GRAUX & BAEYENS architecten

GRAUX & BAEYENS architecten

Façade provisoire valorisée dans une habitation à double exposition compacte et moderne

 

C’est depuis longtemps devenu une habitude de fermer autant que possible nos façades côté rue, pour des raisons d’intimité. Pour GRAUX & BAEYENS, il s’agit d’une occasion perdue pour créer des relations intéressantes avec le voisinage. Ce projet est un exemple de la manière dont les façades peuvent entrer en dialogue et inciter les résidents à interagir les uns avec les autres. La parcelle où a été construit ce projet faisait partie d’un grand jardin appartenant aux maisons attenantes. Dans le but de pouvoir vendre une partie de ce jardin, celui-ci a été divisé en deux lots, chacun destiné à une future maison de ville. Les services municipaux y ont donné leur accord dans le cadre de la densification et du remplissage, deux thèmes extrêmement actuels. Puisqu’il y a toujours la possibilité qu’un bâtiment soit construit au milieu dans le futur, il fallait prévoir une façade provisoire.

La parcelle adjacente sert toujours de jardin et d’allée au voisin de droite. Elle ne sera donc pas bâtie dans un futur proche. Dans leur projet de nouvelle maison de ville, les architectes GRAUX & BAEYENS ont donc dû tenir compte du fait que cette façade provisoire pourrait en fait le rester très longtemps, sans que l’espace entre les maisons ne soit rempli. Voici ce qu’en dit Koen Baeyens: « Nous avons dessiné le bâtiment en soi en tant que bâtiment semi-ouvert et non pas en tant que simple maison de rue. C’est ce qui explique notre choix de faire de la façade provisoire une partie de la composition de la façade avant. Nous avons donc créé une troisième façade, temporaire ou non. Il ne s’agit donc pas d’une façade aveugle traditionnelle, mais d’un enrichissement paysager pour la rue. D’un autre côté, nous étions bien conscients du fait que cela reste une façade provisoire. Afin de matérialiser ceci, nous avons donc également opté pour un revêtement en ardoises traditionnelles habituelles, que nous avons étendu jusque sur le toit, à l’avant comme à l’arrière ».

Une deuxième intervention importante des architectes GRAUX & BAEYENS a été d’opter pour une maison à double exposition. Les deux façades, avant comme arrière, sont entièrement vitrées. Certainement pas évident pour une façade côté rue. Comme nous l’explique Basile Graux: « Nous trouvons que c’est une plus-value pour une maison de ville moderne de donner la possibilité, si on le souhaite, de rechercher une interaction avec la rue et le quartier. Nous voulions dessiner une maison qui stimule les relations avec le voisinage. C’est pour cette raison que nous avons placé des terrasses aux endroits stratégiques comme la cuisine au rez-de-chaussée et l’espace de vie au premier étage ».

Ces espaces extérieurs ont été aménagés en reculant une partie du plan de la façade, ce qui permet de parquer une voiture sur la bande du jardin avant. On a procédé de même à l’arrière de la maison. Ces façades obliques ont été « redressées » par une paroi centrale en béton, donnant l’impression qu’il s’agit d’une maison entièrement en béton. Les terrasses et auvents ainsi aménagés necontribuent pas seulement à plus d’interaction avec le voisinage, mais aussi à éviter la surexposition aux rayons du soleil. Cette habitation à double exposition répond parfaitement à la demande du client qui est de bénéficier de plus de lumière, de champ de vision et d’interactions non seulement à l’extérieur, mais également à l’intérieur. Le fait de doter la maison d’une cave permet de libérer de la place pour l’entreposage aux autres étages, et d’obtenir un plan entièrement ouvert au rez-de-chaussée comme au premier étage. Cela renforce les relations mutuelles entre les espaces de vie, reliés verticalement entre eux par des ouvertures et des puits de lumière. Dans la cave, mis à part les débarras, on a incorporé un bureau qui a une vue diagonale sur la cuisine. De la sorte, on a toujours une vue diagonale sur le salon, qui baigne dans la lumière et offre des lignes de vue intéressantes dans toutes les directions sur la terrasse avant comme sur l’agréable terrasse arrière. D’après Koen Baeyens: « Habiter au premier étage offre des tas d’avantages. Où c’est possible, nous aimons appliquer cela. On a une belle vue sur les arbres et un agréable espace intérieur où, grâce aux terrasses, on peut souvent et rapidement profiter sans devoir descendre les escaliers ou sans se mouiller. Partout il y a des fenêtres à glissière en bois d’afzelia qui s’ouvrent vers l’extérieur et donc assurent un très bon confort de vie ».

