Architectenstudio arQ

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Une immersion dans le zinc

 

Un jeu asymétrique de toits en pente. Une enveloppe de zinc engravé qui absorbe et réfléchit la lumière. Et une surprenante simplicité qui émane de la combinaison des deux. L’habitation réalisée par Architectenstudio arQ dans la région des polders d’Haasdonk intrigue à plus d’un titre. Elle constitue une touche d’excentricité en plein milieu d’une vaste étendue de champs, de prés et de cultures. C’est vraiment une anomalie dans ce paysage qui ne présente guère, ça et là, qu’une ferme isolée de temps en temps voire, tout au plus, une maison de campagne. Et pourtant, en même temps, l’habitation est parfaitement intégrée dans son cadre, grâce au langage sobre qu’elle utilise, grâce à l’allure d’entrepôt qu’elle dégage dans ce cadre agricole en apparence à l’abandon. L’ensemble présente un aspect général remarquable et cependant modeste. Un look prononcé, mais qui fait preuve de retenue. Et encore, cette façade particulière n’est rien de plus qu’un avant-goût de l’univers rempli de surprises qui attend le visiteur à l’intérieur.

 

Une réception en un temps record

Le maître d’œuvre et l’épouse de celui-ci savaient très bien ce qu’ils voulaient. Ils sont allés aussi loin qu’ils le pouvaient pour aider le bureau d’architectes dans son travail. Ajoutons encore que la collaboration avec l’entrepreneur s’est déroulée de manière optimale, et l’ensemble finit par s’apparenter à un plan infaillible. Il a fallu à peine six mois de temps pour que le projet du bâtiment d’Haasdonk prenne une tournure définitive. Et nous pouvons parler d’un exploit, étant donné la complexité du programme et le caractère restrictif des prescriptions urbanistiques en vigueur. « En premier lieu, ce projet est le résultat d’une interaction toute particulière entre le maître d’œuvre, l’architecte et l’entrepreneur », nous dit Karolien Van Haute, architecte de projets et collaboratrice de arQ. « Nous avions pour mission de transformer un bâtiment à l’implantation existante, assorti d’étables et autres annexes de ferme, en une maison d’habitation avec partie professionnelle et espace de bureaux. Ce projet était tout sauf évident, au vu des réglementations strictes en matière d’urbanisme. Il fallait donc exécuter les transformations au sein du volume existant, sachant que plus de la moitié des murs intérieurs devaient être conservés. La nouvelle construction devait également chevaucher, pour trois quarts, la surface bâtie disponible. De plus, en ce qui concerne le souci des détails et des finitions, la barre avait été placée très haut. Le suivi du chantier fut, pour ainsi dire, un travail à temps plein. Mais toutes les parties se sont parfaitement accordées les unes avec les autres, ce qui était déjà passablement exceptionnel. Boucler un projet pareil en six mois, cela s’apparente presque à un record. »

Dans une perspective d’avenir, le maître d’œuvre souhaitait que toutes les fonctions d’habitation soient intégrées au niveau du rez-de-chaussée. Ses autres exigences étaient les suivantes: une consommation énergétique basse, des armoires et des meubles intégrés, beaucoup de lumière, une vue dégagée, des matériaux chaleureux et une connexion privilégiée avec le jardin. La partie professionnelle et l’espace de bureaux tels que prévus à l’origine ne correspondaient pas aux prescriptions de l’urbanisme. Karolien Van Haute: « nous avons finalement opté pour un volume d’habitation modeste, côté rue, qui communique avec les étables existantes, ces dernières ayant été en grande partie conservées. La grange, au niveau du chemin, était encore en bon état général, et nous l’avons convertie en entrepôt. La porcherie basse, à l’arrière, a aussi été convertie en espace fitness avec piscine et débarras. La maison d’habitation originelle a été démolie et remplacée par une nouvelle habitation d’une taille essentiellement similaire. Les techniques durables ont également joué un rôle prépondérant dans cette histoire. Des panneaux solaires permettent de chauffer l’eau de la piscine, tandis qu’une installation de chauffage à pellets réchauffe l’habitation et les espaces de détente. »

 

