Cocoon Architecten

Cocoon Architecten

Une maison d’architecte qui tire ses formes d’une synergie internationale

 

Lorsqu’on pense au Limbourg, on ne fait pas forcément directement le lien avec le Japon. Pourtant, cette province de Belgique a de nombreuses similitudes avec le pays du Soleil-Levant: son hospitalité, les arbres fleuris de Hesbaye, ses nombreux dialectes… Nous nous trouvons aujourd’hui à Genk. Akiko et Peter Geraerts, architecte et maitre d’ouvrage, nous accueillent dans leur chaleureuse maison familiale belgo-japonaise moderne. La symbiose entre influences belges et japonaises se fait sentir dès l’extérieur.

 

Une faible empreinte écologique

« Il était important d’avoir un emplacement facile d’accès. Près de la ville, à un endroit où nous pouvions en même temps profiter de la nature de façon optimale. Les maisons isolées ne sont pas toujours très écologiques, mais grâce à sa localisation et aux techniques de construction employées, nous avons pu développer un bâtiment durable, sans devoir faire le moindre compromis avec le confort », nous dit Peter Geraerts. « De nos jours, on insiste plus souvent sur la construction de petites maisons en ville, mais cela non plus n’est pas toujours une solution durable. Et qui plus est, c’est un type de maison qui ne convient pas forcément à tout le monde ». Cela nous amène à un des principes de l’architecture japonaise: c’est l’architecture qui détermine la qualité de vie et d’habitation. Au Japon, on s’efforce toujours de vivre en harmonie avec la nature. Il faut se sentir bien chez soi. « Nous avons fait le choix conscient d’une technique de bâtiment neutre en carbone, en combinant une armature en bois avec une façade en bois. D’un côté, ça donne une touche naturelle. De l’autre, cela comporte des avantages en termes de durabilité et d’isolation. Cette armature, invisible, peut être comblée par d’autres matériaux isolants. Nous avons opté pour un remplissage de cellulose (flocons de papier). Cette structure légère n’a aucune masse, ce qui fait que la chaleur est facilement évacuée lors des chaudes journées d’été », ajoute Peter Geraerts. Outre les matériaux, c’est également la manière dont l’énergie est produite qui rend ce bâtiment absolument durable. C’est ainsi que les panneaux solaires ont été pris en compte dans la construction, pour assurer un placement optimal afin de se rapprocher de la neutralité énergétique. Les panneaux sont invisibles, quel que soit l’angle de vue, tout en profitant pleinement de la lumière du soleil. « En plus de ces panneaux, le fait que nous ayons installé une pompe à chaleur et un système de ventilation équilibrée nous permet de nous approcher autant que possible de la neutralité énergétique. Si nous ne devions pas recharger la voiture, nous n’aurions vraiment pas besoin de courant », explique Peter Geraerts en riant.

 

Un bloc monolithique?

La façade extérieure minimaliste, revêtue de padouk labellisé FSC, revêt une apparence monolithique. Mais rien n’est moins vrai. Une fois à l’intérieur, on est frappé par l’espace, grâce au plafond élevé et aux subtiles différences de niveau. « Le volume est plutôt fermé à l’extérieur, mais à l’intérieur, tout est ouvert et transparent. Surtout en direction du jardin intérieur. La raison de ce choix est le voisinage. Nous avons ici des appartements dont les terrasses donnent sur notre jardin. Cette façade fermée est une manière de préserver notre intimité envers l’extérieur », dit Peter Geraerts. La fermeture de la façade n’empêche pas l’intérieur d’être ouvert. Les grands panneaux de verre et les petites différences de niveau estompent la frontière intérieur-extérieur. Les espaces se fondent les uns dans les autres. Le jardin intérieur relie les différents espaces entre eux et offre des lignes de vue intéressantes à travers tout le bâtiment. Ainsi, du bureau, on a une ligne de vue ininterrompue sur le jardin arrière. Toute une série d’ouvertures ont été réalisées aux endroits stratégiques. « Pas tellement pour la lumière, mais plutôt en tant que cadres donnant un aperçu du monde extérieur. C’est ainsi qu’on a une vue du bureau sur la rue; tandis que du côté habitation, au niveau du coin salle à manger, on voit le jardin arrière. Akiko nous explique qu’on y a planté un amélanchier. « Akiko connait très bien la faune et la flore. Au printemps, cet arbre se charge de fleurs blanches; les autres saisons, on y voit beaucoup d’oiseaux. Le salon donne quant à lui sur le jardin intérieur tout en étant placé en contrebas. Cela contribue une fois de plus à créer un contact direct avec la nature, sans devoir céder l’intimité », affirme Peter Geraerts.