La grande ouverture en forme de triangle est à taille humaine – assez grande pour laisser passer l’escalier, tout en réduisant la distance entre les différents espaces de vie et en limitant ainsi les pertes de volume. À part les toilettes au rez-de-chaussée et quelques armoires en colonne qui assurent une transition naturelle vers la rue, on a donc une maison agréablement ouverte. Là où la ligne oblique et le toit se rejoignent, dans la salle de bain du deuxième étage, les architectes GRAUX & BAEYENS ont décidé d’arrêter le plafond plus tôt, ce qui permet d’obtenir une salle de bain de forme tout à fait classique. Dans le triangle subsistant ici, on a placé un meuble de salle de bain, et l’espace restant libre a été égayé avec des plantes et des jouets pour enfants. C’est également à cet étage qu’on trouve la chambre des parents. Le dernier escalier nous amène enfin au troisième étage, assez flexible pour pouvoir y loger deux chambres d’enfants qui reçoivent la lumière naturelle par des vélux.

Les architectes GRAUX & BAEYENS aiment travailler avec le béton parce qu’il vieillit bien et supporte les imperfections. Mais, pour des raisons budgétaires, il n’est pas toujours possible de construire une maison entièrement en béton, et étant donné qu’une de nos façades est provisoire, cela n’est ici pas non plus nécessaire. Il se limite à quelques éléments structurels tels que les parois avant et arrière qui portent les terrasses et les auvents, ainsi que l’escalier central. Couler cet escalier sur place a constitué un véritable tour de force pour cette pièce essentielle du nouveau bâtiment. Ainsi, selon Basile Graux, « Le côté brut de l’escalier assure un certain cachet, qui contraste avec la finition plus high end des autres matériaux utilisés, comme le parquet en chêne aux étages, le meuble en bois dans la cuisine (qui, tout comme les ouvrages de menuiserie à l’extérieur, a été confectionné en afzelia), le sol en microtopping dans la cuisine et la salle à manger, et les balustrades en acier, identiques à l’intérieur comme à l’extérieur. De cette manière, tous ces matériaux se renforcent mutuellement ».

Entre ces éléments francs en béton, dont seule la face supérieure a été polie après qu’ils aient été coulés, on obtient une maison assez compacte, déployée sur cinq niveaux emboités les uns dans les autres mais – peut-être contre toute attente – toujours conformes aux lois de la logique. On peut en dire autant du jeu opéré avec les différentes lignes, en raison du retrait de la façade. Les architectes GRAUX & BAEYENS y ont consacré dès le départ énormément d’attention pour ne plus devoir y revenir par après. Tous les triangles formés par ce retrait ont été exploités de façon optimale pour faire coïncider toutes ces lignes tout en obtenant un ensemble qui reste simple.

En tant qu’architectes, il est important de prendre position et ce, y compris dans l’histoire du remplissage des façades provisoires. C’est certainement ce qu’ont réalisé les architectes GRAUX & BAEYENS par ce projet. Même s’ils ont créé une plus-value, leur plus grande satisfaction leur viendra du fait que l’interaction espérée avec le voisinage porte ses fruits pour les résidents. Comme le dit Koen Baeyens: « Nous avons abondamment utilisé les terrasses à l’avant. Habiter, c’est entrer en dialogue avec les personnes qui nous entourent. En tant qu’architecte, il est possible de stimuler ceci dans nos projets. En ville, il nous faut vraiment retrouver le dialogue avec le paysage urbain au lieu de nous cacher derrière nos façades. On redonne ainsi de la vie à la rue, avec des voisins qui se connaissent. En tant que créateurs, nous trouvons particulièrement intéressant de pouvoir offrir un grand nombre de tels scénarios à la recherche actuellement en cours d’un habitat urbain moderne ».

 

Texte: Sam Paret
Photos: Dennis De Smet

 

GRAUX & BAEYENS architecten
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