les surfaces vitrées de ce cadre ont été collées à froid. Aucun profil n’est donc visible dans le cadre. Nous avons ainsi essayé de concilier la profession du maître d’ouvrage avec l’architecture de manière raffinée. »

 

Le traitement délicat des matériaux se reflète également dans les colonnes graciles de briques de façade. Pour réaliser ces colonnes particulières, les briques préalablement fraisées ont été enfilées sur des tiges filetées ancrées afin d’obtenir des volumes particulièrement légers. La même conception se retrouve dans la façade arrière. Elle apporte par ailleurs un éclairage très spécifique aux espaces qui en ont besoin, comme le hall de nuit et la cage d’escalier. Egide Meertens aime travailler avec une brique de façade subtile et de préférence dans une teinte rouge comme celle de Vande Moortel. Il s’agit de la couleur naturelle à l’issue de la cuisson. La même teinte brun-rouge a été appliquée aux menuiseries extérieures et au pavage. De plus, des plaquettes ont été posées à la place des faux plafonds. On obtient ainsi une certaine massivité tout en limitant la palette de matériaux. Toutes ces interventions contribuent à mieux intégrer la maison dans le paysage et à créer de la convivialité côté rue, malgré la façade plutôt fermée.

 

À l’intérieur aussi, la palette de matériaux a été limitée. La brique de façade revient ci et là, créant un lien entre l’extérieur et l’intérieur et une certaine quiétude. Même à l’intérieur, on trouve un clin d’œil au métier du maître d’ouvrage, avec la table de salle à manger composée d’un piètement en acier et d’un plateau en bois également réalisé par ses soins.

 

Egide Meertens considère également qu’une maison doit être durable du point de vue énergétique. Le cabinet tient donc compte des aspects énergétiques de la maison dès la phase de conception, de sorte que toutes les normes légales soient respectées. Ce projet obtient même un niveau E négatif, malgré la grande surface vitrée. Certes, le maître d’ouvrage – qu’il en soit remercié – était prêt à investir dans les techniques nécessaires.

 

Un bon contact avec le client présente toujours une valeur ajoutée. Mais à ce niveau, l’on peut même parler de bonne collaboration. « Personnellement, je trouve la référence subtile au métier du client dans l’architecture de la maison très réussie. Les vues créées et la lumière naturelle amenée donnent au projet une troisième dimension. Les proportions sont justes et le jeu des volumes atteint son but. Mais l’architecture doit avant tout créer une expérience et de l’émotion. Le maître d’ouvrage doit se sentir bien dans sa maison et pouvoir s’y poser agréablement. C’est l’essentiel. Grâce à une écoute attentive et une approche créative, l’image rêvée du maître d’ouvrage peut se muer en conception adaptée. »

 

Egide Meertens Plus Architects

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