« Une deuxième possibilité avec cette architecture ouverte est qu’elle permet d’intégrer une double fonction au bâtiment: un logement privé et un bureau. C’est également une des raisons pour lesquelles nous avons décidé de créer différents niveaux », ajoute Peter Geraerts. Le niveau le plus bas, à l’entrée de la maison, est le bureau. Une petite marche suffit à créer la limite entre lui et l’espace privé. Selon la tradition japonaise, c’est également ici que nous enlevons nos chaussures. Une fois dans les parties privées, nous remarquons différents niveaux de sols et de plafonds. Le salon est un peu plus bas, le salon japonais est quant à lui quelque peu surélevé. La dynamique du plafond attire l’attention sur le jardin intérieur. Malgré l’espace ouvert, on remarque toujours bien la présence de différents espaces, délimités par ces subtiles différences de niveau.

Il règne dans le jardin intérieur un agréable microclimat: « Il y a ici un mélange d’ombre et de lumière directe du soleil, tout en étant à l’abri du vent. Nous avons également planté ici des vignes qui apporteront de l’ombre en été. Le sol est recouvert de gravier de Carrara qui réfléchit la lumière, ce qui lui permet de pénétrer en profondeur à l’intérieur du bâtiment », nous assure Peter Geraerts.

 

Une ode à la culture japonaise

Tout ce qu’on trouve à l’intérieur est fait en bois. L’unité et la pureté se retrouvent dans le choix des matériaux. « C’est un concept de l’architecture japonaise. Les Japonais ont une très grande affinité avec le bois. Les maisons sont très légères et aérées. Le bois est un élément décisif. Ainsi, Akiko se sent elle aussi chez elle », explique Peter Geraerts. Les fenêtres en bois, les portes en bois, les panneaux intérieurs en bois, isolés avec un isolant en fibres de bois. Le parquet est en chêne européen. À l’exception du sol en poly béton du bureau. « Essentiellement pour des raisons esthétiques. Ça lui donne un air plus professionnel, plus uni, tout en créant un beau contraste avec le bois. » « Les influences viennent d’un peu partout », ajout Peter Geraerts. « Nous avons cherché quelque chose où nous pouvions tous les deux nous sentir bien ». Pour encore renforcer l’atmosphère et les traditions japonaises, un salon japonais a été aménagé – une interprétation moderne du washitsu, y compris les portes coulissantes shoji, le horigotatsu (partie renfoncée pour se réchauffer) et les tapis tatami. Le Japon en Belgique, comme si on y était! « Malheureusement, il fait chez nous bien plus froid qu’au Japon. Il nous faut encore consacrer quelques efforts pour développer une terrasse et un jardin japonais ».

 

Une collaboration qui porte ses fruits

Non seulement la symbiose entre les éléments japonais et belges donnent un résultat épatant, mais la collaboration avec la ville de Genk porte elle aussi de nombreux fruits. « C’est une ville jeune, qui est par conséquent ouverte à l’architecture moderne. Un dialogue positif est donc possible à ce niveau », selon Peter Geraerts. C’est également la vision que partage Cocoon Architecten.

 

Texte: Stéphanie Poppe
Photos: Liesbet Goetschalckx

 

Cocoon Architecten
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