Qbrik Architectes

Qbrik Architectes

Créer un bâtiment industriel dans le Parc Ecolys® de Suarlée pour une entreprise familiale sans renier, mais au contraire en perpétuant, l’esprit de trois générations dont le premier centre de torréfaction se situe à la rue de Fer à Namur, telle était la demande, d’apparence simple, de l’entreprise Delahaut. Pourtant, une première particularité venait d’une demande scindée entre deux bureaux d’architecture.

Une succession de bureaux d’architecture plutôt qu’une collaboration
Les associations ne sont pas rares en architecture. Mais ici les interventions des deux bureaux engagés par la société des cafés Delahaut étaient très nettement scindées en deux phases distinctes : le bureau d’architecture Qbrik pour la conception esthétique et architecturale du projet d’une part et d’autre part B-Solution pour la réalisation du chantier, le suivi et la stabilité technique. À cela on peut ajouter encore l’intervention d’El’In et plus particulièrement d’Elise Fossion pour tout l’aménagement intérieur et la décoration du bâtiment.

Une fonction de bâtiment où les acheminements sont déterminants
Dans un bâtiment qui doit contenir un centre de torréfaction, une zone de restauration, un centre de formation, des bureaux et des zones de stockage de grains de café, nombreux sont les acheminements, les transits, les arrivées et les départs pour les ventes en petits et en grands lots. Il faut donc, nous explique Farid Rabia, un des associés du bureau Qbrik et architecte en charge du projet, bien comprendre ces flux afin de créer un bon outil. Aussi a-t-il visité au préalable d’autres centres de torréfaction, notamment, en Flandre. Une manière de prendre correctement la mesure de l’encombrement des machines, de la taille d’un stockage de ce type, des arrivées et des sorties de la marchandise. Sans oublier qu’il fallait aussi répondre de manière rigoureuse aux normes des pompiers car le café est un produit hautement inflammable. Cela implique de nombreuses restrictions.

Un bâtiment construit autour du torréfacteur
Une machine de torréfaction est un outil magnifique à voir, nous confie Farid Rabia. L’idée a donc été, pour ce produit à l’image assez luxueuse, de tout centrer sur la torréfaction, son odeur et le torréfacteur principal. C’est ainsi que le projet s’articule entièrement autour du torréfacteur et de sa cheminée monumentale, visible au premier coup d’œil depuis l‘extérieur comme depuis la partie magasin et restauration et offrant une signalétique forte au bâtiment. Cette mise en avant de l’outil, de la machine de production a donc été véritablement l’axe de conception du projet. Mais il n’y a pas que la vue qui est convoquée dans l’abord de ce bâtiment. L’odorat prolonge et amplifie la perception visuelle du bâtiment.

Un centre de stockage aux allures sobres et raffinées
Un des enjeux de ce bâtiment, certes industriel, était de ne pas avoir le caractère typique d’un bâtiment de stockage car il en allait de l’image du café Delahaut, dans un bâtiment contenant aussi, ne l’oublions pas, des parties restauration et formation. Il s’agissait donc de donner au bâtiment un aspect plus fini que ce que l’on voit habituellement pour les centres de stockage, nous explique Farid Rabia qui précise encore qu’il s’agissait d’atteindre cet objectif dans le cadre d’un budget acceptable cadrant en tout cas avec le budget établi par la société Delahaut. Des choix ont ainsi été fait au niveau des finitions tant intérieures qu’extérieures pour respecter ce budget. L’élégante sobriété recherchée se matérialise dans les deux tonalités du bâtiment : celle neutre et intemporelle du béton et celle évoquant les anciennes machines de torréfaction constituées de nombreux éléments de cuivre.

Une réflexion durable dans le cadre d’un bâtiment industriel
Pour inscrire le bâtiment dans une dynamique de développement durable, les Cafés Delahaut souhaitaient valoriser les ressources endogènes (récupération de chaleur), rechercher des complémentarités avec d’autres entreprises (valorisation des déchets) et intégrer les nouveaux enjeux énergétiques par la réduction de la consommation et l’utilisation rationnelle de l’énergie. Sans oublier sa volonté d’assumer sa responsabilité environnementale. C’est ainsi, nous explique Laurent Dumoulin du bureau B-Solutions, que l’envie initiale était de récupérer la chaleur du torréfacteur. Mais la torréfaction se faisant par boucles de vingt minutes, il était impossible d’avoir un système continu de production de chaleur. Dès lors, l’attention s’est portée sur une série d’éléments permettant cette inscription du bâtiment dans le développement durable.