Une façade en zinc et des toits en pente

L’extérieur du bâtiment n’est pas très parlant. La simplicité et la tranquillité priment. Néanmoins, la façade essentiellement aveugle ménage, avec espièglerie, le suspense par rapport aux trésors qu’elle dissimule en son sein. La multitude de toits en pente et les volumes emboîtés les uns dans les autres, en apparence sans effort, assurent rythme et relief à l’ensemble. « La partie habitation a été entièrement regroupée au niveau du rez-de-chaussée, en un tout cohérent où chaque fonction de logement possède son propre toit », nous explique Karolien Van Haute. « Grâce à la variation naturelle dans la conception des espaces, chaque toit possède sa propre relation à l’ensemble, en respectant la ligne architecturale imposée par les étables à l’arrière-plan. C’est ainsi que nous mettons l’accent, de manière subtile, sur le caractère rural du domaine, pour veiller à réaliser l’intégration harmonieuse de celui-ci dans son milieu. Et comme la nouvelle maison fait sept mètres de moins en hauteur par rapport à l’ancienne, elle se retrouve alignée sur les autres constructions environnantes. »

Les toits et les murs ont une structure massive, en combinaison avec une charpente en acier permettant de limiter la durée de la construction. Une solide couche d’isolation a été installée, l’ensemble étant ensuite recouvert de zinc, dès lors, cette structure assure masse et inertie à l’habitation. « En soi, cette construction n’est pas novatrice, mais sa finition faisant appel au zinc engravé l’est bel et bien », précise Van Haute. « Des pieds à la tête, le bâtiment est recouvert d’Azengar, une variante intemporelle du zinc classique qui est le fruit d’une démarche d’écoconception. Le matériau est plus mat, plus brut, et se présente dans une teinte plus claire. La surface hétérogène et engravée joue avec la lumière de manière étonnante. Associée à la teinte des fenêtres, elle assure à l’ensemble un aspect élancé et éclatant, et pourtant relativement sobre. À sa façon, le zinc délimite de belles bandes bien droites qui servent ensuite de base pour la partition des éléments de la façade. Le résultat est une maison modeste au premier coup d’œil, mais qui présente le grand avantage de préserver l’intimité de ses habitants de manière optimale, ce qui ménage l’effet de surprise, qui jouera à plein sur toute personne pénétrant dans les lieux. »

 

Le patio comme axe central stylistique

À l’avant du bâtiment, la sensation de confinement que l’on ressent ne laisse absolument pas présager de l’ouverture des espaces que l’on trouvera à l’intérieur. Un océan de lumière et de transparence se déploie soudain, orienté d’une part vers le jardin, d’autre part vers un patio central. De grandes surfaces vitrées invitent partout la lumière du jour à pénétrer à l’intérieur, tandis que des lignes directrices bien pensées font fusionner les espaces de manière harmonieuse les uns avec les autres. Le hall d’entrée et une chambre d’ami servent encore de zone tampon avec l’extérieur et la rue, mais la cuisine, la salle de séjour, le bureau, les chambres et la salle de bains communiquent les uns avec les autres dans un mouvement ondulant du plus bel effet, avec le patio comme ultime trait d’union entre eux. Karolien Van Haute: « le patio est le cœur vibrant de l’habitation, il a été conçu comme un espace intérieur immatériel qui façonne tous les autres espaces et les relie entre eux. Il fonctionne un peu comme une sorte de pôle d’équilibre, pris en sandwich entre l’habitation privée à proprement parler et les anciennes étables. Au sein du cadre de vie, le patio est délimité par des séparations vitrées, et le moindre rayon de soleil est une invitation à sortir de la maison. Là où le patio rejoint les étables, les murs sont badigeonnés en blanc, pour renforcer la sensation de se trouver dans une sorte d’atrium qui rend plus floue la limite entre l’intérieur et l’extérieur. »

L’utilisation de matériaux naturels participe à la sensation générale de grands espaces que la maison projette. L’impression de pureté que l’on ressent devant la façade trouve un prolongement à l’intérieur de la maison, dans une palette discrète de couleurs principalement du type « sable ». Le plafond est blanc, et il y a du parquet au sol. Là où il n’y a pas de surfaces vitrées, les murs accueillent des armoires encastrées en bois de bouleau multiplex, ce qui a aussi pour effet de rendre les portes quasiment invisibles. Il n’y a pas d’armatures d’éclairage, sauf deux séries de luminaires coniques, qui flottent discrètement au-dessus de la table de la salle à manger et de l’îlot de cuisine. Elles se situent à une hauteur de 2m 20, sur une sorte de ligne de référence qui se répète à travers toute la maison et sur laquelle toutes les finitions intérieures sont alignées, de la hauteur des armoires encastrées à celle des portes et des profilés de fenêtres aux cadres de suspension des tentures. Aucun élément isolé ne perturbe l’harmonie générale. L’ensemble se suffit à lui-même. Vous devrez même parfois y regarder à deux fois pour remarquer tous les éléments. Et c’est très bien comme ça.

 

Texte: Bart De Maesschalck
Photos: Lookadiz

 

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