Nadine Buol

Nadine Buol

Faire dialoguer le Liège Office Center avec la gare signée par Santiago Calatrava. Un défi relevé avec brio par Nadine Buol

 

Situé à l’angle de la rue et de la place des Guillemins, le Liège Office Center a voulu tenir compte de l’implantation de la nouvelle gare et se tourner vers elle. Pour que le bâtiment regarde vers la nouvelle gare, il a été pensé en porte-à-faux par rapport à l’alignement des façades existantes. Un point de départ audacieux pour une réflexion intelligente sur un programme mixte établi sur un terrain de 4.653 mètres carrés.

Comme son nom l’indique, la principale finalité du projet est l’implantation de bureaux. L’initiateur du projet, Jean-Marie Leonard, fondateur de Ardent Group, vient trouver Nadine Buol parce qu’elle a gagné des prix d’urbanisme. Son intention, avec un terrain acquis et rassemblé patiemment au fil du temps, est de profiter de la proximité de la gare pour y déployer une mobilité parfaite où les travailleurs viennent en train et à vélo dans un lieu où ils trouveront bien plus que des bureaux. En effet, le projet compte, en plus des espaces bureaux, un hôtel, des appartements, des commerces et 185 places de parking en sous-sol. Un programme qui vient compléter l’offre de la gare où se trouve déjà une crèche et un supermarché. L’idée est dès lors très claire: faire de la situation idéale du terrain l’économie même du projet. Bien sûr la compacité du projet participe, elle aussi, à son économie car plus l’on tire profit d’un terrain, moins on en dépense.

Pour faire coexister ces différentes affectations sur un terrain de près de 5.000 mètres carrés dont le développement en façade demeure proportionnellement assez petit, Nadine Buol nous explique qu’il a fallu travailler en intérieur d’îlot où ont été placées les fonctions les plus calmes à savoir l’hôtel, et ses 102 chambres, ainsi que les douze appartements. Les bureaux, eux, ont un accès depuis la rue des Guillemins et la place des Guillemins. À l’extérieur on trouve ainsi une vaste ouverture de cinq mètres de large sur six de haut qui donne accès à la cour intérieure. Et pour que cet ensemble s’intègre parfaitement à son contexte, à savoir la nouvelle gare des Guillemins, le point fort du bâtiment se constitue de l’angle entièrement vitré et réfléchissant qui se tourne vers la gare en la surplombant légèrement. Cet angle reflète la gare de Calatrava et c’est par le biais de cette réflexion qu’il forme avec elle un ensemble cohérent résolument tourné vers le XXIe siècle et vers la nouveauté.

Avec un lieu constitué essentiellement de bureaux, le danger était d’avoir, le soir venu, un bâtiment mort. Afin d’éviter cet écueil, Jean-Marie Léonard et Nadine Buol ont fait appel au bureau liégeois Radiance pour créer un éclairage dynamique et changeant en fonction du moment de la journée. Le soir, la nuit ou encore l’aube sont chacun dotés d’un éclairage qui anime toutes les façades. L’intérieur de la cour jouit d’un éclairage particulier pour sécuriser les personnes qui doivent se rendre en intérieur d’îlot jusqu’à l’hôtel. Celui-ci étant un Ibis Style, c’est au propriétaire d’en assurer la décoration. Il a choisi le thème de la bande dessinée ce qui donne un aspect sympathique, ludique et bon enfant à l’hôtel qui vient ainsi joyeusement trancher avec la relative austérité des bureaux.

D’entrée de jeu il s’agissait pour ce projet de répondre aux critères BREEAM. L’ensemble des bureaux sera Very Good par rapport aux exigences BREEAM, même si l’hôtel répond aux mêmes critères écologiques et techniques. Les matériaux utilisés restent traditionnels avec une préfabrication béton, des isolants d’épaisseur importante (20 centimètres d’EPS), de la pierre de taille pour les sous-bassements sur deux niveaux, car la pierre de taille résiste parfaitement au temps et à toutes formes d’agressions. Enfin, le crépi isolant donne une touche finale aux façades qui se font légères grâce au choix d’une teinte claire.

Pierre de taille, verre et crépi, le choix des matériaux de façades a volontairement été minimaliste afin de calmer visuellement la lecture de l’ensemble qui sera forcément doté d’enseignes lumineuses et d’autres éléments visuellement « polluants ». Avec un rythme de baies identiques et une teinte décorative claire au niveau des façades, la lecture globale du bâtiment demeure facile et il n’en ressort aucune impression d’oppression. C’est surtout au niveau des techniques spéciales que le projet a été à la pointe: il n’y a pratiquement pas d’autre énergie que les pompes à chaleur et, par ailleurs, des citernes d’eau de pluie ont été installées en sous-sol pour alimenter l’ensemble de sanitaires (toilettes). Le BREEAM rencontre aussi tout ce qui concerne les bornes électriques dans les parkings, les emplacements protégés pour les vélos en quantité et dotés de casiers pour les cyclistes. Mais attention: respecter les critères BREEAM demande parfois aussi des choix. Ainsi si l’éclairage nocturne n’est pas un élément positif au niveau de la consommation ni d’ailleurs pour les insectes ou la pollution lumineuse, il l’est certainement au niveau du sentiment de sécurité qu’il procure. Nadine Buol nous rappelle ici qu’il faut, dans ce type de cas, opérer des choix même si les deux critères restent toujours pris en compte.

Nadine Buol voit dans ce respect des uns et des autres, la base de la réussite du projet. Ici, la satisfaction est globale. Le contact entre Jean-Marie Leonard et les personnes qui gèrent l’immobilier dans le groupe a toujours été piloté par un grand niveau de respect. De quoi faire évoluer sereinement le projet. C’est encore cette excellente collaboration entre Nadine Buol et l’entrepreneur, les services de police, les services de transports en commun qui a permis de régler au mieux l’acheminement des matériaux et la logistique des travaux malgré une situation en plein cœur de la ville. Depuis mars 2020, après cinq ans de mise au point, trois ans de permis et trois autres années de réalisation, tout est fini, loué et le retour des occupants est excellent. Bien que hors échelle par rapport au quartier existant, ce projet n’a généré lors de l’enquête publique que très peu de critiques négatives, celles-ci étant largement compensées par les avis positifs. La nouvelle image du lieu semble convenir à un public sans doute ravi de voir ce quartier nouvellement et joliment affecté.

Texte: Chantal Ernst
Photos: Nadine Buol & Nick Cannaerts

 

Nadine Buol
Avenue de Hony 5 – 4130 Esneux
t. 04 222 04 36
buol.nadine@skynet.be