Se fondre dans le paysage et penser aux extensions futures
Il bénéficie ainsi d’une intégration paysagère et est partiellement encastré dans le terrain pour diminuer son impact sur le paysage. Dans la même idée, la toiture présente une pente douce dans le respect des courbes du niveau du terrain naturel. Le bâtiment jouit également d’une grande flexibilité des espaces c’est-à-dire que la construction est trop grande par rapport aux besoins actuels des cafés Delahaut, mais cela permet d’accueillir éventuellement une entreprise partenaire ou une extension future pour les besoins propres de l’entreprise. Ainsi le second étage du bâtiment peut être donné en location à des entreprises pour des séminaires ou des formations… Mais surtout, l’espace est disponible si l’entreprise Delahaut elle-même a besoin d’extension dans le futur.

Une recherche a également été faite au niveau
de l’apport des calories, notamment pour les bureaux. Une bonne orientation et une bonne implantation des zones vitrées a ainsi été pensée pour permettre d’avoir un apport de calories tout en évitant la surchauffe. Autre volet de cette dynamique : la mobilité alternative avec des accès scindés pour les livraisons d’une part et le personnel et les visiteurs d’autre part, ce qui permet l’installation de bornes de recharge, des parkings drainants, un éclairage des abords assez léger… Cet éclairage tout en discrétion (encore à installer au moment où sont rédigées ces lignes) s’inscrit lui-même dans la recherche de complémentarité et de synergie avec d’autres entreprises voulue par François Delahaut dont le projet de placer des ruches sur la toiture plate ou encore de valoriser le marc de café, matière première pour une entreprise qui développera une culture de champignons.

Une utilisation rationnelle de l’énergie et des matériaux
Si la valorisation des ressources endogènes n’a pas pu se faire directement depuis le torréfacteur, tous les systèmes techniques mis en place pour le chauffage et la ventilation du bâtiment intègrent les nouveaux enjeux énergétiques avec réduction maximale de la consommation d’énergie et son utilisation rationnelle. Voilà pourquoi le bâtiment dispose d’une chaudière au gaz puisque le gaz était nécessaire pour la torréfaction. Les parties réception et formation sont dotées d’un chauffage par le sol pour garder la chaleur proche des gens dans des pièces présentant des grandes hauteurs sous plafond. Même si ces hauteurs ont été calculées pour rester rationnelles. Par ailleurs, le bâtiment est équipé de plusieurs groupes de ventilation scindés en fonction de l’occupation des locaux (un pour le stock et la production et l’autre pour la partie réception et administrative). On a là une récupération de la chaleur interne du bâtiment, une installation double flux… Quant aux matériaux, il s’agit de béton recyclable et d’acier et d’aluminium également recyclables. De plus, le bâtiment s’autorise de montrer les techniques ce qui évite par exemple la mise en œuvre de faux plafond. Terminons cette liste, non exhaustive, en signalant que la structure du toit est prête à accueillir une installation photovoltaïque.

Un outil de travail respectant l’ambiance chaleureuse associée au café
Aujourd’hui, quand on approche le bâtiment et grâce à la position centrale du torréfacteur et de sa cheminée, on retrouve les senteurs de café qui tournent autour du bâtiment avec l’ambiance chaleureuse souhaitée. Même à l’intérieur du bâtiment la signalétique du torréfacteur, cœur battant du bâtiment, fonctionne très bien. Cette signalétique est par ailleurs accentuée par le travail d’Elise Fossion qui a bien retranscrit les tonalités, la chaleur des matériaux… Cet ensemble d’éléments permet d’avoir un outil de travail performant d’une part et d’autre part un immeuble chaleureux évoquant le luxe de l’univers du café.

Texte: Chantal Ernst
Photos: Qbrik Architectes

Qbrik Architectes
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t. 081 72 86 70
www.qbrik.be