BAEB

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Au départ: un terrain difficile et un site incohérent constitué d’un dépôt de location de voitures, d’une maison de kots d’étudiants, d’espaces non construits coincés entre deux ponts et des lignes de chemin de fer. À l’arrivée: un immeuble stratégiquement situé à l’entrée de la ville de Namur et au caractère fort offrant 6.000 mètres carrés de surface de bureaux sur 7 étages. Récit d’un chantier
atypique à plus d’un titre.

Le terrain, difficile à construire, a imposé une manière inversée d’aborder les choses
Même si le promoteur Artone a eu la bonne idée d’acheter les talus bordant le terrain permettant ainsi d’élargir la parcelle disponible et de disposer d’une assiette plus large pour le bâtiment, le terrain, coincé entre deux ponts et des lignes de chemin de fer, restait atypique et difficile d’accès. Aussi, le bureau d’architecture a-t-il d’abord dessiné le volume capable pour travailler ensuite par abstraction c’est-à-dire en retirant des morceaux de bâtiment afin d’arriver à cette forme particulière. Emmanuel Bouffioux compare à juste titre cette façon de travailler à celle du tailleur de pierre qui, au départ de son bloc de pierre, le creuse pour en faire un objet. L’avantage de cette approche inversée est d’obtenir un bâtiment très différent selon l’angle de vue. Tantôt vertical, tantôt horizontal, tantôt tout en longueur, cet immeuble surprend à chaque regard.

Un maximum de préfabrication pour faciliter la mise en œuvre
La situation du terrain au milieu des voies de chemin de fer créait des problèmes de placement des grues, de transport du matériel au-dessus des voies de chemin de fer. De plus l’accès à la rue se faisait sur le plus petit côté du terrain. Impossible dès lors d’y concentrer beaucoup de monde ni de prévoir beaucoup de manutention. La construction sur cette parcelle atypique imposait de trouver le système constructif le plus simple possible. C’est ainsi qu’a été privilégié un système comprenant un maximum de préfabrications mises en œuvre hors site. Il s’agit en l’occurrence d’un système de poutres-colonnes préfabriquées, amenées sur site puis montées. Les colonnes sont des colonnes sur trois étages avec des hourdis. Résultat: rien n’a été coulé sur place. Ensuite la même approche a été adoptée pour les façades en aluminium. Il s’agit cette fois d’un système de répétition pour pouvoir préfabriquer les cassettes en dehors du site en vue de simplement les amener et les monter.

Une architecture entièrement contextuelle
On l’aura compris: dans ce projet, c’est bien le contexte qui a véritablement fait émerger les contours du bâtiment. En effet, le processus a été entièrement dicté par la localisation et la difficulté du terrain avec, entre autres, les problèmes acoustiques générés par les vibrations dues à la présence du chemin de fer tout proche. Mais la localisation du terrain c’est aussi, ne l’oublions pas, le fait qu’il s’agit de l’entrée de Namur, à 500 mètres de la gare. Ce sont dès lors ces deux éléments ensemble qui ont donné d’abord une forme volumétrique puis ensuite une manière de l’habiller. À l’intérieur, rien de compliqué pour le studio d’architecture d’Emmanuel Bouffioux puisqu’il s’agit d’un programme de bureaux dont l’aménagement intérieur a été confié à un autre bureau. Ce qui a été livré par le bureau BAEB est une architecture « vide » (chaud, froid, plancher, faux planchers, faux plafonds) qui permet d’y aménager ce que l’on veut. Ceci est d’autant plus vrai que le bâtiment a aussi été pensé pour être occupé soit par un seul utilisateur soit par un voire même deux utilisateurs par étage. Bref, il s’agit d’un bâtiment entièrement conçu pour être modulable à la demande par le futur acquéreur. À cette fin, l’organisation intérieure est assez souple: trois ascenseurs desservent le noyau, un escalier arrive dans un hall à chaque étage pour entrer ensuite dans les surfaces de bureaux ce qui signifie que par étage ou par demi-étage le bâtiment pourrait accueillir plusieurs locataires. Cela étant, l’affectation à des bureaux s’impose assez logiquement vu la situation idéale du bâtiment en termes de mobilité puisqu’il se trouve à deux pas de la gare des trains et des bus.

Un bâtiment basse énergie à toiture verte et équipé des techniques contemporaines de bureaux
Avec un bâtiment très visible depuis la Citadelle de Namur, la ville avait un impératif fort: aucune technique ne pouvait se trouver sur les toitures afin de préserver la vue depuis ce point culminant. Résultat: tous les appareillages de ventilation, groupes de froid, chaudières… se retrouvent en sous-sol. Et en toiture, le lestage privilégié a été celui de la verdure, un choix nettement plus esthétique que celui des graviers.  Fidèle à sa vision circulaire de l’architecture, le bureau BAEB a aussi privilégié la modularité, notamment avec son système de poutres-colonnes et la durabilité dans le temps. Pour atteindre cet objectif, le bureau pense le matériel mis en œuvre en fonction d’une ligne du temps. Bien sûr, dans le bâtiment on retrouve la plupart des techniques contemporaines de bureaux: ventilation forcée dans tout le bâtiment avec double flux et récupération de chaleur, plafonds climatiques chaud-froid pour chauffer ou refroidir le bâtiment quand c’est nécessaire, toutes les façades orientées au sud sont pourvues de pare-soleil qui descendent automatiquement pour éviter la surchauffe, des faux planchers accueillent tout ce qui est informatique…

Un bâtiment esthétiquement réussi qui répond à plusieurs demandes
Vu la localisation du bâtiment, il est assez certain que cet outil, répondant à beaucoup de critères, fonctionnera. Car dans les villes, les alentours des gares font aujourd’hui figure de zones privilégiées. Celui-ci marquera de son esthétique particulière l’entrée de l’hypercentre de Namur. Il y jouera pleinement son rôle de marqueur d’un tout nouveau quartier mixte où les bureaux côtoieront bientôt des kots d’étudiants, des hôtels, des commerces, des appartements…

Texte: Chantal Ernst
Photos: George De Kinder

 

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